Allya

Xyrus a froid

L'air de rien, la régénération consomme pas mal d'énergie. La marche à travers les bois aussi, et dire que nous ne sommes pas encore arrivé en bas des montagnes.

Allya me suit, en silence, modulo les gémissements et autres cris lorsque nous avons glissé le long d'une colline. Et forcément en bas, il y avait un ruisseau.

Nous voilà trempés, couverts de verdure et de boue. Il y a des jours où je n'aime pas être humain. Je me relève en grognant et je commence à remonter la pente.

- Il va falloir que l'on se dépêche de trouver un abri pour la nuit, et cela va être galère pour faire du feu. En temps normal je l'aurais craché mais je ne peux pas encore, ça devrait être bon demain mais il y a moyen que l'on meurt de froid si l'on reste trempés donc, eh ! Tu m'écoutes ?

Elle a disparu, je regarde un peu autour de moi et je la retrouve sans problème, assise au milieu du ruisseau, en train de l'alimenter avec ses larmes. Pourquoi ai-je une conscience ? Pourquoi ? Les pleureuses n'ont jamais été mon type de filles. Je lève les bras et les yeux au ciel pour invoquer un peu d'aide puis je redescends la chercher. Ses longs cheveux blonds trempent dans l'eau et s'accrochent aux branches flottantes, c'est une manière originale de récolter du bois.

- Tu sais, l'eau est déjà mouillée, pas la peine d'en rajouter.

Elle sourit, c'est déjà un bon point. Elle lève un bras et me tend une main que je saisis avant de l'aider à se relever. Sa robe est tellement sale et en lambeaux que je ne suis pas sûre qu'elle ait été propre un jour. Un bout de sa jambe qui dépasse me rappelle que le tissu qui le cachait est à présent autour de mon ventre. Elle remarque que je l'observe et dissimule rapidement sa chair comme elle peut en attachant deux lambeaux ensemble.

- Allons chercher une grotte et faire un peu de feu. Ce serait le comble pour un dragon de mourir de froid.

- Il n'y a pas de dragons des glaces ? Me demande t-elle en faisant gentiment référence à ces mécréants.

- Si, ils nous ont attaqué le siècle dernier, ils ont gelé la nurserie et tué la majorité des petits présents. Ce qui fait de moi l'un des rares survivants de ma génération. Quand on trouvera leur repaire je t'assure que ça va barder.

- Je suis désolée.

Et la revoilà à pleurer, de compassion cette fois. Cette sorcière est bizarre au possible.

- Pourquoi pleures-tu ? C'était des dragons comme ceux qui ont tué ta famille. Tu devrais être heureuse, et tu devrais essayer de me tuer d'ailleurs.

Elle me dévisage comme si je ne comprenais rien à rien.

- C'était des enfants, personne ne peut souhaiter la mort d'enfants ! C'est tellement horrible.

Moui, elle est bien trop humaine celle-là.

- Allez on bouge.