Allya

Allya apporte des fruits

La fête de Mayr, dédiée à la fin des moissons, revient chaque année mais celle-ci est particulièrement pleine de symboles. Le royaume voisin s'apprête à nous attaquer et nous n'avons pas la force nécessaire pour le stopper. Par conséquent cette fête sera probablement la dernière avant longtemps et les anciens ont donc décidé qu'elle devait être mémorable.
Ainsi tout le monde la prépare depuis des semaines.
La porte de la ferme s'ouvre pour laisser place à mon père, il est fourbu d'avoir passé une partie de la nuit et du matin à récolter les fruits que nous allons emmener au village aussi accueille t-il avec plaisir la tasse de café que je lui tends.
- Merci Allya ! As-tu nourri le cheval ?
J'acquiesce.
- Et les chiens ?
Aussi, comme chaque jour, mais il me pose la question quotidiennement. Il s'inquiète également de savoir si j'ai bien suivi mes cours, lavé mon linge, fait mes exercices de magie, vu mes amies, joué de la harpe. Depuis que ma sœur aînée s'est mariée et a quitté la maison pour aller vivre au village avec son maréchal-ferrant de mari il ne me lâche plus. Non qu'il soit collant mais il a toujours peur que je manque d'attention.
- J'ai tout fait père, comme d'habitude.
- Oui je le sais bien, mais je ne peux m'empêcher de me faire du souci pour toi. Confesse t-il entre deux gorgées brûlantes.
Je ne lui en tient pas rigueur, il vieillit et ne pense pas à mal. Mais j'aimerais tout de même un peu plus de confiance. Ce n'est pas trop demander non ?

La pause terminée nous rejoignons le village, les bras chargés de fruits fraîchement cueillis, la participation de la ferme à la fête. Chaque paysan des environs a apporté sa spécialité, de fait toutes les richesses de Mayr sont là.
Je vois Mia, ma sœur, courant après son aîné, un garnement qui ira loin. Je les rejoins non sans avoir déposé mon panier et l'aide à tenir toute sa marmaille.
- Merci Allya.
Elle est sacrément soulagée de me voir, les grands sont vifs et elle est grosse du cinquième, encore un garçon d'après ma vieille guérisseuse. Son mari est ravi mais je sais que Mia voudrait une fille, ne serait ce que pour change un peu.
- Tu restes avec nous ?
- Non je retourne à la ferme, il reste des paniers.

Papa avait offert leur journée à ses ouvriers, certains étaient quand même venus aider mais pas tous. Je pars donc pour la maison. Il y a six bons kilomètres, soit presque une heure de marche, mais le temps est au beau fixe. Je serai de retour pour le début du banquet.
Je suis presque à la maison lorsque je les vois traverser le ciel, une nuée de dragons passe au dessus de moi, en direction du village.
Ils vont attaquer, je commence à courir en sens inverse mais je m'arrête aussitôt, ils arriveront bien avant moi. Je retourne vers la ferme pour y récupérer des bandages et tout ce qui pourrait être utile.
C'est alors que je le vois. L'un d'eux a quitté la nuée et plonge en piqué vers la ferme.
Le dragon ouvre sa gueule noire et crache un jet de flammes sur le bâtiment principal qui s'embrase immédiatement.
Je hurle de peur. Grave erreur, il m'a repérée.