Élio étalé sur le sol, complètement inerte, il n'y avait que son torse qui s'élève pour se rabaisser juste ensuite en une faible cadence. Je ne l'avais jamais vu ainsi, j'avais toujours connu un Élio fort avec son regard perçant et sa posture intimidante. Et le voir allongé par terre, aussi vulnérable que jamais me serra le cœur, et l'inquiétude me ronge d'intérieur.
Une pensée implacable transperça mon pauvre esprit pour torturer ma conscience. J'étais la responsable de son état présent, Jack m'avait prévenu à maintes reprises, je me rappelais comme si c'était hier. Ses paroles étaient encore fraîches comme de la cire dans ma mémoire. 'Jade, je ne suis pas en train de mentir, Élio ne va pas bien sans toi.' J'avais fait la sourde oreille, le supplice que je ressentais m'avait aveuglée, et je m'étais comportée comme une égoïste. Oubliant le mal qu'il pouvait l'importer, je m'étais résignée de ne me focaliser que sur ma personne.
Je n'avais réalisé la profondeur de mes sentiments et de ce que j'éprouvais pour lui, que lorsque je l'avais vu faible et fragile. Cette inquiétude qui transperça mon âme et cette torture qui serra mon cœur, tout cela reflétait mes sincères sentiments envers lui. Certes, il m'avait blessée, certes, j'avais souffert à cause de lui. La vérité me faisait peur, mais je l'aimais et il n'y avait aucune solution pour arrêter mon cœur, j'avais peur de me retrouver seule, j'avais peur d'avoir encore une fois le cœur en miettes si je le pardonnais. Élio représentait pour moi, à présent, une énigme et je savais qu'avec ma foutue curiosité, j'essayerais de percer encore plus loin dans son passé et sa vie personnelle, et j'avais peur de trouver quelque chose de troublant. J'avais peur que l'image que je retenais de lui se changea.
Déboussolée et sans trop savoir quoi faire, je me précipitais de lui apporter un vers d'eau, mais en constatant qu'il ne pouvait pas le boire, je me maudissais d'avoir agi comme une sacrée idiote. Les idées tournaient dans mon esprit et je ne savais pas comment faire pour le réveiller, une angoisse effrayante s'empara brutalement de mon corps et je me surpris à trembler de tous mes membres. Qu'est-ce qu'il avait ? Pourquoi ne bougeait-il plus ? À un moment donné, je m'étais convaincue qu'il ne faisait que me jouer une mauvaise blague, mais lorsque je voyais qu'il ne réagissait pas, je comprenais alors qu'il ne le faisait pas exprès et une panique incontrôlable me secoua. Il avait besoin de mon aide, et il fallait que je réagisse vite avant qu'il ne soit trop tard.
Une idée me frappa et je me précipitais de l'exécuter, sans oublier de me maudire d'avoir était trop stupide de ne pas y penser plutôt. Je me dirigeais vers son bureau, saisissant son cellulaire avant de chercher de contacter sa sœur. Elle est la seule à savoir ce que j'étais supposée faire. Lorsque je défilais les contacts, je faisais en sorte que le nombre impressionnant des prénoms de femmes qui passait sous mes yeux ne m'affectait guère. Chose que je n'arrivais pas à faire, je savais qu'il fréquentait des femmes, mais des femmes d'affaires, son domaine consistait cela. Mais lorsque j'en avais la preuve sous mon nez, cela m'infligea plus que je ne l'imaginais.
" Élio ? " Disait-elle à travers le combiné de téléphone, et soudain, je me sentais bizarre de lui parler alors que je ne l'avais vu que pour quelques minutes. Et je constatais, stupide que cette information soit-elle, que j'en voulais à elle aussi puisque bien évidemment, elle avait participé à cette conversation mystérieuse. Les souvenirs de ce jour lors de cette éternelle dispute refaisaient surface, et la douleur revenait aussi pénible qu'auparavant. Je n'arrivais pas à prononcer la moindre parole, tellement la déception noyait mon esprit. Je croyais la connaître, mais le jour que j'avais constaté qu'elle était au courant de ce soit-disant fichu plan d'Élio de me faire souffrir, cela m'avait profondément contrariée.
Lorsqu'elle n'entendait rien, elle essaya de reparler. "Élio est-ce que tout va bien ?" Demanda-t-elle avec une inquiétude qui perça sa voix, qui commença légèrement à trembler. Après mon silence que je ne comptais pas rompre, Rose se rendit compte que ce n'était pas Élio, mais bien une autre personne. " Jade ?" Présagea-t-elle et je hochais la tête, comme si elle alla me voir, chose qui était pratiquement impossible. Je ne réalisais ma stupidité que lorsqu'elle renchaîna : " Jade est ce toi ?" Haussa-t-elle un peu sa voix, croyant que je ne l'avais pas entendu. Je me raclais la gorge avant de me préparer pour la répondre, même si je n'avais aucune envie de le faire, mais Élio était inconsient près de moi et je devrais l'aider, je ne pouvais pas le laisser ainsi. " Oui, c'est Jade." Répliquais-je d'une voix à peine audible, mais lorsqu'elle soupira à l'autre bout du fils, je savais qu'elle m'avait entendue. " Jade, je ne sais pas quoi te dire, tu sais je-" Commença-t-elle visiblement dans un essai de se défendre, mais je n'avais aucune envie de l'entendre, je l'avais contacté pour savoir ce que j'étais supposé faire pour aider Élio, pas pour résoudre un énorme désastre à travers un fichu cellulaire. C'était particulièrement pour cela que je l'interrompais instantanément. "Est ce qu'Élio s'évanouit d'habitude ?" Demandais-je brusquement, et mon ton froid me stupéfia. Un hoquet de surprise s'entendit à travers le combiné et je soupirais. "Pourquoi cette question ? Qu'est-ce qu'il a ?" Demanda-t-elle à la hâte, l'angoisse trancha sa voix douce. "Réponds-moi." Ordonnais-je pressée, si je l'appelais c'était juste pour savoir ce que j'allais faire, elle était mieux posée pour savoir ce qu'arrivait à son frère d'habitude, pas que j'en fasse la conversation avec elle. Mon ton fut froid sans que je le voulusse vraiment. "Quand il ne prend pas ses médicaments, où quand il consume une overdose de sucre, où encore quand il a une chute de tension." M'informa-t-elle aussi vite qu'un éclair, et j'écarquillais mes yeux stupéfaite. " Est-ce qu'il est diabétique ? " Demandais-je incrédule et lorsqu'elle confirmait, je restais interdite. Élio ne m'avait jamais mentionnée sa maladie, et le fait qu'il me cachait une chose aussi importante que cela me procura un pincement au coeur. On avait passé des moments aussi intimes qu'il pouvait m'avouer sa maladie, mais pourtant, il me l'avait cachée.
Rose m'avait conseillée de lui donner quelque chose de sucré, elle m'avait aussi informée qu'il mettait du chocolat dans son tiroir, exceptionnellement pour ça. Et j'avais raccroché aussi vite que cette conversation avait commencé, essayant de ne pas paraître malpolie. Après avoir saisir le chocolat, je me précipitais de le lui donner. Élio fronça les sourcils avant de bouger sa tête, il murmura quelque chose d'incompréhensible avant de difficilement ouvrir ses yeux. Son regard s'accrocha au mien, et un sourire s'empara de ses lèvres. " Jade..." Murmura-t-il avant de refermer ses yeux, de ma main non occupée - celle qui ne tenait pas sa tête - je caressais sa joue, et je le sentais tressaillir sous mon toucher. Élio posa sa main sur la mienne avant de la porter sur son torse, exactement au-dessus de son cœur. " Écoute." M'ordonna-t-il d'une tendresse infinie, et je sentais ses battements accélérés, tout juste comme les miens. " Il ne bat que pour toi." Me confia-t-il et j'en fus touchée. Élio avait du mal à s'exprimer, il ne savait pas comment transmettre son ressenti, et la plupart du temps il préférait rester silencieux au lieu d'énoncer sa pensée et de faire ressortir ce qu'il avait sur le coeur. Et les efforts qu'il était en train de faire pour m'avouer ce qu'il éprouvait m'avait touchée en plein coeur. Je souriais instinctivement.
Tout en fourrant mes fins doigts dans ses cheveux, je me penchais pour déposer un baiser sur son front, pour lui montrer mon affection. Élio n'avait jamais su être proche de quelqu'un, il préférait rester froid et impassible pour ne pas revivre une certaine douleur qui datait d'une partie sombre de sa vie. Et dire que j'avais l'impression que j'étais la personne qui l'avait connu assez bien pour détecter à cet instant précis qu'il était véritablement honnêtte avec moi, était un euphémisme, parce que c'était vrai que je l'avais connu mieux que personne, mais à l'expression de son visage, à sa façon de parler et à l'émotion intense qui percevait sa voix, il fallait être aveugle et sourd pour ne pas le savoir. Je comptais pour lui, cela me paraissait comme une évidence, mais son comportement et ses paroles ce jour-là me laissait littéralement intriguée.
À quelle maudite vengeance faisait-il référence ? De quoi au juste parlait-il ? Les questions tournaient toujours en rond dans mon pauvre esprit, trop incapable de saisir le juste du faux. Je me trouvais coincée entre l'envie de le bombarder de question dans son état à ce moment pathétique, ou de garder le silence et de me forcer à rester dans une totale ignorance pour ne pas découvrir quelque chose de flippant.
Pendant que mon esprit vagabondait entre la raison et la folie, puisque bien évidemment ce que je vivais n'avait rien à avoir avec les relations normales, Élio était loin d'être comme un autre amant, son attitude était trop bouleversante au point que parfois, je ne pouvais plus le suivre. Son humeur pouvait être joyeuse juste pour se changer dans les minutes qui s'en suivaient pour devenir massacrante, et c'était essentiellement ce qui m'attirait chez lui, ma curiosité naturelle me poussa toujours pour le découvrir et pouvoir, par la suite, l'aider. Je sentais ses lèvres douces et charnelles contre le dos de ma main, et ce simple geste me fit tressaillir. Chaque parcelles de mon épiderme le réclamaient, alors qu'une chaleur naissait au niveau de mon bas-ventre.
Élio se redressa pour s'asseoir et je l'aidais. Trop absorbée par ce tourment de sentiments que j'éprouvais, je ne faisais pas attention lorsqu'il lâcha un gémissement de douleur, je ne le réalisais que lorsque sa main quitta la mienne pour tenir sa tête. " Est-ce que tu vas bien ?" Demandais-je lorsque je voyais ses sourcils froncés et ses yeux légèrement fermés. Élio hocha sa tête en signe de réponse tout en massant ses tempes. Lorsqu'il essayait de se lever, il esquiva un mouvement et manqua de tomber à nouveau, sauf que je me précipitais pour le tenir par son bras. " Doucement." Disais-je dans un chuchotement près de son oreille. Élio s'immobilisa avant de tourner sa tête pour accrocher ses yeux aux miens. Son souffle qui venait s'abattre sur mes joues me rappelait la distance infime entre nos deux visage, et une bouffer de chaleur secoua mon corps. Mon cœur battait contre ma cage thoracique, et un désir ardent s'instaura en moi.
Lorsqu'il se pencha pour déposer un baiser sur la commissure de mes lèvres, je fermais mes yeux. "Tu m'avais manqué." Chuchota-t-il en collant son front au mien, et j'ouvrais les yeux seulement pour les plonger dans le marron troublant de ses pupilles. J'y voyais un désir aussi féroce que le mien, et je me rassurais. Apparemment, je n'étais pas la seule à ressentir tout ce tas de ressentis et d'émotions. Cette avidité que je lisais à travers son regard me laissa pratiquement sans voix, et lorsqu'il se rapprocha davantage je perdais le contrôle de ma respiration, et je savais pertinement que je ne pouvais pas lui résister, quoiqu'il arrivait.
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Aide-moi (Tome 2)
RomanceLa vie peut être parfois extremêment pénible, et tourner la page peut se transformer en un tourment quasi impossible. Aprés toute une joie, des rêves à en couper le souffle et des promesses silencieuses. Un amour non avouée mais pourtant réciproque...