Chapitre 7: La Mort du Cygne

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Petite parenthèse: le titre du chapitre fait référence à un morceau du compositeur Tchaikovski dans le ballet du Lac des Cygnes.


Le volet que j'avais laissé ouvert par inadvertance claqua brusquement, ce qui me fit sursauter. Les rideaux éclairés par la lumière astrale arrêtèrent soudainement leur valse.Je pus ainsi voir distinctement mon frère jumeau,mon Eric. Ce n'est pas comme si ces apparitions qui me rappelaient les films d'épouvante de mon enfance m'étaient devenues familières,mais je commençai doucement à intégrer l'idée que je pouvais communiquer avec l'au-delà, et réciproquement. Et si tout ceci n'était qu'une illusion, une hallucination causée par mes troubles alimentaires, ou par une démence insoupçonnée? Je n'en savais rien, et honnêtement, c'était mieux ainsi. Autant profiter de la chance de partager encore quelques instants avec Eric.

-Fanny, tu ne peux pas te permettre de repousser ta remise en question! Attendre la fin de la saison serait une erreur. Crois-moi,de là ou je suis je peux voir des choses que tu ignores...S'il te plait, au nom de notre lien de sang, de tout ce que nous avons partagé,reprends toi! Je t'aiderai, je ne m'en irai que lorsque je te saurai hors de danger.

-Eric, tu es revenu comme par magie, tu apparais n'importe où, n'importe quand, puis tu disparais...Je suis perdue. Je ne sais même pas si tout ça est réel. Et tu me demandes de renoncer à la danse...

-Je ne te demanderai jamais une chose pareille! Tu peux danser, mais tu peux également  avoir une vie digne de ce nom en ne te souciant pas d'un chiffre sur une balance!Pourquoi danses-Fanny? Pourquoi dansions-nous? N'est ce pas pour se sentir maître de son corps, exprimer des émotions qu'il est impossible d'exprimer autrement, se livrer corps et âme au public? Pour accomplir tout ça, tu n'as pas besoin de sacrifier ta santé. Et si cette école ne te permet pas de vivre comme tu le souhaites, tu n'a rien à y faire.

-Comment tu peux dire ça?? Comment tu peux dénigrer l'école qui sera peut être mon tremplin? Nous en rêvions tous les deux Eric! Nous rêvions d'intégrer une académie de cette envergure! 

-Et bien, je n'ai pas le choix: Regarde ce que cette école va te faire si tu ne changes pas la donne.

Eric prit ma main, une fumée de panache bleutée m'enveloppa et je sentis la terre se dérober sous mes pieds. Je fermai les yeux, aveuglée par une intense lumière. Quand je les rouvris, je me retrouvai toujours accompagnée d'Eric, dans ce qui ressemblait à une chambre d'hôpital. Cinq ou six médecins s'affairaient autour du lit du/de la patient(e). Plusieurs machines bipaient inlassablement, des voyants rouges se mirent à étinceler. Eric m'entraîna près du lit . Nous étions invisibles aux yeux des personnes présentes. J'imaginais que c'était lui sur le lit, après l'accident. J'imaginais qu'il voulait me montrer ses derniers instants. Je poussai un cri d'effroi lorsque je m'aperçus que le corps cadavérique que les médecins tentaient de réanimer était le mien. J'étais squelettique, mon teint était blafard. Je serrai la main d'Eric encore plus fort dans la mienne. Les machines se turent soudainement. Seul un son aigu émanait encore de l'écran branché à mes électrodes.

-Heure du décès: 19:52, déclara un des médecins.

A cet instant je me mis à sangloter, recroquevillée sur moi-même, tenant fermement ma tête entre mes deux mains.

-Je vais mourir.... Ca ne peut pas être vrai...Eric, dis quelques chose, je t'en prie.

-Je ne voulais pas te montrer ça, mais voilà ce qui t'attend si tu ne te soignes pas. Tu es malade Fanny, accepte-le, tu peux encore changer ton destin.

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-Fanny, c'est Marc, ouvre la porte!

La voix de Marc me réveilla en sursaut. J'avais le visage trempée de sueur, de larmes. Les coups à la porte redoublèrent. Je sortis péniblement de mon lit, presque dans un état de transe. J'ouvris et découvris Marc, haletant.

-Fanny, pourquoi criais- tu ? Tu m'as fait peur. Je passai par hasard dans le couloir et je t'ai entendu. Ca t'arrives souvent d'avoir des cauchemars si agités?

Cauchemar...Tout me revint instantanément en tête. Ce n'était qu'un rêve;le fruit de mon imagination tourmentée.  Pourtant, ça paraissait si réel. Je sens encore la main chaude de mon jumeau contre la mienne. 

-Tout va bien, Marc, je suis juste un peu stressée ces temps -ci, avec les répétitions,être la doublure de Giselle me met beaucoup de pression, et puis il y a les cours et...

-Stressée tu dis? J'ai ma petite idée. Suis moi.

-Marc, il doit être 1h du matin là. Où est ce que tu veux qu'on aille?

-Fais moi confiance.

Je me dis que cette soirée du Nouvel  An ne pouvait pas être plus étrange.

Nous déambulâmes dans les allées longilignes de l'Académie. Je commençai à deviner où il comptait m'amener. Mon intuition fut correcte. Nous nous retrouvâmes dans la salle de répétition principale. Marc brancha son lecteur et la ritournelle du Lac des Cygnes enveloppa la salle. 

Je me mis à sourire. La situation était pour le moins surprenante.

-Marc, tu sais que si on nous surprend ici on va avoir de gros ennuis?

-On ne pourra pas nous punir pour nous être entraînés, pas vrai?

Il n'avait pas tort. Je me mis en cinquième position, et entamai le solo de l'acte I, accompagnée de Marc. Je n'avais pas  vraiment fière allure dans mon pyjama violet, mais pour une fois, je ne me souciais pas de l'image que renvoyait le miroir. Je vis simplement deux partenaires célébrer la nouvelle année par ce qu'ils aimaient faire le plus : Danser.

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 Voilà, c'est tout pour ce soir! J'ai conscience que mes chapitres prennent du temps à arriver, mais j'essaye de donner plus de maturité à mes écrits,, j'espère que ça se ressent de votre côté amis lecteurs! N'hésitez pas à me contacter pour toute suggestion, critique, commentaire....Bref, je suis à votre écoute!

PS: J'ai rendu hommage à Grey's Anatomy dans ce chapitre, peut être que les fans de la série l'auront remarqué! Le médecin qui prononce le "décès" de Fanny n'est autre que Derek Shepherd!

Mon combatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant