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  Je trempais mon pinceau dans l'eau trouble, avant de m'essuyer les mains à l'aide d'une serviette de table, et de me tourner vers le basané.

-Calum, arrête de me dire ce que je dois faire. Je suis très bien ici. Pourquoi est-ce que vous êtes aussi têtus?

-Nous, on est têtus? Ashton, c'est toi qui refuse bêtement de t'ouvrir au monde. Luke et moi, on veut juste que tu t'éclates avec nous. T'as tout juste 21 ans, bordel. On verrait pas la différence si t'en avais 92, dit-il en levant les yeux au ciel.

-Calum, à t'entendre parler, on croirait que je ne fais plus rien. Pourtant, j'ai un bac rempli de bières dans mon frigo. C'est pas parce que je ne sors pas que je suis coincé.

-Ça veut pas non plus dire que tu t'éclates. Vis comme un gars normal de ton âge, Ash.

-Mais je n'ai pas envie de vivre comme ça. Je n'ai pas envie de remplir ma vie de choses inutiles comme faire la fête ou je ne sais quoi. Je sais encore m'amuser, mais j'ai d'autres priorités, comme l'art.

-Et qu'est-ce que c'est, l'art?

-La liberté.

-Et t'es libre, toi, entre les murs de ton appart?

-Intérieurement je le suis. Je suis libre de penser, de créer ce que je souhaite. Mon imagination n'a pas de limites, c'est ça, ma liberté. De toute façon, je préfère figurer le monde que le voir comme il est vraiment. Laid et cruel.

-Passe au dessus de ça, Ash.

-Je suis passé au dessus de ça depuis longtemps.

-Tu mens.

-Non, rétorquais-je, la mâchoire crispée.

-Tu te caches la vérité, Ashton. Le jour où tu comprendras ça, on te reverras au 93, dit-il en se levant du canapé de mon salon.

-Au 93?

-Mais merde, t'as même oublié le nom de ta boîte préférée! il retomba sur le sofa rouge.

Je ne répondis pas. Calum avait le don de me mettre sur les nerfs. Luke et lui étaient mes seuls amis, mais je ne sais même pas pourquoi. Je n'aimais pas la compagnie des gens, et j'aimais encore moins qu'on me dise quoi faire.Calum était vulgaire dans sa façon de parler, extraverti, fêtard, et têtu. Je ne devrais pas être ami avec lui, en soi. Mais ce qui me retiens, ça doit être le fait qu'il était à mes côtés quand personne d'autre ne l'était. Et c'est un garçon très intelligent. Je trouve ça d'autant plus dommage, qu'il n'en profite pas. Il pourrait faire de grandes choses, mais il préfère rentrer chez lui à quatre heures du matin alors qu'il doit faire des smoothies toute la journée le lendemain.

-Oh, le misanthrope. Je te parle.

-Comment?

-Tu sais à quoi ressemble une femme, encore?

-Très drôle. Je fais mes courses moi-même. Je dois aller faire des papiers administratifs, aller chez le médecin, et poster des lettres aussi. Je sors, parfois.

-Merci de l'info. Non mais sérieusement, ça fait combien de temps que t'as pas été attiré par une femme? T'es devenu gay, et tu t'assumes pas, donc tu t'enfermes?

-Mais pas du tout. Arrête ça, Calum.

-Réponds-moi, me dit-il d'un ton autoritaire.

Je me sentais presque obligé de répondre.

-Ça fait longtemps.

-Tu sais encore ce qui te plait, chez une femme?

-Je suppose que oui.

-Bah tu sais quoi? Je veux que tu me dessine ta femme idéale. Je veux un tableau.

Je hochai immédiatement la tête. Enfin, nous en venions à quelque chose d'intéressant.

-T'as deux jours. Ça va, pour quelqu'un qui est en vacances.

-D'accord. Je dessinerais cette femme. Tu verras, je ne préfère pas les garçons.

-Je verrais, comme tu le dis.

Il se leva à nouveau avant d'enfiler sa veste grise. Je me dirigeais quant à moi vers l'étroite cuisine de mon appartement, pour me servir une tasse de café.

-Bon, à la prochaine Ash! me dit-il depuis la porte d'entrée.

Je le saluais en retour, et remontais mes lunettes sur mon nez. Comment allais-je pouvoir dessiner ma femme idéale, sachant que je n'ai même pas envisagé me mettre en couple?

* * * * * * * *

J'étais assis sur mon habituel tabouret en bois, devant mon chevalet, à la recherche de ce que je pourrais vouloir. Les critères intérieurs, aussi bien qu'extérieurs, étaient difficiles à déterminer. Je vise la perfection, une beauté absolue. J'aime les belles choses, je veux pouvoir contempler, pas juste regarder. Il en va de même pour la femme de mes songes. Je sais déjà un certain nombre de choses. Elle doit être intelligente, et cultivée, curieuse. Douce, raffinée, gracieuse, je voudrais qu'elle est un savoir-vivre certain.

C'était pourtant facile, à représenter. Alors pourquoi cela sonnait-il faux?

* * * * * * * * 

Allongé sur les draps blanc de mon lit, je fixais le plafond. J'avais pensé que ce serait facile, de dessiner ma femme idéale.

Mais c'est tout le contraire. Je suis quelqu'un d'extrêmement exigeant. Je sais ce que je veux, ce que j'aime. Mais pourquoi à chaque fois que je figurais cette femme, elle semblait ne pas convenir? J'étais énervé.

Voilà pourquoi je reste éloigné des femmes. Elles me troublent, il y a toujours quelque chose qui cloche. Il semblerait qu'un voile de mystère les enveloppent, toutes autant qu'elles soient. J'ai la frustrante impression qu'elles cachent toutes quelque chose, qu'aucune n'est sincère.

Je me redressais alors sur mon lit, remit mes lunettes correctement, avant de me diriger d'un pas lent vers la cuisine. Je me servis un énième café, et regardais l'heure que le micro-ondes affichait alors que je posais ma tasse dedans. Il était un peu plus de 23 heures.

Mon étroite pièce à manger était illuminée uniquement par des néons usés et jaunâtres, comme tout. Tout dans cette maison, tout en moi ressemblait à ces néons. Mon esprit s'allumait faiblement, puis s'éteignait complètement. Mon cœur était rouillé et inutilisable. Plus rien en moi ne vivait réellement. Ils ont raison, quand ils disent que je ne suis plus qu'un automate. Mais comme tout automate, je n'ai pas assez de force d'esprit pour me relever. Je suis un corps sans cœur, une âme sans fond. Tout ce qu'il me reste, ce sont mes pinceaux, mes toiles, et mes couleurs. Si mon âme en est dépourvue, ma palette en est recouverte. Les seules couleurs que je côtoie, j'en fais quelque chose de poétique. Je ne les gaspille pas dans l'amour, ou dans la quête de succès. Je les sublime.

Je récupérais ma tasse de café, et la portait à ma bouche, me brûlant légèrement la langue au passage. Je reposais alors la tasse, grimaçant en attendant qu'elle ne refroidisse. J'ouvris le réfrigérateur à la recherche de quelque chose à manger, et finis par me rabattre sur une unique cerise. Je n'en voulais pas plus. Je portais le fruit à ma bouche, et, alors que je croquais dedans, je sentais ma langue se rafraîchir. Son jus frais calmait la chaleur de ma langue, et c'est alors que j'eu une idée.

Je me dirigeais d'un pas rapide vers mon salon, et m'assis en face du chevalet. Je sortis ma peinture et mes pinceaux, et commença immédiatement à opérer un mélange de rouges et de violets afin d'obtenir la couleur parfaite. Je regardais le rouge s'assombrir, et je savais que j'avais trouvé la bonne nuance. Je pris un crayon de papier et commença à figurer les grandes lignes de mon dessin.
J'allais pouvoir dessiner cette femme.

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Voici le premier chapitre qui fait environ 1100 mots, les prochains sont plus longs mais j'ai voulu poser le contexte pour commencer :)

En tous cas n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, et puis.....voilà lol

LA BISEEEEEE
-cheriane

Masterpiece - afi [discontinued]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant