Nous sortons en trombe de la petite chambre.
Pour nous figer aussitôt.
Incapables de bouger, de lever le petit pouce pour participer ou arrêter le spectacle qui se jouait juste sous nos regards effarés. Il m'avait fallu d'ailleurs un petit moment pour comprendre, pour saisir et pour dompter la réalité que mes yeux me renvoyaient. Il m'avait fallu un moment pour que je comprenne que ce mélange de couleurs et de corps, ce mélange qui grognait et ne cessait de bouger frénétiquement étaient constitués de Gray et Gajil, dont les visages étaient rouges de colère, et des hommes de main Nick qui avaient envahi la maison juste avant que la partie ne commence. Les amis de Natsu étaient cloués au sol, fermement maintenus par les brutes, dont les regards brillaient d'une méchanceté et une cruauté sans faille.
Natsu fut plus réceptif que moi.
Alors que je restais encore figée, incapable de bouger, de respirer ou de comprendre, mon sang m'ayant quitté et l'effroi m'ayant tuée, je le vis, du coin de l'œil, à peine, juste quelque secondes mais je le vis accourir, je vis ses traits se déformer et son sourire, ce détestable sourire séducteur qu'il affichait en permanence s'effacer, je vis ses sourcils se froncer alors qu'il fendait dans la foule et qu'il commençait à distribuer des coups de poing à droite ou à gauche, se débattant telle une furie alors qu'il se faisait lentement submergé par la dizaine d'hommes, criant, hurlant, donnant des coups de pieds en se battant comme un vrai diable.
Je ne pouvais toujours pas bouger.
Je ne pouvais toujours pas bouger, alors que le monde se fissurait et éclatait, alors que je vis des gouttelettes de sang gicler, alors que je vis leurs regards effarés et leurs visages se défigurer, petit à petit, se peindre de bleus affreux, je les vis se battre, je les vis donner tout ce qu'ils avaient dans le ventre, je les vis, je les vis, je les vis, mais toujours sans rien faire pour les aider, mon impuissance me suffoquant et m'écrasant contre ce sol décrépit. Ils se battaient pour moi, ils se battaient pour cette amitié que j'avais pour Levy, ils se battaient parce que j'avais insisté, parce que je n'avais pas pu savoir dans quels draps Levy s'était retrouvée alors que je pretendais être sa meilleure amie, ils étaient en train de subir ces coups pour moi et pour moi seule. Et je n'étais même pas capable de bouger.
Ma lèvre inférieure trembla.
Quelqu'un cloua Natsu sur le mur, lui enserrant la gorge, l'étranglant alors qu'il continuait de se débattre.
Nick riait aux éclats.
Soudain, une autre personne déboucha dans le couloir, effrayée, ses grands yeux bruns hébétés se tournaient vers moi et me posaient mille et une questions muettes. Levy était là, les joues rouges et des larmes coulant sur sa peau brûlante, elle était là et semblait affolée, attristée, terrifiée par la bagarre qui était en train de se dérouler sous nos yeux.
Je reçus une claque.
Comme si je venais de me réveiller d'un rêve profond et cauchemardesque, je sursautais et reculais, tremblais, mon regard voletant dans le salon à a recherche d'Une issue, d'une solution miracle, d'une aide, de quelqu'un, de quelque chose, quelque chose qui m'aiderait à agir. Je vis le tapis se colorer de rouge et les murs se peindre de gouttelettes sombres, je vis le bleu s'épanouir et la lueur argenté du loup m'aveugler, je vis tant et pourtant si peu de choses et je sentis, je sentis mon corps, je sentis mes jambes, je me sentis faire un pas, je me sentis reculer, mon bras se lever et attraper Levy, sourde au glapissement qui franchit ses lèvres, j'ouvris une porte et la poussais dans la même chambre qui nous avait retenus prisonniers un peu plus tôt, Natsu, ma meilleure amie et moi.
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À La Croisée Des Chemins
FanfictionC'est étrange, cette façon que le hasard a de mettre des personnes sur notre route. Les rencontres qu'on fait en étant au bon endroit, au bon moment. Étrange à quel point nos chemins se croisent et se recroisent, et que les amitiés affluent, le coeu...