Chapitre 4

227 40 2
                                    

   « Donc, vous êtes un fantôme ? demandais-je, ayant besoin d'une nouvelle confirmation.

   - Oui. me répondit-il toujours un sourire narquois sur les lèvres.

   - Et vous hantez la maison que je viens d'acheter.

   - À la base, c'est ma maison, non la vôtre. Elle ne se retrouve en votre possession que par de stupides circonstances qui n'auraient jamais dû avoir lieu.

   - Comme votre mort par exemple ? lui exposais-je en pouffant. »

Je ne sais pas pourquoi, il me faisait rire. Son histoire n'était pourtant en rien comique, au contraire, mais je ne pouvais m'empêcher de me moquer de lui.

   « Quand on a reçu une bonne éducation, on ne se moque pas des gens. me répondit-il simplement, un petit sourire en coin. »

Instantanément, mon rire cessa, vite remplacé par le sentiment de vide dû à la perte de mes parents. Définitivement, cet homme était assez désagréable.

   « Je ne m'excuserai pas. Et puis à quoi ça servirait, vous n'existez même pas. »

Il me fixa, surpris, mais n'ajouta rien.

   « Alors, parlez. Pourquoi puis-je vous toucher ? continuais-je afin de changer de sujet. »

Il s'assit de nouveau à côté de moi tout en soupirant théâtralement.

   « Je ne sais pas. Je ne sais même pas pourquoi je suis encore ici. Je ne peux pas traverser les murs, je peux manger bien que ce ne soit pas vital mais j'en ressent l'envie. Ah, et ma peau n'est pas si froide que ça... Tout ce qu'il m'arrive de bizarre, c'est que je ne dors pas et que je disparais tous les ans pendant trois jours à partir du vingt-huit septembre. George et moi pensons que c'est durant cette période-là que je suis décédé. »

Il disparaît pendant trois jours ? Mais...

   « Mais, comment ça se passe ? Enfin je veux dire, vous ressentez quelque chose de particulier quand ça arrive ? lui demandais-je, de plus en plus intéressé par son histoire.

   - Non, absolument pas. C'est comme si je me réveillais après plusieurs jours passés dans un profond sommeil. »

Ça c'est plutôt cool.

   « Et vous n'avez pas cherché votre famille ? Peut-être qu'eux savent ce qu'il vous est arrivé... »

En le voyant baisser la tête et fermer les yeux quelques instants, je sus que j'avais dit une énorme bêtise. J'avais compris que Louis avait entretenu des rapports plus que compliqués avec ses parents, notamment à cause de ce mariage forcé. Mais je ne pensais pas que leurs rapports étaient si tendus que ça...

   « Excusez-moi, c'était totalement déplacé de ma part, je n'aurais pas dû vous demander ça. dis-je en baissant la tête, cette fois-ci vraiment honteux. »

Il avait finalement raison en disant que j'étais assez mal éduqué. Si ma mère avait été ici, elle m'aurait tout de suite réprimandée !

   « Non, au contraire, je suis content que vous intéressiez à moi. C'est juste que je ne me souvenais pas la joie que cela pouvait procurer... »

Je n'avais vraiment pas l'impression de me trouver près d'un mort, mais juste près d'un homme déçu par la vie et surtout par sa famille. J'avais perdu la mienne, et la sienne préférait la normalité plutôt que le bonheur de leur fils.

En fait, nous n'étions pas si différents...

   « Vous ne pensez pas que vous êtes revenu parmi les vivants justement à cause de votre famille ? lui demandais-je soudainement, voulant changer de sujet, tout en restant sur un sujet que je savais désormais être assez dur pour lui. »

The GhostOù les histoires vivent. Découvrez maintenant