Chapitre 2 : Veinarde.

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(A lire avec Want to Want Me de Jason Derulo, voir média)

Les secondes filent, les minutes passent et les heures me fuient. Je n'ose même pas imaginer ma tête. Il est exactement 05:44. Je suis censée me lever dans une quinzaine de minutes et je n'ai pas fermé un oeil de la nuit. J'ai réfléchi à ma situation. Et maintenant, je me sens on ne peut plus bête d'avoir songer à un inconnu. Enfin, un presque inconnu puisque je connais son nom. Je suis plutôt de nature forte et imperturbable, mais il semble que ce garçon soit devenu un problème. Il m'angoisse. J'ai presque envie de me rendre malade afin d'échapper à son beau regard de psychopathe. J'ai peur, peur de le croiser encore une fois. Pourtant, je ne suis pas du genre à devenir effrayée par tous ce que je vois. Son regard avait quelque chose de différent, d'étrange. Il était terrifiant et ensorcelant. Il m'attire autant qu'il m'angoisse. Il est mystérieux. Mais je ne suis pas sûre qu'il soit mystérieux dans le sens positif du terme.
Je me redresse et pose mes lunettes sur mon nez. J'enfile une longue veste et descends les escaliers. Les yeux de mon père s'écarquillent lorsqu'il m'aperçoit. Il m'applaudit. Enfin, en réalité, il se moque. Pénélope entre dans la salle à manger. Et elle aussi est à deux doigts de tomber des nues en me voyant. Je dévisage mes parents et je m'assois, sans ajouter un mot. Je mange tranquillement un muffin aux fruits rouges.

- A quelle heure t'es-tu couchée, Gabriella ?

Je serre les dents. Lorsque mes parents m'appellent par mon vrai prénom, c'est souvent pour deux raisons. Soit, ils sont inquiets, ou en colère, soit c'est simplement pour me faire maronner. Je relève la tête vers ma mère. Elle fixe mes cernes qui doivent certainement descendre jusqu'à mes pommettes tant ils sont immenses. J'hésite sincèrement à lui répondre. Elle sait déjà ce que je vais lui dire. Alors inutile de gaspiller ma salive. Pourtant, elle se racle la gorge, comme pour me rappeler qu'elle attend une réponse.

- Tard, j'arrivais pas à dormir, grogné-je.
- Bravo ! C'est malin ça ! Pour ton premier jour de cours ! Tu vas faire bonne impression avec des poches sous les yeux. On va me prendre pour qui, s'offusque Ethan.
- Papa, calme toi s'il te plait. Ce ne sont pas des cernes qui vont m'empêcher de réfléchir.

Pas des cernes, mais la fatigue oui. Parce que je suis une très bonne menteuse. Il est évident qu'après une nuit blanche je sois complètement crevée. Je termine mon muffin et file me préparer. En général, j'évite de m'éterniser trop longtemps quand je suis dans la même pièce que mes parents. Evidemment, je profite d'être en avance pour fumer une cigarette. Le truc, c'est vraiment que j'aimerai arrêter. Mais d'abord, fumer est devenu une addiction pour moi. Et secondement, quelque chose au fond de moi me pousse à continuer de me ruiner les poumons juste parce que ça emmerde mes parents. C'est idiot, mais je me sens plus puissante face à eux. Je suis toujours en duel avec eux indirectement. Dès qu'une chose déplaît à Ethan ou à Pénélope, j'essaye de faire continuellement cette chose devant eux. C'est en quelque sorte une façon de me venger. Même si venger est un grand mot, souvent, leur sur-protection massive m'étouffe. C'est pour ça que j'ai besoin de tester mes limites et les leurs. J'ai besoin de trouver qui je suis vraiment. Parce que pour le moment, je n'en ai aucune idée. Et ce n'est certainement pas Ethan qui m'aidera.

   Une fois prête, je rejoins mon père, comme d'habitude. Papa est un homme mystérieux. Et je pense qu'il me cache beaucoup de chose. On ne parle jamais ensemble. Il est juste là pour me faire la moral. Et, je n'ai pas tellement de souvenirs de mon enfance. Je baille à m'en décrocher la mâchoire. Je n'ai jamais été aussi fatiguée.

- C'est malin ! Quand est-ce que tu deviendras raisonnable Gaby ? Soupira mon père.
- Quand tu le deviendras aussi.

Il me tue du regard et je sens que je ferrais mieux de me taire. Et c'est ce que je fais. Je ne tiens pas à continuer la route pour le lycée à pied. J'ignore de quoi est capable mon père. La voiture s'est enfin arrêtée. J'ouvre la portière et me libère enfin de cet atmosphère oppressante. Je marche discrètement, priant intérieurement pour que les deux filles que je hais ne m'aperçoivent pas. Je soupire de soulagement lorsque j'atteins mon casier. Nicki est là, comme à son habitude. Elle porte une robe rose. Malheureusement, nous n'avons jamais de cours en commun puisque mon amie est en dernière année. Après, elle partira pour l'université et moi je me retrouverai seule ici.

GabriellaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant