Let me forget...

Chapitre 10: Harry

"Ma voix résonnera peut-être dans tous les stores, mais cela ne change rien au fait que, sans toi, je suis mort..."~ Harry Styles

Je me demande ce qui m'a pris. Non vraiment, je me demande qu'est ce que je suis venu faire ici... J'adore la musique. Je ne peux pas le nier. Mais ce monde n'est pas pour moi. Ce n'est pas la place que je dois occuper. Non. Je devrais être avec toi. Et de toute évidence ce n'est pas le cas. Comment Ed a-t-il réussi à me convaincre de tenter le coup? Comment ai-je pu être suffisamment stupide pour accepter de le suivre dans son délire? Je ne sais pas. Et je ne le saurai probablement jamais... Toujours est-il que je me retrouve assis dans une salle d'attente gigantesque pour rencontrer je ne sais qui, qui me fera passer je ne sais quels tests. Le tic-tac de l'horloge (elle aussi gigantesque) fixée au mur est un peu stressant. Non c'est un mensonge, il n'est pas seulement "un peu" stressant. Il l'est complètement. J'ai d'ailleurs très envie de la décrocher pour la balancer par la baie vitrée complètement démesurée pour que ce bruit cesse. Tu te doutes que je ne vais pas le faire, je sais. Mais laisse moi te donner les raisons de ce sang froid que je m'efforce de garder: premièrement l'horloge doit coûter extrêmement cher. Plus que je ne gagnerai jamais dans ma misérable petite vie si tu veux mon avis... Et deuxièmement la baie-vitrée doit valoir encore deux fois plus. Voir plus encore. Ce n'est donc pas parce que je suis sérieux et réfléchi que je ne bouge pas de ma chaise, mais bien à cause d'une raison purement matériel et donc extérieure à ma volonté.

-Monsieur Harry Edward Styles?

Une secrétaire fait son apparition dans l'immense salle, mettant fin à ma solitude. Je ne vais pas te la décrire, comme n'importe qui d'autre le ferait. Parce que je ne la détaille pas, et aussi parce que tu t'en fous. C'est ça d'être gay...

-C'est bien moi.

Je me lève. Elle par contre s'arrête un instant pour m'analyser. Tout y passe, elle me parcourt du regard de la tête au pied. C'est déstabilisant je te l'accorde...

-Mmhh... Monsieur Cowell vous attend dans son bureau.

Ravi de l'apprendre. Je ne sais pas qui sait. Et je sais encore moins où se trouve son bureau. J'aime son sens de la précision. Je suppose que je suis censé deviner le lieu de cette rencontre à venir..

-Au fond du couloir, quatrième et avant-dernière porte sur la gauche. Ne soyez pas en retard il n'a pas de temps à perdre.

C'est tellement encourageant comme début. Quelle sympathie, je suis touché. Peut-être devrais-je l'inviter pour un brunch l'un de ces quatre!
Tu me diras que je ne suis pas là pour me faire des amis. C'est vrai. Je suis là pour rien de toute façon. C'était une erreur de venir, je l'ai toujours su. Pourtant je prends la direction qu'elle m'indique de son index sans broncher. La secrétaire disparaît aussitôt de mon champs de vision, sûrement affairée ailleurs. Le couloir est encore plus long que ce que je m'imaginais. Je ne pensais pas qu'un bâtiment pouvait être aussi vaste. J'aurais dû m'en douter en voyant l'extérieur... J'arrive enfin devant la porte numéro 4. Le nom de "Simon Cowell, directeur de l'agence" est écrit sur une petite pancarte en or à côté de celle-ci. C'est étrange d'exposer autant sa richesse. Ça fait hautain, je déteste ça. J'hésite à toquer. La chose la plus raisonnable à faire à l'instant précis et de partir le plus loin possible de ce bureau. De ce couloir. De cette salle d'attente. De cet immeuble. De tout. Mais aujourd'hui encore, je ne suis pas d'humeur à être raisonnable...

-Entrez!

Je sens que j'ai fait l'erreur de ma vie en tapant à cette porte. Non pardon, l'erreur de ma vie c'était de te quitter.

-Bonjour..

-Tu es Harry Styles c'est ça?

J'aime la vitesse à laquelle il est passe du vouvoiement au tutoiement. Je ne mérite probablement son respect. Ça doit être ça...