Allya

Xyrus a une dette

C'est en le disant que je m'en suis aperçu, cette fille m'avait sauvé la vie et maintenant j'ai une dette de sang envers elle. Me voilà bien. Il n'y a plus rien de vivant ici mais elle ne veut pas partir, je suis obligé de la saisir par le bras pour qu'elle daigne me suivre. Mes plaies se résorbent assez bien, mon corps humain a cette capacité que j'apprécie encore plus qu'à l'accoutumée mais pour la transformation en dragon il va falloir attendre. Je suis bloqué sous cette forme pour un moment, si les autres reviennent ils voudront tuer ma bienfaitrice et je ne pourrai pas la défendre. Ça me libérerait de mon serment d'un côté mais ma parole ne vaudrait plus rien, me voilà coincé.

- Viens ! Ils vont revenir !
Elle se tourne vers moi et ses yeux rougis par les larmes sont très expressifs, elle s'en fiche royalement. Mais moi non, je suis Xyrus, un dragon des ténèbres et ce n'est pas une petite sorcière qui va me résister. Je lui serre le bras et l'entraîne vers la forêt, direction le nord. Je ne sais pas où aller alors instinctivement je prends le chemin de la maison. Lyros aura bien une idée pour me défaire de ma dette, je vais bien pouvoir lui offrir un truc ou dire quelque chose qui va lui donner envie de me libérer.

- J'ai une dette de sang envers toi, je ne serai libre que lorsque que tu me libéreras, en attendant je dois te protéger.
- Je te libère. Me dit elle en essayant de dégager son bras.
Je m'arrête et sonde mon âme, je réfléchis en fait. Ça a marché, je ne ressens plus le poids du serment dans mon cœur. Selon les lois dragonnes je suis libre !
- Tu te rends compte de ce que tu viens de faire ?
Lui dis-je en la lâchant. Cette sorcière est complètement folle, elle avait un dragon à ses ordres, elle aurait pu faire tout un tas de potions bizarres avec mes écailles ou mon sang, se faire une petite fortune en vendant griffes ou dents et elle me libère.
- Je t'ai libéré non ? Maintenant pars et vis ta vie.
Je pourrais, je devrais probablement, la laisser là et retourner dans la cité. Je la regarde une dernière fois et je la quitte, il faut que je regagne rapidement le royaume pour recevoir mon savon.
La forêt est dense, elle fourmille de vie, des milliers d'animaux vaquent à leurs activités quotidiennes sans se soucier de ma présence. Ils ne me ressentent pas comme un danger sous cette forme.
J'avance ainsi une partie de la journée avec un sensation désagréable qui croit en sourdine. Je l'ignore autant que je peux mais elle s'étend. Finalement je m'arrête, je hurle de rage, faisant fuir deux écureuils qui grignotaient et je fais demi tour.
Fichue culpabilité !