Avalanche

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Ce périple est une course vers la mort. J'aimerais faire comme l'ours et hiberner jusqu'à ce que les choses se calment mais nous partons. Xyrus semble savoir où il va, c'est déjà une bonne chose, si seulement il pouvait faire moins froid. Plus nous avançons et pire c'est. La neige est de plus en plus présente et m'arrive au genoux, ce n'est pas normal à cette période de l'année. Nous montons à flanc de montagne quand soudain le sol sous moi s'affaisse. La plaque neigeuse s'est décrochée et m'emporte avec elle. Je hurle avant de culbuter dans ce flot blanc. J'essaie de nager mais le courant est trop puissant. J'entends Xyrus me hurler de m'accrocher mais à quoi, il n'y a rien. Je lance mes bras dans tous les sens pour chercher quelque chose de dur mais je ne vois que de la neige. Ma jambe heurte quelque chose, la douleur est cuisante, de la roche. Je me tourne pour m'y tenir, mes bras râpent mon seul secours mais je réussis à m'y cramponner. Je serre de toute mes forces et lutte contre l'avalanche qui dévale. Mon compagnon me crie de tenir, il est en retrait, sur le côté, et cherche partout ce qui pourrait m'aider. J'entends un bruit sourd derrière et ce que je réussis à voir par dessus mon épaule me glace d'effroi.
C'est une falaise, un pan abrupt, je ne vois que l'horizon. Je tiens le plus longtemps possible mais la force de la neige conjuguée à la douleur de mes blessures est la plus forte, je lâche prise. Le temps ne ralentit pas, au contraire tout va très vite. Le froid de la neige laisse place à un vent tout aussi glacial, le ciel au dessus de moi je tombe. Les milliers de flocons créent par la cascade de neige sont magnifiques, on dirait qu'ils tombent du ciel. Quelle belle fin.

Une tache sombre vient noircir mon tableau funèbre blanc et gris. Elle bouge, c'est vivant, c'est humain.
- Tu es fou !
- Autant que toi Allya !
Xyrus m'attrape la main et me tire à lui. Nous allons mourir. Il inverse nos positions, qu'il touche le sol en premier ne changera pas notre destin commun.
Je ferme les yeux et profite de ces dernières secondes. Puis tout change.

C'est d'abord l'odeur qui me parvient, forte, puissante, soufrée. Puis le toucher de son corps contre ma peau, écailleux, rugueux. Enfin le contrecoup, le changement brusque de direction et la lutte contre la pesanteur. Nous montons. Je rouvre les yeux et essaie de me redresser mais des griffes m'enserrent. Le sol en bas s'éloigne. Je lève la tête et observe mon sauveur, il est plus noir qu'une nuit sans lune, immense et effrayant. La dernière fois que je l'ai vu ainsi, il détruisait ma maison et ma vie. Il vient à présent de la sauver.

- Xyrus ! Tu voles !
Je n'ai jamais été aussi heureuse de voir un dragon.

AllyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant