« Bien. C'est déjà un début. Maintenant, j'aurais besoin d'autres renseignements. Savez-vous pourquoi votre existence aurait-elle pu être effacée ? Est-ce que vous auriez omis de me parler de quelque chose d'important ? insistais-je. »
Dans le fond, j'espérais que oui. S'il m'avait raconté vraiment tout ce dont il se souvenait, alors là, ce serait beaucoup plus compliqué, parce qu'il n'y aurait plus rien d'autre à faire. Soudain, Louis se leva à nouveau et commença à arpenter la pièce tel un lion en cage.
« Louis ? l'appelais-je. »
Quand il posa ses yeux sur moi, je fus stupéfait d'y lire de l'appréhension, de la peur. Mais que redoutait-il au juste ?
« Désolé, hum, je ne sais pas comment expliquer ceci. avoua-t-il, soupirant.
- Comme cela vous vient serait déjà un bon début. souris-je, légèrement moqueur. »
Il leva les yeux au ciel, exaspéré, et épousseta les manches de sa chemise pour s'occuper. Je savais que je lui en demandais beaucoup, voir beaucoup trop. Et peut-être que je m'impliquais un peu trop, mais si je voulais pouvoir faire quelque chose, j'étais obligé d'être insistant.
« Je pourrais tout aussi bien me taire et ne rien te révéler. De toute façon, je te dis depuis le début que ça ne servira à rien. me dit-il en frappant ses mains sur la table. »
Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il sortit de la pièce et se précipita dans les escaliers. Comme s'il voulait me fuir... Peut-être que c'était d'ailleurs ce qu'il cherchait à faire. Même si ma raison me criait que c'était totalement déplacé, je ne pouvais m'empêcher de me demander ce que cet homme enfin, ce fantôme, pouvait bien vouloir cacher à ce point. Malheureusement, cette fois-ci, ma raison perdit le combat et je me dépêchais de rejoindre Louis qui venait de s'enfermer dans une chambre au deuxième étage. Lorsque je poussais la porte, un courant d'air me fit frissonner. C'était probablement la pièce la moins éclairée et donc la plus froide de la maison. Je repérais rapidement Louis, assit sur un banc devant un magnifique piano droit.
« Vous savez en jouer ? demandais-je, ma curiosité passant une nouvelle fois la barrière de mes lèvres, sans que je ne puisse la retenir. »
Il posa délicatement ses doigts sur les touches et appuya. Le son provoqué, normalement mélodieux, ne l'était pas du tout et me fit grimacer.
« Oui, je sais en jouer. Mais je préfère le faire sur un piano accordé. C'est un instrument capricieux, le froid le désaccorde. expliqua-t-il.
- Et vous n'avez pas essayé de le descendre, ainsi il serait exposé à une température ambiante et au sec... Cette chambre m'a l'air assez humide, je ferais bien d'y mettre un peu de chauffage... »
Louis se tourna vers moi et rigola.
« Je l'ai voulu, en effet. Mais comment voulais-tu que je fasse. Cette maison, qui est pourtant la mienne, a toujours été habitée et je ne pouvais pas simplement sortir de ma cachette et demander que ce piano soit descendu !
- Pourtant, sortir de votre cachette, c'est bien ce que vous avez fait avec moi, non ?
- C'est différent... dit-il en se levant et en fermant la porte derrière moi, comme s'il avait peur que quelqu'un puisse écouter notre conversation.
- Je ne vois pas en quoi. En tout cas, dès que je le pourrais j'appellerai quelqu'un pour le descendre.
- Merci. »
C'était un simple mot et pourtant, ses yeux brillants me prouvaient que ce simple acte lui tenait beaucoup à cœur. J'en vins à me demander si, un jour, quelqu'un avait réellement fait quelque chose pour qu'il soit heureux. Mais je préférais ne pas avoir la réponse, parce que, au fond de moi, je savais pertinemment qu'elle serait négative.
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The Ghost
Fanfiction« La lumière est dans le livre, laissez-le rayonner. » - Victor Hugo.