Le lendemain matin, je me lève comme à mon habitude et j'arpente les couloirs de l'hôpital en quête d'idées. Je n'ai pas envie de me retrouver de nouveau face à Madame Fersteg. J'ai informé Daëlle en ce qui concerne mon problème et elle a accepté de servir de distraction afin que j'arrive à mes fins. Mis à part la mention d'un jeune homme dans la chambre 102, elle ne sait strictement rien de la conversation qui a eu lieu. J'ai absolument besoin de connaître son identité et il n'est pas question d'attendre une journée de plus.
Je rejoins Daëlle au point de rencontre désigné et nous nous mettons immédiatement d'accord sur le déroulement de la mise en scène. Nous allons chacune de notre côté et attendons le moment propice pour passer à l'attaque. Très vite, j'aperçois Madame Fersteg qui rôde près de la chambre à partir du placard où je me cache. J'ai l'impression qu'elle sait que je veux aller là, mais cela ne doit être que mon imagination.
Ce n'est que maintenant que je remarque que ma nouvelle amie peut être une très bonne actrice lorsque l'envie lui prend. Cinq minutes après m'être placée dans ma cachette, j'entends un vacarme assourdissant et de nombreuses personnes qui se déplacent. Je suis alors en mesure d'entendre Daëlle qui crie comme si sa vie en dépendait:
«À l'aide! Au feu! Au feu! Quelqu'un a mis le placard à balais en feu!»
Un feu? Mais qu'est-ce qu'elle raconte? Ce n'était pas du tout prévu au programme! Elle ne devait que feindre de se tordre la cheville! À moins que Daëlle n'ait eu l'envie de jouer la pyromane, cela tombe pile à poil. Toutefois, je crois qu'une bonne discussion s'impose entre nous deux. Pour l'instant, je dois profiter de ma chance et retourner voir le malade sans nom.
Après avoir vérifié que plus personne n'était en vue, je sors du placard et marche jusqu'à la porte de la chambre. Encore verrouillée. Comme à l'habitude, je réussis tout de même à ne pas tenir compte de cet obstacle et j'entre sans cogner. Le blessé est couché dans son lit et m'a l'air de dormir paisiblement. Cependant, lorsque je m'approche de lui, je heurte mon pied sur un soulier qui traîne et il se réveille abruptement:
«Encore toi! Je croyais que la porte était verrouillée. Comment as-tu réussi à venir jusqu'ici?
- J'ai volé les clés à Madame Fersteg quand elle était occupée. Rien de trop difficile.
- En tout cas, ce n'est pas moi qui vais me plaindre. Je suis sûr que tu as de bonnes raisons pour venir me voir.
- En effet, j'ai complètement oublié hier soir de te demander ton nom. Tu ne trouves pas cela injuste? Tu sais le mien et moi je ne peux même pas associer quelque chose à ton visage.
- Et tu serais prête à quoi pour que je te le dise?
- Ahhh non! Je ne vais pas jouer à ce jeu avec toi!
- Allez, juste un baiser. Cela ne fait de mal à personne.
- Qu'est-ce qui me dit que tu vas tenir ta parole?
- Mais rien du tout. C'est ça le plaisir de la chose. Tu es obligée de te fier à moi comme une aveugle.
- Je n'aime pas quand les gens essaient de profiter de moi. Et si je te disais que connaître ton nom n'est pas si important que ça. Je crois même qu'il est préférable de ne pas faire augmenter ton égo.
- C'est comme tu veux. Après tout, je n'ai rien à perdre parce que je sais ton prénom.»
Cela fait moins de dix minutes que je suis dans cette pièce et il commence déjà à me taper sur les nerfs. Je n'ai toutefois pas envie de sortir de la chambre et de retourner à ma routine. Au lieu de cela, je prends un livre situé sur la table et je m'assieds au sol, complètement à l'opposé du lit.
Même si ce livre ne me dit rien, je commence tout de même à le lire et fais exprès pour ne pas regarder l'autre occupant de la pièce dans les yeux. Au fur et à mesure que les minutes s'écoulent, je sens son regard porté sur moi, mais je continue tout de même à l'ignorer. Il n'est pas question de le laisser gagner. Après tout, je déteste perdre n'importe quel pari avec une personne.
Le temps continue à défiler et ma patience diminue. Je ne comprends même pas pourquoi je suis en train d'attendre. Je sais très bien qu'il ne se résignera pas de sitôt et qu'il n'a rien d'autre à faire mis à part rester couché sur son lit. Comme si la situation ne pouvait pas être pire, il se met à chanter un air inventé:
«Sedna, Sedna, Sedna... Fille à tête de mule qui rouspète...»
Cela sonne faux. Très faux. Cette fois-ci, c'est la goutte d'eau qui déborde du vase. Je lève ma tête et le regarde directement dans les yeux. Un sourire triomphant s'affiche sur son visage et j'ai alors une envie soudaine de le frapper. Il continue alors de chantonner et j'ai l'impression qu'il sait très bien que je suis d'humeur agressive. Sans trop réfléchir, je me lève de l'endroit où je suis et me dirige vers son lit. Il arrête de sourire et continue à me regarder. Je penche mon visage vers le sien et lui donne rapidement un baiser du bout des lèvres. Lorsque je me relève, il a un air hébété et me dévisage. De mon côté, j'enlève le sourire qui s'était installé sur mon visage et attends la suite des évènements:
«Voilà, tu es heureux?
- Tu veux absolument connaître mon nom, pas vrai?
- Figure-toi que je n'ai pas fait cela par simple plaisir.
- Féliks.
- Quoi?
- Féliks. C'est comme ça que je m'appelle.
- Joli prénom. Au moins, cela va m'être plus facile de t'adresser la parole maintenant que je le sais.»
J'arrête notre conversation et décide de partir. Cela fait plus de trente minutes que je suis ici et j'ai bientôt des leçons de premiers soins. Après un bref salut de la main, je quitte la chambre en vérifiant que personne ne rôde dans les parages. Après moins de vingt pas dans le couloir, j'aperçois Daëlle et me dirige vers elle. Elle me semble impatiente:
«Et puis, comme cela s'est-il passé?
- Disons seulement que je connais son prénom.»
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Avec tous mes examens de fin de trimestre, jamais je n'aurais pensé être en mesure de publier un autre chapitre avant les vacances de Noël!
Je tiens à remercier tous mes lecteurs pour les votes et commentaires! Vous ne pouvez vous imaginer le bonheur que je ressens lorsque je me lève chaque matin et que je vois des notifications qui s'affichent. Un sourire s'affiche sur mon visage et c'est le meilleur moyen pour moi de commencer la journée :)
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Sedna [en pause]
FantasiaDepuis des générations, le don de télékinésie se transmet de parents à enfants et les individus dotés de ce pouvoir ont les cheveux naturellement blancs. Toutefois, suite à l'arrivée du nouveau gouvernement, ils devinrent persécutés et furent perçu...