Je pense que je me souviendrai à jamais de ce jour. De ce jour où, pendant un cours de philo, la CPE -bizarrement celle que j'aimais le moins-, était venu me chercher, prétextant quelque chose d'important à me dire.
Certains élèves de ma classe avaient eu l'ai surpris, d'autres avaient ri. Si je me souviens bien, l'un d'entre eux a même chuchoté : « Ah, le gosse de riche a fait des conneries ? Attention, papa et maman ne vont pas être content ! », tout ça sur un air ironique, dans lequel j'avais très bien perçu la méchanceté qu'il voulait pourtant cacher.
Mais je ne m'en étais pas occupé : j'avais l'habitude.
La CPE, dont le nom m'échappera toujours, m'avait alors conduit jusque dans son bureau et une fois dans celui-ci, elle m'avait invité à m'asseoir. Son visage m'avait presque paru soucieux. Ses yeux marrons étaient fixés sur moi et ne me lâchaient pas, son front était plissé et elle jouait nerveusement avec ses mains.
Je crois que c'est à ce moment-là que je me suis vraiment inquiété. Je savais pertinemment que je n'avais rien fait de mal : jamais, durant ma scolarité, je n'avais reçu une heure de colle. Jamais je n'avais répondu à un professeur. Je n'étais donc pas ici pour des raisons disciplinaires.
Mais bêtement, je me disais que c'étaient certainement mes parents qui ne pourraient pas rentrer à la date prévue... ce qui aurait posé un souci puisque nous n'avons aucune autre famille pour m'accueillir.
C'est cette idée qui prédominait dans mon esprit. Et je n'avais cessé de penser à cela, jusqu'à ce que le Proviseur en personne entre dans la pièce et aille s'asseoir à côté de Madame Archer, dont le nom m'était revenu grâce à la petite plaque posée sur son bureau. C'est ça qui m'a fait comprendre que les faits étaient en réalité beaucoup plus graves.
Et malheureusement, c'était vrai : je venais de perdre mes parents. D'un truc con en plus, il avait fallu que le jour où ils se déplaçaient dans un autre pays, leur avion soit piloté par un imbécile aux tendances suicidaires. Tendances suicidaires qui avaient coûtées la vie à plus de deux cents personnes, dont Des et Anne Styles, mon papa et ma maman.
Au début, après l'annonce, j'ai eu un gros moment de vide. Je n'arrivais pas vraiment à y croire, je ne pouvais pas imaginer, me faire à l'idée que jamais plus je ne reverrai mes parents. Malgré mon état second, on m'avait laissé rentrer chez moi. Je m'étais alors laissé péniblement entraîner jusqu'à un bus dans lequel j'étais monté pour gagner la grande maison familiale. Le trajet, je l'avais passé en étant amorphe et en me sentant complètement vide. Vide de tout.
Tout m'était vraiment tombé dessus quand je suis entré dans la maison. Je voyais encore ma mère courir partout, répétant qu'elle était en retard dans la préparation de leurs affaires, je voyais encore mon père me frapper gentiment l'épaule me disant qu'il était fier de moi. Leurs odeurs mélangées flottaient encore dans le salon, comme s'ils n'étaient jamais partis...
J'aimais mes parents. Vraiment. Certes, ils ont toujours eu de l'argent. Beaucoup d'argent même, mais jamais ils n'en ont joué. Non, loin de là.
Certes nous habitons dans un endroit magnifique, et nous avons la chance d'avoir un chauffeur, une cuisinière et un agent de sécurité, mais c'est tout. Ma mère et mon père avaient toujours voulu me protéger de tout ça et, même si parfois cela avait été difficile, ils avaient réussi. Malgré la pression qu'ils recevaient en tant que meilleurs avocats de Londres, ils avaient toujours été là lorsque j'avais eu besoin d'eux. Je n'avais jamais manqué d'amour. Jamais.
Le jours suivant l'annonce, je n'avais rien fait : j'étais resté enfermé dans ma chambre, et je n'avais parlé à personne. Ce qui était assez drôle puisque, justement, je n'avais plus personne à qui parler. J'étais tout seul.
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The Ghost
Fanfiction« La lumière est dans le livre, laissez-le rayonner. » - Victor Hugo.