Chapitre 8

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   « Pourquoi souris-tu, je viens juste de dire que-

   - Que vous êtes gay, oui, j'ai très bien entendu. Et alors ? Je ne vois pas pourquoi j'aurais quelque chose à vous dire. C'est ce que vous êtes, point. Vous saviez que dans la Grèce Antique les jeunes garçons étaient pris en charge par des hommes d'âge mûr afin de leur apprendre, entre autres, comment se "débrouiller" de ce côté-là... Si vous voyez ce que je veux dire. confessais-je, le rouge me gagnant les joues.

   - Ils leur apprenaient à avoir des relations sexuelles ? me demanda-t-il en chuchotant, les yeux écarquillés.

   - Oui. Ces hommes leur apprenaient également comment se tenir en société. À cette époque, ces relations étaient considérées comme normales. Je crois que c'est au Moyen-Âge que la vision des choses a changé... »

Louis l'observa d'un regard inquisiteur.

   « Et bien, tu en connais beaucoup sur le sujet, dis-moi...

   - Disons simplement que je voulais essayer de comprendre d'où venait réellement cette haine absurde contre les homosexuels... »

Le fantôme m'observa, les sourcils froncés.

   « Tu as fait ces recherches pour te documenter ? s'horrifia-t-il. »

Je ne pus m'empêcher de rigoler, ce qui provoqua chez lui une adorable moue de vexation.

   « Vous savez, il y a Internet maintenant, alors ce genre de recherche est très simple. Et puis, quand j'ai compris que je ressentais plus que de l'amitié pour mon meilleur ami, j'avais dix ans et je n'avais aucune idée de ce que c'était qu'être gay. Mes parents se fichaient totalement de ce genre de chose et j'ai d'ailleurs eu beaucoup de chance de ce côté. Mais quand j'étais petit, peu de couples homosexuels osaient s'afficher dans la rue. »

Louis resta un moment muet, certainement quelque peu choqué par ce que je venais de lui apprendre, mais aussi par la facilité avec laquelle je l'avais dit. Mon orientation sexuelle, à partir du moment où j'avais pu mettre un nom dessus, n'avait jamais été un problème pour moi. Les hommes étant, normalement, tous égaux, je ne voyais pas pourquoi il y avait ces interdictions concernant les homosexuels. Je n'avais jamais compris pourquoi moi, un homme, je n'avais pas le droit d'en aimer un autre sous prétexte que je ne pourrais pas procréer avec mon partenaire. L'amour devait être la chose la plus important, non ? J'avais déjà parlé de ça avec ma mère. Elle avait même ajouté qu'en tant qu'avocate, elle préférerait confier la garde d'un enfant à un couple de même sexe plutôt qu'à un couple hétérosexuel où le petit serait malheureux...

   « Alors tes parents t'ont soutenu ? finit-il par me demander, impressionné.

   - Oui. chuchotais-je, un doux sourire prenant place sur mes lèvres. »

Et je ne pourrais jamais les remercier pour cela.

   « Qu'est-ce que ça fait d'être soutenu ? »

Je pouvais presque lire de l'envie dans ses yeux. Après tout, si Louis était né à mon époque, il aurait très certainement pu vivre en paix auprès de son compagnon... Alors je ne pouvais que le comprendre.

   « Ça donne une force incroyable. Tu sens des ailes pousser dans ton dos et, quoi qu'on puisse te dire à l'extérieur, tu n'en as rien à faire, parce que tu sais qu'une fois rentré chez toi, tu as quelqu'un pour te remonter le morale. Quand je suis arrivé au lycée, je n'avais qu'une seule envie : être moi-même. J'en avais marre que les gens se construisent une image de moi qui était fausse, alors j'ai décidé de sortir du placard. J'ai perdu tous mes amis et je suis devenu la risée de ma classe... On m'insultait, on me volait mes affaires, mais je savais que chez moi, ma maman m'attendait avec un chocolat chaud, prête à entendre ce que j'avais vécu et à me réconforter.

The GhostOù les histoires vivent. Découvrez maintenant