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Aubrey lâche le mot, passablement troublée par la dernière phrase de T. Elle le regarde virevolter dans les airs et se déposer sur les graviers, derrière le banc, puis elle s'en va en jetant des coups d'œil nerveux autour d'elle.

Sur le chemin, elle ne peut s'empêcher de ressasser la phrase du mystérieux inconnu dans sa tête. Elle pense à ceux qu'elle aime réellement. Ils se comptent facilement sur les doigts d'une main. Aubrey a la gorge qui se noue, comme à chaque fois qu'elle pense à son père, décédé il y a quelques années maintenant, et la certitude que depuis son départ, elle n'a rien fait d'autre que le décevoir.

Toujours déboussolée par cet épisode, elle pense un instant à ne pas aller en cours. Puis Aubrey se ressaisi : déjà qu'elle a manqué une heure lundi matin, elle ne voudrait pas prendre davantage de retard dans son travail. Si jamais sa moyenne venait à baisser, elle ne se le pardonnerait pas.

La journée passe relativement vite, les cours s'enchaînent, Aubrey reste concentrée et se débrouille pour ne manger qu'un bout de pain à midi, prétextant un mal de ventre aigu dû à ses règles pour faire face aux interrogations de ses amis. En réalité, cela fait quelques semaines qu'elle ne les a pas eues, un ou deux mois peut-être, mais rien d'inquiétant, les femmes n'ayant jamais eu de règles régulières dans la famille.

Après les cours, elle prend la direction de sa maison, une petite résidence plutôt tranquille dans un lieu assez reculé de la ville où elle a toujours vécu. Aubrey positionne la clé dans la serrure et elle sent son cœur se serrer irrémédiablement, comme à chaque fois qu'elle s'apprête à entrer.

Quand elle passe l'encadrement de la porte, un vase en porcelaine vient s'écraser sur le mur à quelques centimètres de sa tête.

AubreyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant