10 ans auparavant...
J'étais inséparable de mon frère Eric. Nous ne nous ressemblions pas pour un sou, pourtant, on devinait tout de suite que nous étions jumeaux. Nous avions une relation fusionnelle, nous faisions tout ensemble. Plus encore, c'est moi qui lui ait transmis la passion du ballet. Quand j'ai pris mon premier cours dans une petite école de banlieue, il était resté plus d'une heure à me regarder par la fenêtre de ses grands yeux noisette. Au bout d'un mois, le professeur, qui s'en était rendu compte, tint à le faire participer. Depuis, il ne s'était jamais arrêté de danser. C'était très gratifiant de pouvoir partager cette passion avec mon frère, nous nous entraidions, nous étions un véritable binôme. Puis à l'adolescence, un même rêve a germé dans nos esprits: intégrer un corps de ballet, c'est à dire en faire notre métier. Je reste certaine qu'Eric était plus talentueux et plus prometteur que moi.
Il y a 3 ans, je reçus un coup de fil de ma mère, en larmes. Je raccrochai, me précipitai à l'hopital, et là je vis mon frère, étendu, inerte. Il s'était fait percuté par une voiture. Quand le médecin tint à nous parler, nous comprîmes que c'était fini. Je quittai l'hopital en courant, je ne savais pas ou j'allais, je voulais juste être seule, pleurer jusqu'à n'en plus pouvoir. Pourquoi ça lui arrivait à lui? Lui, qui avait des rêves plein la tête, lui qui n'avait encore rien vécu. Pourquoi la vie me l'a t- elle pris si tôt? Mais plus encore, le délit de fuit qu'avait commis le chauffard qui a renversé Eric nous empêchait de faire réellement notre deuil,une partie du puzzle manquait, et c'était insoutenable.
Depuis ce jour, notre famille vola en éclat. Mes parents étaient devenus aigris, ils n'arrêtaient pas de se disputer pour un oui ou pour un non. Ils divorcèrent quelques mois plus tard.Leur relation n'a plus jamais été la même après le drame. Quant à moi, éreintée de vivre dans cette grande maison vide qui me rappelait ma vie d'avant, incapable de continuer à fréquenter notre studio habituel encore hanté par les souvenirs,je décidai de prendre mes distances et de m'inscrire en sport-études, à l'autre bout du pays. Eric n'a pas pu réalisé son rêve, je le réaliserai pour lui, pour nous, quoiqu'il m'en coûte.
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Mon combat
General FictionLa salle de bain était éclairée par un délicat filet de soleil. Je scrutais mon reflet dans un grand miroir, une profonde tristesse m'envahit. Je devais me rendre à l'évidence. Rien n'avait changé. En tremblant je me dirigeais vers la balance. L'aig...