Chapitre 3

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Bien que je me sois proclamée "sans amis" avant même ma rentrée à la fac, on ne peut pas dire que Laura soit eni'jnuyeuse, bien au contraire. Avec Sylvia et Ilyana, je retrouve un peu de bonheur dans ma vie monotone et sans intérêt. J'en ai appris sur elles durant le week end plus que j'en ai dit sur moi. Laura a une soeur jumelle, Joane, qui a préféré rentrer dans le monde du travail plutôt que d'aller à la fac, à la grande déception de leurs parents. Elle vient de Washington et elle rêve de devenir pédopsychiatre. Elle aime chanter (je l'ai entendu le dimanche matin dans la fiche, bon, heureusement pour nos oreilles qu'elle n'a pas décidé d'en faire sa carrière), faire des gâteaux, danser, dévaliser les magasins... Bref, la fille simple, un peu déjantée. Sylvia est l'intello. Elle veut faire de grande études d'informatique et elle sait même pirater des ordinateurs, apparemment. Elle me fait penser à la geek dans Esprits Criminels. Ilyana, elle, est plutôt rebelle. Ses parents sont morts quand elle était petite et depuis elle a été ballotée de famille d'accueil en famille d'accueil. Elle suit des études dans le social afin d'aider les enfants en manque d'amour parental à trouver des bonnes familles, pour ne pas qu'il vive ce qu'elle a vécu. Toutes deux sont filles uniques, comme moi. En ce qui me concerne, je leur ai seulement dit que ma vie était normale, que j'avais des parents aimants et basiques, le type de vie complètement banale. Je ne leur ai pas parlé de ma maladie. Ce n'est pas un truc dont on parle facilement. Moi j'en dis sur moi, mieux je me porte.

Je n'ai rien fait de mon dimanche mis à part réviser mes cours de l'année dernière. Il parait que les premières semaines consistent à revoir le programme précédent pour pouvoir intégrer le suivant plus aisément.

Il est à peu près 16 heures quand Laura revient dans la chambre. Elle a dormi dans celle de son copain cette nuit. Elle semble abattue quand elle s'avachit sur son lit en soupirant.
- Il m'énerve, se lamente-t-elle.
Je relève les yeux de mon cahier et demande en mâchonnant mon crayon.
- Cha va pas ?
Laura me scrute pendant un moment, comme si elle voulait m'avouer quelque chose mais qu'elle se demandait si j'étais digne de confiance.
- Tu as déjà fais l'amour ?
Je manque d'avaler mon stylo. Elle demande ça comme ça, elle !
- Euh...
Je ne sais pas quoi répondre. En même temps on ne m'a jamais posé cette question. Même mes parents ne me l'ont jamais demandé, ils ont simplement joué leur rôle de parents en me mettant en garde quant à la contraception. Ma nouvelle amie continue de me scruter un moment, puis comme je ne répond rien, elle devine.
- Tu ne m'as jamais fais, hein ?
Je secoue la tête en rougissant. Est-ce embarrassant si on est vierge à dix-huit ans ? De nos jours, les filles ont leur premier rapport un peu plus tôt donc je dois avoir l'air d'une sainte Nitouche. Est-ce que j'aurais la chance de connaître cette expérience avant de mourir ? Je me rends compte que je ne me suis jamais posé cette question. Toutes mes angoisses relatives à ma maladie tournaient autour de mes études et mon avenir. Est-ce que j'arriverai à aller au bout de mes rêves ? Aurais-je le temps d'être diplômée ? Qu'y a-t-il la haut ? Est ce qu'il y a quelque chose, au moins ? Mais jamais je ne me suis demandé si je mourrais vierge ou pas. Et je me surprends à avoir envie de faire l'amour au moins une fois avant de partie pour de bon.

- Allô la Terre !
Je me retourne vers Laura qui s'est rapproché de moi et qui claque des doigts devant mes yeux.
- Je t'ai perdu pendant un moment. Qu'est ce qui ce passe on dirait que tu vas fondre en larmes !
- Rien, je... je rêvassais.
Un sourire coquin se dessine sur les lèvres de mon amie et elle me regarde avec des yeux malicieux. Elle s'asseoit à côté de moi.
- Oh toi tu me cachés quelque chose. Allez dis moi: jusqu'où es-tu allée dans le touche pipi ? Tu as un copain, au fait ?
Je souris en piquant un fard.
- Non, je n'ai pas de copain, avoué-je. Et je n'ai jamais fais de "touche pipi" comme tu dis.
Elle hausse les sourcils.
- Rassure-moi, tu as déjà embrassé un mec ?
Je rougis de plus belle et elle se lève d'un bond.
- J'y crois pas Maylie ! Tu es la seule fille de dix huit ans que je connais qui n'a jamais embrassé quelqu'un ! Tu es gay ?
- Non ! m'écrie-je, sur la défensive, avant de réfléchir un moment. Enfin je crois pas... C'est juste que... aucun garçon ne m'a attiré jusque là.
Immédiatement, ma conscience me ramène vingt-quatre heures en arrière et me rappelle le playboy en fauteuil roulant. Ouais, aucun  garçon... jusqu'à ce que je le rencontre, lui.

Pour Maylie (Arrêtée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant