Chapitre I : Rencontre

49 2 0
                                    

C'était une douce matinée printanière. Une brise agréable faisait frémir des cerisiers en fleur, et sur un hamac accroché entre deux arbres tordus, Fuzaï dormait. 

Un coup de vent frais lui donna la chair de poule, et elle ouvrit ses paupières, laissant apparaître ses glaçants yeux de chat. 

Profondément plongée dans ses pensées, Fuzaï ne remarqua la personne au dessus d'elle. C'était un garçon aux cheveux argentés et aux yeux vairons, avec un faux air de voyou. Plutôt mince, il portait un sweat noir à capuche au motif étrange et un bermuda. Un foulard était noué au bas de sa cuisse.

- "Enfin !" s'exclama-t'il d'un ton enthousiaste

Fuzaï sursauta et tomba de son hamac. Son expression maussade se transforma en une vive colère. Elle se remit sur pied et examina de ses yeux jaunes le jeune homme au sourire innocent.

- "Hey toi ! Qu'est-ce qui te prend de crier comme ça ? Déguerpis avant que je te mette par terre." déclara-t-elle en tentant de se calmer.

Le jeune garçon semblait amusé, il cligna des yeux et se baissa à la taille de Fuzaï.

- "Je m'appelle Yoru, j'ai 17 ans, et je suis comme toi"

Par un mouvement de sourcil hautain, Fuzaï manifesta son émotion face à cette déclaration. Personne ne pouvait être comme elle, c'était une exception.

"Enfin... Pas exactement... Tu es plus forte que moi. J'ai simplement le tamachi d'une idole alors que je suis fait pour être un inspecteur. Je peux voir les tamachis des autres ainsi que mon tamachi. Cependant, j'ai quelque chose que les inspecteurs n'ont pas..."

Fuzaï semblait intéressée par les propos de Yoru, elle restait suspendue à ses mots, en attente d'une suite.

"... J'ai vu ton tamachi, Fuzaï. Tu devrais être morte depuis longtemps, je n'ai jamais vu tant de ténèbres en une personne" pouffa-t-il.

Cette dernière écarquilla ses yeux miel. Ce garçon pourrait lui être utile, et pour une raison inconnue, il connaissait son nom.

Fuzaï tendit sa main vers Yoru, éclairant son visage d'un beau sourire.

- "Je vais avoir besoin de toi, qu'en dis-tu ?" le questionna-t-elle

Yoru lui lança un regard digne de la plus populaire idole, et lui prit la main.

- "D'acc, mais explique-moi tout ça avant !" Il tira la langue, laissant apparaître deux piercings noirs.

- "T'as l'air d'être un sacré phénomène. Allons dans un endroit où nous pourrons discuter tranquillement" répondit-elle en jetant un oeil furtif dans les environs.


°°°


Arrivés dans une cabane de fortune cachée dans les bois, Fuzaï grimpa, suivie de Yoru. Ce dernier s'installa sur une branche, alors que la jeune fille s'assit sur le plancher craquant en laissant ses deux jambes se balancer dans le vide. Elle lui décrivit brièvement son plan délirant, passionnée d'enfin parler de ce qui l'intéressait vraiment, tout en restant sur ses gardes. Yoru semblait amusé par la tournure des choses. Le plan de Fuzaï lui paraissait sans réel but.

- "À quoi ça te servirait de renverser le système des tamachis ? Moi aussi je le déteste, mais je ne vois pas où tu veux en venir..." demanda-t-il

Fuzaï esquissa un sourire inquiétant, ce qui perturba le jeune garçon.

"Tu es vraiment spéciale, tes expressions sont glaçantes. Je ne pensais pas qu'une criminelle serait si terri-" Avant même de finir sa phrase, Fuzaï lui donna un coup de pied qui lui fit perdre l'équilibre. Il se rattrapa de justesse à la branche et se réinstalla.

- "Je ne suis pas une criminelle. Je n'ai pas commis de crime. Du moins, pas encore." Elle continuait de sourire, et Yoru la fixa étrangement.

- "Criminelle latente, si tu préfères. Dis-moi... Tu as des envies de meurtre ? Tu es déjà violente, si on te compare aux idiots doux comme de la guimauve qui courent les rues... Ça m'intrigues plutôt en fait." continua-t-il

Amusée, Fuzaï s'approcha de Yoru, le fixa droit dans les yeux, et mima une tête effrayante.

- "Si je te dis que oui, est-ce que tu te mettras à courir chez ta maman et à colporter que je suis un monstre ?"

Le jeune garçon se prêta au jeu, mais répondit d'un ton solennel :

- "Je ne retournerais jamais plus chez mes parents, yeux de chat."

Plutôt étonnée par cette déclaration, Fuzaï ne chercha pas à embêter Yoru davantage. Ces derniers décidèrent de rester dormir ici, mais l'absence d'un deuxième futon obligea Fuzaï à dormir dans l'arbre. Ce garçon lui serait précieux, elle serait prête à faire des concessions pour le garder près d'elle.

Ainsi, sous la pâle lueur du fin croissant de lune, elle s'installa sur une branche, se posa contre le tronc, et s'endormit tant bien que mal dans le froid de la nuit bien entamée.



TamachiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant