Chapitre 1 : Game Over

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(A lire avec Runnin' de Beyonce, voir média)

Game Over

La musique... C'est la seule chose qui me permet d'oublier. D'oublier quoi ? Toutes les salles crasses que la vie m'offre tous les jours. Au moins, elle, elle est toujours là. Chaque chanson a sa propre signification, ses propres paroles, et apporte une émotion différente. C'est ce que j'aime dans la musique. Elle vous transporte dans un autre monde. Je tire sur ma cigarette et colle ma tête contre le mur, laissant la lumière du soleil couchant frapper mon visage. J'ajuste mes écouteurs et ferme doucement les yeux pour profiter encore un instant de la chaleur qu'émane le soleil. Trois coups secs et forts résonnent depuis la porte de ma chambre. Je soupire et garde mon calme.

- Oui, demandé-je toujours assise sur le rebord de mon balcon.
- Gaby, souffle mon père visiblement exaspéré à travers la porte, tu comptes nous faire l'honneur de ta présence à table ?
- Je n'ai pas faim.
- Tu pourrais au moins venir. Tu ne sors jamais de se trou à rat, tu fumes autant que tu respires, et tu t'habilles comme une godiche.
- Il faut t'habituer à mon style de vie. Depuis tout ce temps, tu devrais l'être.
- Gabriella...
- Ce n'est pas mon prénom, le coupé-je hors de moi.
- Si, il l'est, et tu as bien de la chance que tous le monde t'appelle Gaby. Alors maintenant, saches que je ne tolèrerai plus une bêtise de ta part cette année, est-ce clair ? Sinon, je t'envoie vraiment en pensionnat.

Il a effectivement appuyé sur le mot "vraiment." Cette menace, il me l'a faite plus d'une fois. La première fois, c'est lorsqu'il a appris que je fumais. Mes parents faisaient tous pour m'empêcher de toucher aux cigarettes à l'époque : convention sur la drogue et le tabac, explication des effets de la nicotine sur le cerveau... Je suis allée voir des centaines de reportage montrant à quel point fumer pouvait être nocif pour la santé. Pourtant, tous ces plans de préventions se sont retournés contre mes parents. À la maison traînait toujours un vieux paquet de Marlboro. Ma mère a la malchance de faire des réactions aux piqures d'abeille. D'après notre médecin traitant, pour empêcher le venin de se propager, il faut approcher une clope allumée près de la blessure. Et un jour, l'envie de tester une de ces merdes me prise. Je n'ai finalement pas réussi à m'en passer. Ils l'ont découvert seulement une semaine plus tard, lorsque ma mère s'est faite piquer, et que le paquet était vide. J'ai eu le droit a des millions de reproches, j'ai baissé dans l'estime de mes parents et mon papa a décidé de supprimer mon argent de poche. Mais je me suis toujours débrouillée pour trouver l'argent moi-même et fumer à ma guise.

La seconde fois où mon père a appliqué cette menace, c'est lorsque je suis revenue des soldes, habillée à la mode rock : jeans et shorts troués, robes en dentelle classe, vestes en cuirs noirs, talons hauts, baskets, débardeurs et autre vêtements que mon père ne supporte pas. C'était avant ma première rentrée au lycée. Papa m'a filé sa carte bleue et j'ai acheté tous ce dont j'avais envie. À mon retour, j'ai eu le droit à une bonne gifle sur la joue droite quand mes parents on découvert mes achats. J'ai fais une très bonne impression pour mon premier jour au lycée avec une des joues archi rouge.

La troisième fois que mon père m'a menacé d'aller en pensionnat, c'est l'été dernier. Sachant que je ne suis pas majeur, j'ai du imiter les signatures de mes représentants légaux pour pouvoir me faire tatouer un papillon sur l'omoplate gauche. Et -ayant complètement oublié de cacher mon tatouage lorsque nous sommes allés à la plage avec ma famille- je me suis faite lamentablement engueulé devant pas mal de gens. Et mes parents ne m'ont certainement pas félicité pour leurs signatures que j'ai refaites à la perfection. Non, j'ai eu le droit à une semaine sans téléphone portable, donc une semaine de torture avec mes parents à la plage, donc, une semaine sans vie sociale.

GabriellaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant