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Statut : Corrigé.

*

Les violons commencèrent vivement à entamer leurs premières notes.

La grande porte dorée s'ouvrit. Rouge, rose, vert, jaune. Des gens de toutes les nations voulaient assister à ce bal. La salle se remplissait à vue d'oeil et les violons furent bientôt accompagnés d'un brouhaha joyeux et de quelques rires étouffés.

Je regardais autour de moi. Ces mêmes visages qui vous sourient à s'en arracher la mâchoire, ces mêmes regards envieux qu'on vous lance dans le dos, et cette même banalité qui règne à chaque fois entre ces murs. Je soupirai.

" Vous ne dansez pas, Adélaïde ? " La voix de mon père interrompit mes rêveries, et je soupirai une nouvelle fois.

" Pas ce soir, mon roi. " Il sourit et regarda la piste de danse où quelques couples commençaient à se montrer.

" Comme chaque soir, n'est-ce pas, ma chère ? "

Je souris légèrement à sa remarque.

J'étais vêtue d'une longue robe orange, qui me serrait fortement la taille et partait en dégradé jusqu'au sol. Elle était magnifique, effectivement, mais je ne tenais vraiment pas à m'afficher.

Je baillai et m'apprêtai à répondre lorsque les gardes ouvrirent une nouvelle fois la porte. Tous les invités se retournèrent pour voir qui était le retardataire. Un jeune homme apparut.
Contrairement aux autres convives, il n'était pas accompagné, et ne semblait prêter aucune importance à tous les regards posés sur lui.

De loin, j'apercevais ses cheveux noir ébène tomber sur ses épaules, il avait un visage fin, était vêtu d'un costume crème, et portait à sa taille une longue épée étincelant sous la lumière des lustres. Je devinais qu'il était de sang royal à l'assurance de sa posture et à sa corpulence volumineuse.

Le roi fronça des sourcils et fit signe à l'orchestre de reprendre la musique. Les violons résonnèrent de nouveau et le brouhaha reprit de plus belle. Je regardais mon père d'un air interrogateur. Il hocha négativement la tête, le regard perplexe.

" Je ne sais pas qui est cet homme. "

Il fixa l'inconnu quelques instants puis chuchota. " Mais nous allons peut être bientôt le découvrir. "

Je me retournai et surpris le regard du brun. Il n'était à présent plus qu'à quelques mètres de moi, et je pus voir la noirceur et l'intensité de ses pupilles. Il se tenait toujours aussi droit, et aux coins de ses lèvres rosées, je remarquai un léger sourire.

" Très étrange personnage. " Chuchotai-je à mon tour, détournant les yeux et tentant difficilement d'ignorer son regard. Mais le jeune homme ne semblait pas satisfait et s'approcha un peu plus près de moi, sous les chuchotements des duchesses qui le dévisageaient avidement.

Il fit délicatement la révérence à mes pieds et demanda d'une voix grave. " Sa majesté me ferait-elle l'honneur de m'accorder cette danse ? " Il s'était légèrement penché en avant, et tendait sa main.
Son sourire s'était élargi, et ses yeux semblaient d'autant plus envoûtants. Le roi me regarda d'un air entendu et sourit brièvement à l'étranger. Je ne voulais certainement pas danser avec cet homme, mais désobéir à mon père aurait été bien plus désolant.

Je restai quelques secondes sans voix, maudissant mille fois l'arrivée du nouveau venu.

Mais voyant mon père et le jeune s'impatienter, je soufflai comme à ma bonne habitude et me levai lassement du trône.

Évitant scrupuleusement le regard du brun, je posai ma main dans la sienne.

Je vis un sourire victorieux prendre discrètement place sur son visage, tandis qu'il m'emmenait au milieu de la piste.

Il avait bien eu ce qu'il voulait... Je sentais que la soirée s'annonçait très longue.

Je sentis un frisson me parcourir la colonne vertébrale lorsque sa main se posa sur ma hanche, et l'autre entrelaça la mienne. Les violons prirent un ton un peu plus doux, et quelques invités rejoignirent bientôt la piste.

J'eus du mal à l'avouer mais c'est vrai qu'il dansait avec une finesse étonnante. Chacun de ses mouvements me portaient avec grâce et légèreté.

Mais bien évidemment, ses yeux ne me lâchaient pas d'une seconde.

" Je ne me suis pas présenté. Mon nom est Zayn Jawaad Malik. Je viens de l'est du pays, du royaume d'Ezra. Mais appelez-moi Zayn. " Il sourit et me fit doucement tourner sur moi-même avant de reposer sa main sur ma hanche. " Et vous, j'imagine que vous êtes la princesse du royaume ? Une jeune femme aussi charmante que vous ne peut en être moins. "

Il me fit encore ce sourire charmeur. Je soupirai intérieurement. Bonté divine, qu'il était lassant.

" Adélaïde Evangeline River. " Articulai-je, me forçant à lui répondre le plus poliment possible.

Il rit. Un rire clair et fort. Cet homme me donnait de plus en plus envie de partir, jamais personne jusque là n'avait osé rire de moi.
Il scruta mon visage quelques secondes, passant sa langue sur sa lèvre inférieure, puis son sourire revint. " Puis-je simplement vous appelez Adélaïde ? "

Les violons avaient brusquement cessé de jouer. La porte s'ouvrit violemment et des cris stridents retentirent dans tout le hall.

À partir de ce moment, tout bascula comme dans une autre dimension. Je voyais autour de moi le monde crier d'horreur et me bousculer en courant. J'essayais tant bien que mal de me frayer un passage dans la foule.

" Père ! " Je ne voyais ni le roi, ni les gardes, et ma robe m'empêchait de plus en plus à courir. Une épaisse poussière flottait dans l'air ce qui m'obscurcit encore plus la vue.

À travers les hurlements des invités, quelques rires endiablés retentirent.

" Père ! Où êtes vous ? " Quelque chose, ou plutôt quelqu'un me saisit le bras. Je levai la tête, effrayée. C'était Zayn. Il me prit la main et m'entraîna à le suivre.

" Attendez ! Attendez... Mon père.. Je ne le vois pas. Il faut que nous... " Il se retourna furieusement et je vis son regard noirci par la colère. Et peut être aussi par la peur. Dans tous les cas, j'étais pétrifiée.

" Si vous ne voulez pas vous faire tuer dans les minutes qui suivent, il va falloir que vous me suiviez. Ils sont partout... Nous devons nous cacher et attendre que- " Il hurla lorsqu'un homme lui sauta à la gorge et le plaqua à terre. J'écarquillai les yeux et reconnus tout de suite les ravisseurs.

Des pirates.

Je m'apprêtai à réagir lorsqu'une main chaude me recouvrit la bouche.

Des yeux verts. Un sourire. Un coup sur la tête. Le trou noir.

Pirate || h.s. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant