C'est étonnant à quel point le temps peut paraître rapide lorsqu'on le souhaite lent.
À quel point les minutes glissent et partent, meurent dans le terrible sentiment que crée l'attente, disparaissent dans le vide qu'est notre tête lorsqu'on s'inquiète, lorsqu'on se pose des questions et qu'on ne cesse de réfléchir, de réfléchir et de réfléchir encore à des choses complétement absurdes , quand on ne peut cesser de toujours se remettre en question. Le ventre noué et la gorge amère, la bouche pâteuse, on attend, on regarde le temps filer, ralentir pendant que notre cœur désorganisé reprend son souffle avant de repartir, faisant se rapprocher à des grandes enjambées un moment qu'on redoute, incroyablement, quelque part, au fond de nous.
Un moment qui, dans mon cas, n'avait rien d'extraordinaire.
Un moment tout à fait banal mais qui, pourtant, donnait naissance en moi à tous ces sentiments, à toute cette nervosité et cette frustration, à toute cette peur qui fige et nous donne des ailes pour fuir. Tous ces sentiments qui ne cessaient de s'emmêler dans mon cœur désamorcé me contrariaient, m'empêchaient d'assister convenablement aux cours, de me concentrer sur les mots prononcés par mes professeurs, par l'agitation habituelle des classes et du lycée.
C'est avec un état de zombie que j'ai passé la matinée.
À ne rien faire, ne rien entendre, devenue sourde et aveugle pendant quelques malheureux instants, mes sens dérobés par ma crainte et par l'approche imminente de l'après-midi, par l'approche imminente de ce sauvetage bêtement et rapidement organisé avec Natsu, organisé pendant pas plus d'une minute, avec quelques mots rapidement échangés et des regards facilement détournés, dans ce bus rempli de monde neutre ou bouleversé.
J'ignore encore comment il a fait pour me convaincre de le laisser m'accompagner, moi qui étais si réticente et dégoûtée à l'idée de le laisser jouer les héros. Comment est-il arrivé à me convaincre de le laisser venir, de le laisser me montrer le chemin avec deux autres de ses amis afin de sauver Levy. Comment des mots si simples et rapidement prononcés peuvent avoir autant de pouvoir ?
Je baisse la tête, marchant dans les couloirs bondés, dans les couloirs bruyants, dans ces couloirs où nombre de personnes se bousculent et s'interpellent, fixe mes doigts, réfléchis sans vraiment le faire. Restant simplement ainsi, marchant machinalement, ayant une vague idée de la direction à prendre et restant avec le regard perdu dans un vide absolu. Quelque part, je songe à la solitude que je ressens, en cet instant précis, je songe à cette solitude, doublée par la culpabilité, qui m'écrase de tout son poids et m'étouffe, je songe à l'absence de ma meilleure amie, au bouleversement que cela crée dans mon esprit déjà tordu.
Je soupire.
Relève la tête puis me fige.
Quelqu'un vient de toucher mon bras, lentement et subtilement, me tirant en arrière légèrement.
Sans rien comprendre, je me retrouvais devant un regard bleu et lumineux, un regard inquiet et souriant, devant une personne dont le fin visage était encadré par des belles boucles brunes, dont l'air hautain et supérieur qu'elle avait l'habitude d'afficher venait brusquement de s'évanouir.
La fille se tenant devant moi esquisse un sourire.
Visiblement concernée par moi.
Visiblement inquiète.
-Lucy... c'est ça ?, commence-t-elle doucement. Qu'est-ce qui ne va pas ? Tu as l'air tellement... inquiète, aujourd'hui !
Je fronce les sourcils, ouvre la bouche,
Et restais muette, muette par la surprise qui gonflait dans ma poitrine et m'avait enlevé la voix. Me demandant comment et pourquoi cette fille dont j'ignorais même le nom, n'ayant été dans sa classe que pendant deux petits jours, sentait soudainement ce subtil besoin de venir me réconforter. Comment diable avait-elle fait pour deviner mon tracas ?
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À La Croisée Des Chemins
FanfictionC'est étrange, cette façon que le hasard a de mettre des personnes sur notre route. Les rencontres qu'on fait en étant au bon endroit, au bon moment. Étrange à quel point nos chemins se croisent et se recroisent, et que les amitiés affluent, le coeu...