Chapitre 4: Un ange venu d'ailleurs

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-Eric?

Je sentis mon coeur tambouriner dans ma poitrine. La pénombre qui baignait l'infirmerie contribuait à donner cet aspect surréaliste à la scène. Devant mes yeux agressés par les néons se tenait fièrement mon frère jumeau, avec sa belle crinière blonde et ses grand yeux bleus pétillants. Il me souriait, j'étais tétanisée. Je n'eus pas le temps de reprendre mes esprits avant que la porte ne s'ouvre doucement dans un grincement, et l'image d'Eric s'estompa brusquement. Il avait disparu.

Mme Glinda s'assis près de moi en souriant. Elle était contente que tout aille bien. J'étais touchée qu'elle soit venue me voir, mais ce qui s'était produit me mettait dans tous mes états. J'étais comme en transe, je n'arrivais pas à extirper ce moment de mon esprit. L'infirmière, munie d'un carnet de notes, fit irruption. Je savais d'avance ce qu'elle allait me dire: que j'étais imprudente, inconsciente...Mais je ne pouvais pas faire autrement. Je ne pouvais plus être le vilain petit canard, ne pas correspondre à l'image d'une danseuse filiforme.Aucune compagnie digne de ce nom ne ferait de moi une étoile quand je serai diplômée de l'académie, c'était certain. Je ne saurai quoi faire sans la danse. Retourner dans ma ville natale, replonger dans la mélancolie, commencer un cursus en droit ou je ne sais quelles autres idées de mes parents...Non, c'était inconcevable. Au détriment de ma santé, je devais perdre du poids. 

2 jours après cet incident, c'étaient les vacances d'hiver. Bientôt, les élèves désertèrent l'école, bien contents de s'octroyer quelques jours de répit. Le corps en a besoin. Tandis que certains s'offrirent des vacances au ski, les autres étaient contents de retrouver le cocon familial et de partager les fêtes avec leurs proches. Je n'avais pas envie de tout ça. Chaque fin d'année était devenu pénible depuis la mort d'Eric. Son accident avait eu lieu un 24 Décembre, la veille de Noel... C'était peut être ce douloureux souvenir  qui m'avait fait halluciné l'autre jour.

Je décidai de rester à l'académie pendant les vacances. L'internat était ouvert aux rares élèves qui décidaient de rester. Au moins, je pourrais m'entraîner, c'était déjà ça de gagner.

Un matin, je décidai de m'habiller et de sortir prendre l'air. Les rues enneigées était comme anesthésiées par le froid. Je m'assis sur un escalier devant la porte d'entrée de l'académie et les paroles de l'infirmière me revinrent soudainement en tête:  Tu es en danger Fanny...

Je préférai chasser cette pensée de mon esprit, et me plonger dans un bon livre. J'avais gardé une photo d'Eric dedans, c'était son roman préféré. Ma solitude fut de courte durée. Marc vint s'asseoir près de moi. Nous n'avions pas vraiment l'occasion de nous parler, cette situation me gênait.

-Tu n'as pas peur du froid on dirait....dit il en souriant

-Pas vraiment, j'habitais dans le Nord avant, du coup je suis comme vaccinée on va dire! 

-Ca me rappelle que tu ne m'as jamais vraiment raconté ton histoire, comment tu es arrivée là, d'où tu viens...Ce serait bien qu'on se connaisse davantage vu qu'on va certainement passer un petit bout de temps ensemble avec toutes les répétitions qui nous attendent.

Je ne sais pas pour quelle raison mais je sentis mes pommettes rougir. Je n'avais pas sympathisé avec quelqu'un de puis longtemps. Je commençai à lui raconter mes années sport études, l'audition....Je n'étais pas prête à lui parler de mon anorexie. Pour une fois, je voulais passer pour une fille 'normale'.

Tout à coup, une bourrasque de vent s'éleva. Les pages de mon roman défilèrent, laissant s'envoler la photo d'Eric. Marc la rattrapa de justesse. 

-Tiens, tiens,tu n'aurais pas omis de me parler de ce beau blond?

Je baissai les yeux, et je sentis mon regard s'embrumait de larmes.

-C'est mon frère jumeau, Eric. Je l'ai perdu dans un accident de voiture il y a 3 ans. La veille de Noel....

-Je suis désolé, balbutia t il. Si tu veux tu peux m'en parler, ça te fera du bien.

Je vis dans ces yeux bleu lagon qu'il était sincère.

-C'était un danseur, il était très talentueux. Mais en ce jour de neige, une voiture le percuta de plein fouet alors qu'il était à pieds, à cause du verglas. Les médecins ont tout fait pour le ranimer, mais c'était trop tard.(J'interrompis mon récit, pour étouffer un sanglot). Le conducteur a pris la fuite sur le champs. On ne l'a jamais retrouvé.

Je levai les yeux vers Marc qui semblait très ému. Il ne connaissait pas Eric, et pourtant je sentis qu'il compatissait sincèrement.

Après cette confession, je ne revis plus Marc pendant des jours. A croire qu'il était parti lui aussi.

******

Dans le dortoir inoccupé des garçons, Marc avait passé des jours à éplucher de vieux journaux, des sites Internet.....Il ne sortait quasiment plus de la chambre. Jusqu'au jour ou il dénicha un article du journal local datant du 25 Décembre 2009: Accident mortel sur la route B89. Plus bas, il reconnut le nom d'Eric White. 

-Ce n'est pas possible...



Mon combatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant