Cinquième chapitre ~ Tatiana Roberts

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« - Dites, est-ce que quelqu'un a une brosse, s'il vous plaît ? demanda une brune pulpeuse aux filles qui étaient dans son vestiaire. Ma chevelure est emmêlée et je n'peux pas trop me montrer comme ça... ma mère va encore piquer une crise. »

Une rousse lui tendit un peigne rose bonbon et la jeune fille la remercia chaleureusement avant de se mettre à démêler sa crinière en grimaçant. Elle portait toujours les survêtements qu'elle avait utilisé pour son cours d'éducation physique, leur séance avait été à propos de l'athlétisme, chose que la jeune fille détestait le plus. Elle n'avait jamais été endurante, Tatiana. Ses parents l'avaient appelée ainsi pour se remémorer de l'héroïne de la famille qui s'était battue lors de la Révolution Française, avant que sa famille n'émigre en Angleterre. Et, toujours en rigolant, Tatiana n'arrêtait pas de dire que son ancêtre ne devait, elle non plus, pas être très endurante car elle se fit tuer.

Tatiana soupira en pensant au fait que sa mère devait l'attendre dans sa Range Rover. La famille Roberts était plutôt aisée et comme ses amis le diraient, ses parents avaient pris la grosse tête. Ça, la jeune fille ne le supportait pas. Toujours à se sentir supérieur aux autres, tout ce que ses parents faisaient, c'était surtout de lui faire honte. Et puis, elle était obligée d'être parfaite pour montrer au monde que la famille Roberts était sans faille. Cours de piano, de harpe, de théâtre pour se sentir à l'aise en société, de salsa et de dessin. Tout ça, en plus des devoirs donnés par l'école et Tatiana devait exceller en tout. C'était fatiguant.

Avec un sourire, elle redonna le peigne rose à la rouquine qui lui avait gentiment prêté et se rappela de la première fois qu'elle avait eu cours de sport dans cette école. Tatiana n'avait pas pensé à se coiffer et sa mère avait piqué une crise pendant plusieurs semaines, son téléphone portable avait été confisqué. « Une Roberts ne se montre pas ainsi en public, » s'était-elle exclamée. « Et surtout pas avec un énergumène de cette sorte. » Elle avait pointé alors le brun qui l'accompagnait. Et ça, Tatiana ne lui avait jamais pardonné. Samuel était un excellent ami mais il était très susceptible. Il avait mis deux semaines pour lui parler à nouveau, et encore, c'était pour lui demander une gomme. En pensant aux yeux de Samuel, les battements de l'organe vital de la jeune brune s'accélérèrent. Un petit sourire s'immisça sur ses lèvres et elle retira son jogging gris pour enfiler son pantalon. Tatiana était en retard et sa mère allait la tuer, mais elle n'avait pas peur. Sa mère ne pouvait pas l'engueuler devant tout le monde, cela nuirait à son image.

Une fois son sac de sport bouclé et ses cheveux coiffés, la jeune fille envoya un signe d'au revoir à ses amies et sortit du vestiaire des filles. Elle soupira en constatant que Samuel n'était pas là. Depuis qu'il avait rencontré Louise, cette jeune blonde un peu trop timide, il ne passait plus de temps avec elle. Et pourtant, Tatiana avait tout essayé pour le retenir mais il s'éloignait trop, l'oubliait. Et ça la faisait souffrir. Surtout qu'elle était certaine qu'il l'appréciait, avant. Elle était à présent perdue. La belle peau caramel de son ami lui manquait, son rire grave, ses yeux chaleureux... tout lui manquait. Et, grâce à lui, elle n'avait pas perdu la tête à cause de sa famille. À présent, elle se sentait seule, meurtrie et abandonnée. Elle avait essayé de lui parler, de lui faire comprendre la souffrance qu'il lui imposait. Mais il ne l'écoutait plus.

Avec une lenteur exagérée pour ne pas arriver trop vite au parking de son lycée, la tête baissée, Tatiana Roberts s'efforçait de chasser Samuel de son esprit. Puis, quelqu'un la bouscula. Elle se retourna, agacée, et constata que c'était la nouvelle en première année. Cobarde lui souffla un « désolée » et déguerpit sans demander son reste. La jeune Tatiana la regarda s'éloigner avec tristesse. Beaucoup de personnes n'arrêtaient pas de se moquer de cette petite suédoise – c'était vrai qu'elle était petite, hein.

« - Tatiana, qu'est-ce que tu fais pour t'attarder ainsi ? s'exclama la voix de sa mère. »

L'attention de la jeune fille se détourna de Rowena et elle trotta jusqu'à la Range Rover de sa mère, la tête baissée.



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