2 // friends

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Je me réveillai dans mon canapé, encore habillé. J'avais arrêté de peindre aux environs de trois heures du matin, j'étais exténué et je n'ai donc pas cherché plus loin : je me suis endormi au premier endroit venu.

Je me redressai lentement, de façon à être assis sur le canapé, et posai ma tête entre mes mains dans un soupir d'épuisement. J'avais l'impression d'avoir dormit quinze minutes.

J'attrapais mes lunettes que j'avais laissées sur la table basse, et les posais sur mon nez après m'être frottés les yeux. Après avoir regardé l'heure que mon téléphone indiquait, je pouvais dire qu'il était environ neuf heures. Je me levais donc difficilement pour aller me faire un énième café, et une fois celui-ci préparé et bu, je me dirigeais dans l'étroite pièce qui me servait de salle de bain.

Mon visage paraissait si terne dans la glace. Je ne ressemblais pas à ça, en réalité? J'avais l'air d'avoir 10 ans de plus que je n'en ai, les poches sous mes yeux étaient phénoménales, et mes cheveux étaient un désordre complet. Je les arrangeais alors rapidement, avant de passer un peu d'eau sur mon visage.

Je me changeais rapidement, et cherchais désespérément des chaussettes quelque part dans ma chambre, ouvrant tous les tiroirs qui s'y trouvaient.

C'est alors que je suis tombé sur une boîte bleue. J'aurais voulu l'éviter. D'ailleurs, j'aurais dû la jeter depuis longtemps, mais j'en étais incapable. À chaque fois, c'était la même chose. Je la trouvais, je me disais que j'allais m'en débarrasser, et je me dégonflais.

Elle renfermait trop de souvenir. Des bons souvenirs, mais pourtant si douloureux.

Je refermais ce placard avec hâte, avant de fouiller ailleurs, pour enfin trouver une paire de chaussettes.

* * * * * * * * * *

Le chemin n'était pas très long. Je le connaissais bien. Souvent, je prenais ma voiture, je mettais l'un des vieux CDs de mon père, et je roulais, je ne savais trop où. Mais il m'était arrivé plus d'une fois de me retrouver dans cet endroit, au final.

Je marchais le long de cette allée que je connaissais si bien, et le son des graviers sous mes pas me semblait presque déplacé, en ce lieu si calme.

Je trouvai finalement ce que je cherchais. Je m'accroupis en premier temps, avant de choisir de m'asseoir en tailleur. J'avais sûrement l'air d'un abruti, mais c'était sans aucun doute la dernière chose qui m'importait à ce moment précis.

-Hey, ça va? Non, c'est complètement ringard de demander ça à une tombe. Erm.. je sais pas trop comment m'y prendre. De toute façon, à chaque fois que je viens ici, c'est pareil. J'ai pas grand chose à te dire. Ce que je suis devenu te déçois, n'est-ce pas? Je sais bien. Je suis désolé. J'ai fais de mon mieux, tu sais. J'ai fais de mon mieux pour rester enjoué depuis que t'es plus là. Mais j'ai pas réussi. Calum et Luke disent que je devrais sortir plus souvent? T'en penses quoi? Fais-moi un signe, un de ces quatre, pour me laisser ton avis. Je voudrais toujours savoir ce que tu en aurais pensé. T'as toujours été de bon conseil. J'espère que tu m'en veux pas trop, d'être un bon à rien.

Je soufflais un instant.

-Calum m'a demandé de dessiner une femme. J'avais pas trop d'inspiration mais je crois que maintenant je sais. Maintenant que je pense à ce que tu avais l'habitude de me dire, les idées fusent. Même depuis une tombe, t'es toujours incroyable. Si tu savais comme je t'admires. J'aurais voulu pouvoir te le dire plus tôt, et surtout ailleurs que dans un cimetière. Mais tant pis. Tu sais, je suis sûr que tu m'entends. Je crois plus en grand chose, mais ça, j'y crois plus que tout. Le corps, c'est qu'une enveloppe, au final. Et t'étais bien plus qu'un simple voile. Je te dis ça, mais tu le sais déjà. En plus, tu dois bien te foutre de ma gueule. Ça fait très fleur bleue dis comme ça. Mais je t'assure que j'ai pas perdu ma virilité, hein. Calum arrête pas de se moquer de moi, pour ça. Je sais même plus pourquoi c'est mon meilleur ami. Mais bon. Je fais avec. Enfin, je vais devoir partir. Ça me fait mal au cœur de te laisser, comme à chaque fois, mais il faut. Enfin bref, je te laisse. Je t'aime.

Masterpiece - afi [discontinued]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant