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Statut : non corrigé

*

Avez-vous déjà fait quelque chose de fou ? Quelque chose, que jusque là, jamais vous n'aurez cru être capable de faire ?
Une fois fait, vous vous sentez plus complet, plus fort. Et bizarrement, vous avez même envie de le refaire. Encore et encore juste pour avoir ce sentiment de plénitude. Je n'ai jamais eu ce sentiment. Non, vraiment jamais. Normal vous allez me dire, je suis une princesse.
Et si... et si j'oubliais mon passé le temps de quelques minutes ? Quelques heures ? Quelques jours ?

J'allais aujourd'hui sortir du navire. Le capitaine ne m'avait pas donné plus de précision, mais cela me suffisait. Je voulais juste sentir de nouveau l'air frais entré dans mes poumons.
J'étais à présent dans ma chambre -ou plutôt ma cellule- à attendre patiemment le second venir me chercher. Qui est le second ? Louis. Je grimaçais à cette idée. Je ne l'aimais, mais pas du tout. Et lui non plus en l'occurrence, à chaque fois que l'on se croisait j'avais le droit à un regard méprisant ou un hurlement.
C'était d'ailleurs lui qui m'avait forcé à me changer dans l'accoutrement que je portais en ce moment. Une chemise blanche et ample, un long caleçon grisâtre -qui devait surement appartenir à l'un des matelots vu son odeur, et de grosses bottes noir.

Affreux, c'était le cas de le dire. J'étais affreuse.

Je regardais autour de moi. C'était la petite cale dans laquelle je m'étais réveillée la première fois. J'avais étrangement l'impression que cela remontait à des siècles. Je dormais chaque nuit ici, et commençais vraiment à m'y habitué, et c'est ce qui me faisait le plus peur.

« Bon matin. »

Je relevais brusquement la tête. Je ne l'avais même pas entendu entrer. Le capitaine se tenait à l'encadrement de la porte et me fixait attendant une réponse. Je me levais sans le regarder et avança lentement dans sa direction.
Il me regarda longuement de la tête aux pieds avant de lâcher un petit rire. « Jolies bottes. » Je ne pus m'empêchais de rougir et détournais nerveusement le regard. Il rit doucement et pris mon menton entre ses doigts. « Personne ne t'a donc appris les bonnes manières ? »

Je reculai de quelques centimètres me défaisant de son touché, complètement rouge de honte. « B-Bon matin. »

« Bien, Il souriait toujours, prend ça. » Je pris le sabre d'entre ses mains. « Ta deuxième leçon se passera aujourd'hui, sur l'île. » Je hochai légèrement la tête ne sachant toujours pas dans quoi je m'embarquais.

Il hocha la tête à son tour puis se retourna pour partir. Il s'arrêta alors dos à moi quelques secondes avant de tourner à l'angle du couloir, et lâcha. « Et tâche de ne pas mourir, ce serait dommage. » Et s'en alla tranquillement.

***

« Tu me suis, et ne pose pas de questions inutiles. Clair ? »

J'avais oublié à quel point les rayons de soleil pouvaient être doux, à quel point le ciel pouvait être pur, à quel point les arbres pouvaient être- Le bouclé me donna un coup de coude dans l'épaule, la mâchoire serrée.

« Clair ? » J'avalai difficilement. « Oui. »

Nous étions seuls, ni Louis, ni aucuns autres matelots n'étaient venu. Le capitaine nous avait amené jusqu'à cette plage avec une barque, logeant pas loin sur le sable chaud. Je ne comprenais toujours pas pourquoi il avait insisté pour que je prenne l'arme, ni ce que nous faisions sur cette île.

« Allons-y.» Il passa sa main dans sa chevelure rebelle avant de s'engouffrait dans l'épaisse jungle qui nous faisait face.
Il marchait très vite sans s'arrêter écartant de temps à autre quelques branches sur son passage. On pouvait entendre quelques gazouillis d'oiseaux, et cris d'animaux dont je ne connaissais même pas l'existence.

« Est-ce que je peux au moins savoir où nous allons ? » haletais-je, essayant tant bien que mal à le rattraper. Il s'arrêta subitement et se retourna vers moi. Quelques débris de feuilles logeaient dans ses boucles caramels et le soleil reflétait parfaitement bien sa musculature à travers sa chemise. Sa beauté me frappa une fois de plus de plein fouet.
Il me donna un sourire espiègle.

« Question inutile ma jolie. »
« Mais je-» Une masse m'écrasa brusquement contre le sol. J'écarquillai les yeux voyant les crocs argentés de la bête qui me coinçait. Un lion, un ours je ne savais pas.
Je cherchais précipitamment mon sabre du regard avant de sentir ses griffes acérées me transperçaient la joue. J'étouffai un cri de douleur tandis que le liquide chaud s'écoulait sur mon cou.
L'animal rugit s'apprêtant à recommencer mais fut alors projetait de mon corps. Je palpai mon visage et gémis. Ca faisait atrocement mal.

Je vis le capitaine sortir son sabre et s'approchait subtilement du félin, le regard noir.
En réalité, il était en ce moment bien plus effrayant que l'animal.

« Regarde bien Adélaïde. » A ces mots, il lança l'arme d'une main qui vint se plantait en plein milieu de l'estomac du monstre.

L'animal geint bruyamment tentant désespérément de se débarrasser de la lame. Tout doucement son sang se répandait dans la verdure encore fraîche du matin, l'animal perdait peu à peu de force dans ses mouvement et finit par s'écrouler.

Encore sonnée par les événements, j'avais du mal à respirer, l'odeur rouilleuse du sang commençant sérieusement à m'étouffer.
Le capitaine récupéra son le sabre d'un geste et vint s'accroupir en face de moi. Il y avait une lueur étrange dans son regard. Quelque chose comme de la peur, ou bien de l'inquiétude.

Il posa son pouce sur ma blessure et la caressa doucement. Un écart minime séparait nos deux visages. Je voulus reculer mais étais complètement envoutée par ses pupilles perçantes. Il fixait ma bouche un petit sourire aux lèvres avant de replonger son regard dans mes yeux bleus. Tous les bruits de fond s'étaient comme stoppé le temps d'un instant.

« Harry. » La voix étrangère me fit sursauter.

Cette voix... Serait-ce...

« Quelle surprise, Zayn. » Ma respiration s'accéléra et mes yeux faillirent sortir de leurs orbites.

C'était bien lui, debout, à quelques pas de nous. Il était venu me sauver. Mon père l'avait envoyé. Une montée de chaleur grandissait en moi et je voulus lui sauter au cou.

Un sourire haineux prit place sur le visage du capitaine, et il se leva. La lueur dans ses yeux s'était éteinte.

« Comme au bon vieux temps alors, tu viens toujours aux mauvais moments.» ricanait-il, d'une voix rauque.

Le prince échappa un petit soupir et posa son regard sur moi. « Comme au bon vieux temps, Harry. »

Le regard du capitaine s'assombrit d'autant plus, et je frissonnai. Quelque chose me dit que beaucoup de secrets se cachent derrière son sourire.

Ma vue se brouillait et une douleur épineuse envahit mon corps, je perdais connaissance.

Pirate || h.s. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant