One way in, no way out

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     Je n'en revenais pas. J'étais stupéfaite, surprise, abasourdie même. Mr Fanzu était appuyé contre son bureau et tenait Aliya dans ses bras. Il était en face de moi et elle me donnait dos. À un moment je pensai à faire demi-tour, mais ce que je voyais me choquais au plus profond de mon être. Je ne suis pas le genre de personne qui juge les autres mais ce n'était pas non plus le lieu approprié pour batifoller.

    Mr Fanzu remarqua finalement ma présence. En fait, je crois qu'il savait que j'étais là dès le moment de mon arrivée. Il me semblait guère perturbé. Il me fixait en souriant.

-Que puis-je faire pour vous Mlle Tsaiko?-me demanda t-il.

      À ce moment, Aliya se retourna dans ma ditection. Là je réalisai avec soulagement qu'il ne s'agissait pas d'elle; ce n'était même pas une élève de l'établissement puisqu'elle ne portait pas d'uniforme. Pourtant j'en aurais mis ma main au feu. Elle avait les mêmes cheveux, la même physionomie et même la coiffure exacte de cette fille.

-Tu vas continuai à me dévisager comme ça encore longtemps?-m'adressa t-elle sur un ton trop arrogant à mon goût.

     Je la toisai du regard et l'ignorai complètement puis je me dirigeai vers Nessy. Nessy était une boîte dans laquelle Mr Fanzu exigeait que nous rangions nos portables avant chaque évaluation. C'était, à ses dires, un moyen de limiter le taux de tricherie.

     Je regardai au fond de la boîte. Il n'y avait strictement rien à part un stupide smiley "XD" dessiné sur le carton. J'étais de plus en plus inquiète. Mon coeur battait plus vite que jamais. J'analysai au peigne fin dans ma tête, les moindres recoins où j'aurais pu oublier mon cellulaire.

     Au bout d'une heure et demi durant laquelle je n'avais pas arrêté de me faire un sang d'ancre, j'abandonnai les recherches et me résignai à l'idée qu'on m'avait bel et bien volé mon téléphone.

   J'allai m'asseoir sur une table à la cafétéria. Ils étaient sur le point de fermer. Je sortis de ma boîte lunch, l'un des 2 sandwichs au thon qui me restait. Je les avais fait moi-même: fromage, mayo, jambons, tomates, salades et bien entendu du thon. C'était trop bon! Je prenais de petites bouchées que je machais longuement pour faire durer le plaisir. Ça me faisait des vacances.

    Ryūji vint me rejoindre. Il me fit un rapide bilan de ce que j'avais râté de la réunion. Jusqu'à présent ils étaient tous pour l'idée de Sébastien.

    Je ne l'écoutais plus parler. Je posai ma tête sur son épaule et continuai à manger mon casse-croûte. J'entendis son ventre gargouiller.

-Tu as faim?

-Pas du tout.-répondit-il sur un ton très peu convainquant.

    Je lui tendis le dernier sandwich qui me restait.

-Au thon!-lui dis-je. Avec les compliments du chef! Tu aimes?

-Ma parole! Tu es un véritable cordon bleu.

-Mytho va!

    Une femme assez jeune s'avança vers nous. Elle portait l'uniforme du personnel de service de la cafétéria. Elle nous annonça gentiment qu'ils devaient fermer et que nous devions partir. Nous ne nous fîmes pas prier et nous quittâmes les lieux.

    Il était temps que lui et moi rentrions chez nous. Il me prêta son téléphone pour que j'appelle mes parents. J'appellai mon père. Du moins... J'essayai. Il ne décrochait pas. Ni lui, ni ma mère, ni même même mon frère. Je décidai d'appeller Mikhail. Je connaissais son numéro mais il me manquait un chiffre. J'avais 10 combinaisons possible: 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, et 9. C'était obligatoirement l'un de ces nombres. Après avoir essayé 4 fois sans résultat, le chiffre 5 était le bon. J'avais reconnu sa voix.

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