« - Qu'est-c'que tu veux faire, chérie ? demanda un garçon à sa copine, qui ferma son casier d'un coup sec. Tu es sûre que tu veux aller en cours d'anglais ?
- Ouais, y'a Cobarde qui y est et la prof va encore vouloir l'interroger. Je ne veux pas rater ça. »
La jeune fille claqua ses talons sur le sol et son copain se plia à sa volonté. D'un geste mécanique, il prit la main d'Amber et la tira vers lui alors que deux garçons les regardaient avec une lueur étrange dans leurs prunelles. Amber secoua sa tignasse couleur blond vénitien et commença à marcher, un petit sourire moqueur sur le coin de ses lèvres. Aujourd'hui, elle était de bonne humeur. Ses parents avaient accepté de lui acheter un chaton. Elle l'imaginait déjà tigré, nommé Lady, câlin et affectueux. Que ses parents lui achètent des choses étaient assez rare car contrairement à ce qu'elle clamait, sa famille n'était pas très riche. Mais ça, elle ne l'avouerait jamais à voix haute. Déjà que le penser était difficile, comment expliquer à ses amis qu'elle n'était pas si riche que cela, après tout ? Amber voulait remplir tous les clichés. Elle était belle, adulée et populaire, et faisait semblant d'être riche. Cela lui suffisait.
Son copain se nommait Theodore. Et il était une grande fierté, pour elle. Amber avait dû attendre six mois et trois jours, amoureuse de lui, à essayer de le séduire. À part quand il était sorti avec cette fille, là, Océane. La jeune fille avait quand même des principes et s'en prendre à un mec déjà pris ne figurait pas dans sa liste de choses à faire. Certes, Amber pouvait être une vraie garce mais elle avait des limites, pas comme Océane qui n'avait aucun scrupule. Theodore s'en était rapidement rendu compte et avait mis fin à leur relation après trois semaines, à la plus grande joie de la jeune Peroxyde. Précisément douze jours après cette rupture, elle avait avoué ses sentiments à Theodore, qui lui avait répondu une phrase originale, comme lui : « Fais-moi tomber amoureux de toi. » Et elle avait relevé le défi. Elle avait mis trois mois pour le séduire dans les normes et à présent, il était sien. Rien que cette idée la faisait sourire.
« - Je ne vois pas pourquoi vous tenez tant à appeler cette Rowena 'Cobarde', répliqua alors son copain tandis qu'ils déambulaient tous les deux dans les couloirs à la recherche de la salle de cours où ils devaient se rendre. Ce n'est pas amusant.
- Parfois, je te trouve trop gentil, s'exclama Amber en souriant. Attends, elle est trop bizarre, c'te fille ! Allons, tu n'es même pas tenté de l'appeler Strange Girl ? Non, tu as raison. Cobarde, c'est mieux. »
Theodore soupira et retira sa main de l'emprise de sa copine. Amber pouvait facilement voir de la déception sur son visage, mais n'y prêta pas attention. Même son copain ne pouvait pas la changer, elle aimait parfois, pas tout le temps, rabaisser des personnes. Ça l'aidait à se sentir importante dans la société. Et ça, ça comptait énormément pour sa santé mentale. Parce que entendre sa mère et sa petite sœur crier qu'il n'y avait plus d'argent à la maison et voir son père pester à cause des impôts, ce n'était pas très stimulant. Et ce stimulant, c'était Cobarde. Amber ne pouvait s'empêcher d'avoir pitié de cette suédoise, elle était presque pathétique. Elle aurait pu facilement se faire accepter, car Rowena était jolie. Certes, c'était dégueulasse à entendre, mais la société d'aujourd'hui marchait ainsi. Du moins, c'était ce qu'Amber pensait.
Mais cette Cobarde était lâche et la jeune blonde n'y pouvait rien. Elle avait choisi son camp, être amie avec une fille aussi pathétique ne la tentait même pas. Rien qu'à penser à la tête de Rowena lorsque des personnes lui parlaient la fit ricaner et son copain soupira une nouvelle fois. Une fois arrivés à la salle numéro quatre cent quatre-vingt-sept, Amber et Theodore remarquèrent qu'ils étaient en retard. Son copain toqua et ils entrèrent avec nonchalance dans la classe sous le regard effaré de leur professeur.
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Cobarde ✓
NouvellesCobarde. C'était le surnom que les élèves de la petite ville de Heardcore avaient attribué à Rowena, la nouvelle venue de Suède. Parce qu'elle ne parlait jamais. Parce qu'elle fuyait le regard de tout le monde. Parce qu'elle préférait éviter tout ge...