chapitre 2

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C'est donc à ce moment là que tout a commencé, du moins a réellement commencé. Les costards mal taillés ont quitté mon placard. D'ailleurs même ce placard avait disparu, laissant place à un dressing, une des pièces de ma maison. J'entamais ma 21ème année et j'étais plus riche que mes deux parents réunis. D'ailleurs, je n'allais même plus les voir à Noël prétextant une augmentation. Je ne savais plus ce que la morale voulait dire, désormais, il n'y avait plus que des principes qui régissaient ma vie. Je n'avais plus de filtre, je disais ce que je voulais dire de la manière dont j'avais envie. Je ne m'amusais plus à faire attention à mon langage. Les seules personnes à pouvoir me remettre à ma place étaient mes supérieurs. Polly était passé capo et mon rôle était donc devenu plus conséquent grâce à ça. Il avait acheté un bar de nuit près de la quatrième avenue. L'arrière boutique allait devenir notre repère de nuit et le bar celui de jour. Il présentait cet achat comme la plus belle affaire qu'il avait fait au cours de sa vie entière et à l'entendre, il s'agissait plus d'un palace que d'un bar. Ma mission du jour était d'engager des serveurs pour faire tourner la boutique. Fallait chercher dans l'entourage, histoire de pas se coltiner des balances ou des flics sous couvertures. Il y avait pas pire que ces racailles là et j'avais le nez pour ce genre d'ordure. Il faut dire que plusieurs fois nous avons eu des tentatives d'approches douteuses. De petits ricains purs souches qui venaient nous accoster pour prendre part aux affaires. Fallait vraiment nous prendre pour des idiots. D'alleurs même quand ils nous envoyaient des ritales leurs plans foiraient, ils puaient la peur à cent mètres aux alentours. L'idée que nous découvrions leurs intentions les paralysaient et tout ces morveux finissaient par partir au moment ou nos doutes s'intensifiaient. 

J'avais donc commencé par la maison des Rizzo, je pensais d'abord à son fils aîné, Luigi, il devait un être un peu plus vieux que moi et son père se plaignait sans arrêt de lui. Trop mou, trop fière et pas assez Italien à son goût. Ça l'aurait peut-être maté un peu de bosser dans un bar comme celui de Polly, il allait devoir se tenir à carreau. Ce que je savais pas c'est que Rizzo avait aussi deux filles, une ado et l'autre devait avoir tout juste la vingtaine. Au final c'est cette dernière qui a eu le boulot. Elle était motivée et voulait pas finir sa vie enfermée dans une maison à jouer uniquement la femme bafouée cloîtrée dans une cuisine. Je me foutais carrément des raisons pour lesquelles elle voulait le poste mais elle était du genre à la boucler et elle avait pas l'air d'être une fainéante. L'entretien avait duré une dizaine de minutes et avait suffit à me convaincre. Cette fille savait ce qu'elle voulait et moi en l'occurence, j'avais besoin d'elle.

Les deux autres engagés ont été les frères Molkov, pas des ritales mais on s'en fiche. Ce sont des immigrés polonais, des amis de Polly. Ils sont dignes de confiance et bossaient tous les deux dans un vieux bar pourris rempli de touristes. Ça n'a pas été compliqué de les débaucher pour un bar un peu moins propret. Ce n'était pas des enfants de chœur mais nous non plus, alors c'était pas grave. Et puis ils savaient ce qu'était le respect et dans le fond, c'était l'essentiel. 


G.  RossiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant