Tamachi

Chapitre IV : Le roi aux yeux écarlates

Levés tôt le matin, Tsuki, Yoru et Fuzaï étaient repus et habillés dès 7 heures. Fuzaï, déterminée, voulait à tout prix apprendre à ses deux compagnons comment maîtriser leurs tamachis. Cet entraînement, ne portant ses fruits que sur le long terme, devait commencer le plus tôt possible. Ils sortirent alors dans la forêt pour entamer cette dure préparation. Fuzaï se posta face à eux pour la démonstration. Elle leva son index, faisant apparaître aux yeux de tous son tamachi en le matérialisant. Yoru et Tsuki pouvait donc l'observer sans le moindre effort.

- "Écartez-vous, je risque de vous blesser." déclara platement Fuzaï, très concentrée. 

Son tamachi rouge de sang et de désespoir se changea aisément en une grande hache de bucheron. Cette opération rapide semblait cependant particulièrement éprouvante pour Fuzaï. Cette-dernière donna un coup sec vers la droite, agrandissant la hache, et finit par la faire valser dans les arbres, ce qui eut pour conséquence de les faire tomber, coupés droit comme au laser.

Bouche bées, Tsuki et Yoru ne trouvaient pas les mots pour exprimer leur stupéfaction. Fuzaï fit disparaître la hache et ricana, sans remarquer qu'elle se remettait à saigner du nez.

- "Fuzaï, tu saignes du nez... Crois-tu vraiment que ton corps est adapté pour ce genre de tours ?" questionna Yoru, consterné.

- "Crois-tu que j'ai peur de la mort ?" murmura lentement Fuzaï, les yeux plissés et le sourire au lèvres.

Yoru n'insista pas, de peur de subir le même sort que ces pauvres platanes. Il resta tout de même mesuré, alors que Tsuki baignait dans l'incompréhension des plus totales. 

"Maintenant, à vous de matérialiser l'objet de votre choix. Vous n'avez qu'à vous l'imaginer fortement. Il ne vous faut penser qu'à cela. D'accord Tsuki ?" déclara Fuzaï en parlant fort et distinctement pour se faire comprendre par la jeune muette.

Cette dernière hocha la tête et ferma les yeux pour mieux se concentrer. Son tamachi vaporeux fit apparaître l'ombre trouble d'une peluche, celle qu'elle avait fait tomber la veille en courant. Yoru, quant à lui, matérialisait un micro légèrement déformé. Tout deux haletaient et transpiraient, dépassés par cet éprouvant effort. 

- "C'est pas mal pour une première fois ! Allez, essayez de le rendre plus net et vivant." s'exclama Fuzaï, visiblement contente de leurs efforts notables.

Ils se concentrèrent alors d'avantage. La peluche de Tsuki prit rapidement des couleurs, de même pour le micro de Yoru. Des gouttes de sueurs parcouraient leurs front et leurs nez commençaient à saigner, mais ils persistaient dans l'effort, jusqu'à rendre leurs objets quasiment matériels. Cependant, alors que Fuzaï s'apprêtait à les féliciter et à les arrêter, un phénomène étrange se passa : La peluche de Tsuki explosa en une centaine de petites boules de cotons, alors que le micro de Yoru s'effaca, laissant place à un croissant de lune ressemblant fortement au sourire inquiétant d'une personne ricanant. Tout deux s'écroulèrent au sol, exténués. 

Alors que Fuzaï tentait de relever ses deux compagnons, le nez de Tsuki frémit, attiré par une odeur peu commune. Celle-ci rouvrit ses grand yeux verts hypnotiseurs, et s'écria :

- "Ga ! uzaï a quéqun ga !"

Stupéfaite, Fuzaï regarda dans la direction que pointait Tsuki de son index. En effet, une personne se tenait accroupie derrière les souches d'arbres. Son regard d'un rouge sanglant luisait dans la pénombre de la forêt. Fuzaï s'approcha, laissant derrière elle ses compagnons.

- "Qui es-tu ? Sors de l'ombre et affronte moi !" cria Fuzaï, en colère pour une raison demeurant obscure.

La silhouette aux yeux écarlates se dessina plus précisément : c'était celle d'un homme. Ce dernier s'avança timidement, le regard vif, observant Fuzaï, tel un animal sauvage.