Chapitre 15

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P.D.V. Lucy

J'avalai difficilement ma salive, essayant de récapituler. Il y a quelques temps, un hologramme de Kukai est apparu au centre de la guilde, leur transmettant un message assez clair: Ne pas venir me chercher. Il s'était ensuite transformé en petits insectes noirs qui mordaient les gens, prenant possession de leur âme. Heureusement, Lisanna et Kanna étaient, à ce moment, en train de se reposer et Grey avait gelé la mouche chargée de le mordre. Natsu avait été attaqué par la "reine" et était devenu le chef de leur groupe. Suite à leurs assauts, la ville avait été détruite et un sorcier pas très doué avait essayé de créer un virus pouvant les détruire. Et le virus l'a infecté avant qu'il ait pu appliquer son plan.

La maladie créée avait dégénéré et la plupart des habitants en étaient mort, seuls les plus chanceux survivant. Ou malchanceux, dépendant du point de vue. Je sentis une main caresser mon bras et je sursautai violemment. Je tournai la tête vers Grey, qui avait stoppé son geste, ayant remarqué mon inconfort.

    — Je me suis ennuyé de toi, avoua-t-il.

    J'esquissai un sourire en coin en baissant les yeux. J'avais tellement envie de lui répondre que moi aussi. Mais, pour être complètement honnête, sa présence me rappelait mes pensées sombres et, malgré le fait que le bandage que je portais toujours au bras camouflait ma "marque", je sentais ma cicatrice brûler.

    Je regardai le corps inanimé de Claira. Elle ne s'était toujours pas réveillé, même après les deux derniers jours de sommeil. Je replaçai une mèche de cheveux derrière son oreille, dégageant son visage contracté par la douleur. Lisanna m'avait averti qu'il était impossible de la sauver sans Wendy ou Polyussica. Mais toutes les deux n'étaient pas près de nous aidé. En effet, dès la première journée du désastre, la sorcière au cheveux roses avait disparu.

    Je sentis Grey s'asseoir dans mon dos. Je me retournai, repliant mes genoux contre moi et croisant mes bras dessus. Lui était simplement assis en indien.

    Je me souvins vaguement d'un article sur la psychologie humaine et sur l'interprétation des mouvements. Croiser les bars ou coller ses jambes contre soi est un geste instinctif pour protéger ses organes vitaux et se défendre. D'ailleurs, c'est l'une des raisons pour lesquelles quand tu fais confiance ou aimes quelqu'un, tu lui fais un câlin ou lui "offre" la possibilité de t'attaquer.

    Grey sourit, m'arrachant à mes pensées et je m'efforçai de me placer dans la même position que lui. Il me fixa, ses yeux parcourant mon visage, puis mes bras, que j'avais inconsciemment replacé. Il gratta son front, puis essuya ses mains sur son chandail, signe que j'interprétai comme de la nervosité réprimée. Il se mordilla la lèvre et ferma les yeux.

    J'observai son visage, imprimant chaque petites parcelles, chaque petites imperfections, de sa peau, allant de la grosseur de ses yeux à la forme de son visage.

    — Est-ce qu'il t'a menacé? demanda Grey, au bout d'un moment.
    — Oui, mais pas très souvent... répondis-je après de longue hésitation.

Je vis sa mâchoire se serrer en harmonie avec ses poings. De toute évidence, il essayait de rester calme. Sa respiration se fit plus lourde, plus pesante, alors qu'il ouvrait les yeux. J'observai la manière dont ses pupilles se dilataient avant de rétrécir pour s'ajuster à la lumière ambiante, lumière venant de de torches qui étaient accrochées aux murs.

— Et il t'a fait mal? s'enquit-il doucement.

Je baissai la tête et ferma brusquement les yeux, tentant vainement de repousser les images, les sensations, que mon cerveau m'envoyait. Je retins ma respiration pour ne pas éclater en sanglots. Je ne voulais plus être cette pauvre adolescente sensible, faible. Il fallait que je vieillisse, que j'oublie. Une vielle citation me revint à l'esprit : "Là où le sang a coulé, l'arbre de l'oubli ne peut pas pousser." Mon geste répondant par lui-même, Grey se leva en jurant, passant un main dans ses cheveux. Son regard tomba sur mon bras bandé.

Grelu: Ne Pars PasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant