Bartholomew porta une nouvelle fois sa cigarette à sa bouche alors que la cour était vide. Il était seul et cela n'était pas si déplaisant que certaines personnes auraient pu le croire. Il en avait marre de tout, même de Carmen, sa petite amie qui était beaucoup trop bavarde. Elle ne cessait de parler de choses scientifiques, de recherches et de solutions à la disparition des abeilles, et Bart n'en pouvait plus. Certes, Carmen pouvait être adorable et très gentille, mais il n'était pas tombé amoureux de la jeune fille qui piaillait tout le temps. Il soupira une nouvelle fois et expira la fumée de ses poumons. Si sa copine avait été là, elle aurait crié que fumer allait nuire à sa santé, mais Bartholomew en avait besoin et ça, Carmen ne le comprenait pas.
Le vent souffla dans ses cheveux blonds, et il frissonna légèrement. Aujourd'hui, son professeur de physique n'était pas là et au lieu d'aller au CDI ou en permanence, ou même dans le parc comme les autres élèves, Bartholomew avait décidé d'errer seul dans la cour pour fumer un peu et se détendre. Se détendre. Voilà une éternité qu'il ne s'était pas détendu. Ses problèmes l'avaient envahi et il ne pouvait rien faire pour les stopper. Ses joues s'étaient creusées, ses yeux brillaient moins. Quant à sa peau, des nouveaux tatouages s'étaient rajoutés aux anciens, et il avait multiplié par deux sa consommation de cigarettes. Donc non, il n'allait pas très bien. Et personne ne pouvait rien y faire, pas même Carmen. Pourtant, il y avait cru, à ça, que sa petite amie allait réussir à lui faire sortir la tête de l'eau. Stupide mensonge.
Il cracha à nouveau la fumée inspirée, et se rendit compte que sa cigarette s'était terminée alors qu'il s'était perdu dans ses pensées. Bart grogna légèrement et écrasa de ses doigts fins le bout, puis jeta la cigarette dans la poubelle la plus proche. La brûlure ne se fit presque pas sentir, après tout, il faisait froid en octobre, non ? Un peu de chaleur ne lui ferait que du bien. Bartholomew s'adossa au mur beige de la cour qui était derrière lui et posa ses prunelles bleues sur un pigeon qui passait par là. À part cet animal, rien ne bougeait dans la cour, tout était silencieux. Le jeune garçon pouvait voir par la fenêtre des élèves travailler, des salles de classe étant visibles d'ici.
Puis, un claquement de porte attira son attention. Il porta tout de suite son regard sur la personne qui traversait la cour à grands pas, à la hâte. Il ne voyait pas très bien. Cette silhouette semblait vouloir fermer le manteau vert qu'elle portait mais comme ses enjambées étaient trop grandes, elle n'y arrivait pas. Lorsque la personne fut arrivée vers le milieu de la grande cour, Bartholomew put distinguer des cheveux coupés au carré et un sac à dos bordeaux. Il pinça légèrement ses lèvres, ne quittant pas cette distraction qui l'enlevait un peu de ses minutes de solitude. C'était sans doute cette Rowena, la nouvelle dont tout le monde parlait. Bart ne l'avait jamais encore vraiment vue, car lui était en dernière année, tandis que cette Cobarde, comme était son surnom, était en première année. Elle était petite, Rowena, ne devant pas dépasser les un mètre soixante et sa peau semblait légèrement olivâtre.
Et Bart la trouva mignonne. Pas belle, ni canon comme Carmen, juste mignonne. Il ne voyait pas en détail son visage, alors il ne pouvait pas trop dire quoi que ce soit. Mais à l'attitude de cette jeune fille, il pouvait dire qu'elle ne méritait pas forcément son surnom. Certes, ses yeux regardaient le sol, mais sa tête n'était pas baissée comme si elle voulait caresser le béton. Et puis, Rowena avait cette aura mystérieuse qui l'intrigua un petit peu. Bartholomew la regarda traverser la cour pour se rendre dans le local de arts plastiques de première année sans la quitter des yeux. La fourrure de son manteau vert lui rappelait un lion et ça le faisait légèrement sourire. Lorsqu'elle entra dans le bâtiment, il reposa ses prunelles bleutées sur le pigeon qui restait toujours sous l'arbre.
Pendant quelques secondes, Bartholomew s'était sorti de sa morosité.
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Cobarde ✓
KurzgeschichtenCobarde. C'était le surnom que les élèves de la petite ville de Heardcore avaient attribué à Rowena, la nouvelle venue de Suède. Parce qu'elle ne parlait jamais. Parce qu'elle fuyait le regard de tout le monde. Parce qu'elle préférait éviter tout ge...