Jolie fleur

Chapitre 50

Je la fixais, interloquée.
Elle se décida à lâcher le morceau après un bout de temps :

"La personne qui a fait ça, c'est Jade Brillebourg."

Mes yeux se sont arrondis sous le choc.

"Attends... Gordon, tu es sûre que c'est le gars qui a trouvé le sous-vêtement que l'on dit appartenir à..."

Victoria roula des yeux et la coupa rapidement :

"Évidemment, tu me prends pour qui ?
- Comment aurait-elle pu faire une chose pareille ? je dis dans un souffle
- Eh oui, personne ne pourrait penser que la douce et innocente Jade puisse faire d'horribles choses, me susurra-t-elle d'un ton faussement dramatique
- Ok j'avoue la détester depuis un moment mais, pourquoi elle viendrait foutre le bordel dans ma vie ? Je ne lui ai absolument rien fait ! me défendis-je
- Tu n'as pas besoin de faire quelque chose pour que cette garce s'amuse à gâcher ta vie.
- Tu as l'air de t'y connaître... commençait Rachel"

Mais la sonnerie l'interrompit et Victoria partit en clamant :

"On se voit plus tard pour continuer cette discussion les filles."

Je ne dis rien et Rachel soupira.

"Ce n'est même pas la fin de la pause ! s'exclama mon amie peu après
- C'est Victoria. Faut pas chercher à comprendre...viens, on va manger.
- J'ai le ventre qui gargouille !
- Raison de plus, la poussais-je en rigolant"

On déjeuna lentement.
Mes pensées étaient encore tournées vers cette histoire.
L'attitude de Victoria me laissait croire que Jade était loin d'être la petite fille sage qu'elle laissait paraître.
Qui était-elle vraiment alors ?
Rachel releva le regard vers moi quand elle eut fini sa bouchée de riz et de viande.

"Est-ce que ça va ?
- Ouais, t'inquiète pas, je me retourna en face d'elle, j'ai...j'ai juste pas faim. Mais mange ! Je t'attends.
- T'as rien mangé, t'es sûre que ça va ? elle insista en haussant un sourcil
- Bien sûr, je l'assurais en esquissant un mince sourire"

Elle abandonna et j'en profitai pour continuer de fixer les gens qui passaient.

"L'apparence n'est qu'une façade."

Après la fin des cours, Rachel me proposa de passe un moment ensemble mais je déclina avec des explications confuses.
Elle voulait me pousser à dire ce qui me tracassait mais je fuis pour esquiver une longue discussion.
Je ne souhaitais en aucun cas qu'elle passe son temps à tenter de me remonter le moral.
J'étais juste déconcertée par les aveux de Victoria sur Jade, rien de bien grave, je réagissais comme une personne normale en fin de compte.
Il fallait d'ailleurs que je discute avec Victoria.
Je réussis à dénicher son pseudo sur Skype par un de mes camarades lycéen et la demanda en amie.

"Ah miss Crown, je reçus peu après
- Victoria j'ai besoin de parler."

Elle prit du temps à répondre.

"Bah vas-y idiote. Je suis la tu vois bien.
- Pourquoi tu n'arrêtes pas Jade ? Je veux dire, tu as ce que tu veux, tes parents ont du pouvoir. Preuve : tout le monde te craint au lycée. Alors pourquoi tu ne t'es pas vengée si elle t'avait fait quelque chose ? Tu peux mettre la misère dans la vie d'un pauvre gars qui t'aurais regardé dans les yeux sans ton autorisation. --'
- Jade est différente, je sais de quoi elle est capable. Personne ne la soupçonne mais je dois avouer que je la crains, si tu étais à ma place, tu n'aimerais pas qu'elle te déteste.
- J'ai besoin de savoir pourquoi Victoria.
- T'es chiante, pire que ce que je pensais. Je sais même pas pourquoi je continue à te parler, c'était la pire idée que j'ai fait de vouloir me rallier à toi. Mais bon, c'est fait maintenant. Enfin... Mes parents m'ont toujours chouchouté, j'ai eu tout ce que j'ai voulus depuis petite, la seule règle que j'avais c'était de ne pas embêter les enfants de leurs contacts, comme il y en avait certains proche de mon âge, dont Jade. Je n'avais pas de raison de refuser, pas à cette époque, ma vie était parfaite, les autres me respectaient... Puis Jade s'est ramenée, et malgré qu'elle ne soit pas aussi riche que moi, c'est toute sa famille qui peut me dégager si ils le veulent parce qu'ils ont de l'influence. Son père surtout, aide beaucoup mes parents, je ne peux pas la soumettre comme les autres."

En lisant son message, je fus étonnée qu'elle m'ait dit ce que je voulais savoir sans résister.
Tant mieux pour moi.

"Alors pourquoi elle ne vous a pas fait partir, toi et ta famille, si elle pouvait ? Apparement vous ne vous aimez pas toutes les deux.
- Sûrement car elle a un point de pression sur moi, cette stupide pétasse. Elle m'a déjà menacé cette folle, fais-moi confiance c'est mieux qu'elle se casse celle-là."

Je réfléchis à ce qu'elle m'a dit.
Était-elle en train de jouer avec moi ?
Est-ce que j'avais vraiment un intérêt à la suivre ?
Des questions défilaient dans ma tête.
Pourtant, j'avais le sentiment, au fond de moi, que mon choix était déjà fait.

"Ok, je te suis."

Elle ne répondit pas à mon message et je soupirai en fermant mon ordinateur portable.
Mon regard tomba sur mon sac de cour, affaissé contre le mur, proche de mon bureau.
Je vérifiais les devoirs et fis mon sac pour le lendemain.

"Français : lire les textes du manuel pages 34 à 46."

Je grimaçai tout en tirant le livre de mon sac et m'assis sur ma chaise de bureau en cherchant la bonne page.
Alors que je lisais les dernières lignes d'un texte, ma mère m'avertit que c'était l'heure de passer à table.
J'hochai la tête et terminai de lire.
En descendant, je pris mon portable et vis un nouveau message de Rachel.

"Hey chérie, demain soir libère-toi y'a une soirée !"

N'ayant pas envie de sortir, j'ai prétexté avoir d'autres projets.
Évidemment elle ne m'a pas cru et a insisté.

"Rooooh allez ! J'ai trouvé une tenue parfaite pour toi en plus, ça fait longtemps qu'on est pas sortie.
- Tu veux pas plutôt qu'on reste tranquillement chez moi, à se mater un bon Dirty Dancing ? je lui proposais"

Je savais déjà qu'elle ne résisterais pas à l'appel de Dirty Dancing, son film préféré depuis toujours.
Elle prit du temps à renvoyer un mot mais finit par céder.

"J'amènerais des chips, fut sa réponse"

Ma mère nous avait servi pendant que je discutais avec Rachel.

"Merci maman, bon appétit.
- Tu en veux plus ? elle me demanda en prenant une louche du velouté."

Je déclina en regardant mon bol.
Comme souvent, le repas se passa en silence, les bruits des couverts contre la vaisselle seulement audible.