1. La Planque

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Skig s'arrêta quelques instants, puis dévoila son plus beau sourire.
"On est arrivé."

Il grimpa sur un tas de gravats et fit la courte échelle au Bleu pour passer de l'autre côté du mur en béton.
"Dis moi ce que tu vois de l'autre côté !" lança-t-il.
"Rien. Personne, c'est complètement vide." répondit le Bleu.

Skig escalada à son tour, et les deux hommes se retrouvèrent de l'autre côté.
Il commençait à pleuvoir.

"C'est quoi cet endroit ?" demandait le Bleu.
"Un avant-poste de l'armée. T'emballe pas, on trouvera rien d'intéressant ici... la place a été pillée jusqu'à l'os il y a un bout de temps." dit Skig.

Ce dernier se dirigea vers un comptoir de contrôle et l'enjamba, puis disparu derrière un grillage. Le Bleu observait l'endroit et agrippait nerveusement la crosse de son revolver.

L'avant-poste était complètement abandonné. Quelques caisses vides traînaient dans un coin, à proximité de débris divers et d'une carcasse de voiture brûlée. Les gouttes de pluie faisaient résonner le métal.

Des impacts de balles étaient visibles sur un mur, tous bien alignés.
Le Bleu se passa une main sur son visage trempé puis se dirigea vers le comptoir où avait disparu Skig.

"Qu'est-ce que tu fais ?" demanda-t-il.

Skig surgit de derrière le comptoir avec une longue barre en métal dans la main. Visiblement, il avait l'habitude de passer par ici et savait quoi faire.
"Aide-moi un peu,  p'tit. On va forcer avec ça sur le portique pour l'ouvrir."

L'entrée était en effet bloquée par un portique de sécurité, maintenant obstruée par des débris en pierre. Les deux hommes dégagèrent non sans mal la voie puis réussirent à faire une petite ouverture avec leur contrepoids de fortune, juste assez grande pour les laisser passer.

Ils entraient à présent dans la ville.

"Bon, je vais pas te mentir: c'est maintenant que les choses sérieuses commencent." dit Skig. "Il y a deux règles: premièrement, tu me colles au train. Deuxièmement, écoute bien tout ce que je dis, et on devrait arriver à la planque rapidement."

"Ok, chef."

"Ah, et tiens bien ton arme. On sait jamais." rajouta Skig.

Le Bleu déglutit et suivi son mentor.

Skig prit la tête et se dirigea dans une avenue déserte, talonné par son acolyte. La nature, qui avait repris ses droits après tant d'années d'absence d'activité humaine, s'était appropriée les buildings et les routes de la ville. Des touffes d'herbes, des racines et mêmes des arbres peuplaient l'espace urbain.

La pluie drue renforçait l'ambiance morne de la rue.
Le meneur vira sur la gauche et fit signe au Bleu d'avancer.
Il montrait une encoche sur un mur d'immeuble, probablement gravée avec un couteau, qui ressemblait à peu près à un œil.

"Écoute bien. C'est une des raisons pour lesquelles tu portes la veste des Voltigeurs: ça fait partie du code de notre groupe. Un œil , ça veut dire que tu es sur notre territoire. Un feu de camp, c'est qu'on a un avant-poste pas loin. Une croix : tu entres en zone dangereuse. Retiens bien, et ça pourra te sauver la vie." dit Skig.

Il emprunta alors les escaliers du hall d'immeuble le plus proche et entra pour s'abriter.

"Les lampes !" lança-t-il.

Le rez-de-chaussée était très sombre, mais ils étaient au sec. C'était un vieil immeuble de bureaux, ayant probablement appartenu à une quelconque entreprise dont tout le monde avait oublié le nom.
La plupart des fenêtres étaient barricadées, et le peu de luminosité extérieure avait du mal à passer au travers.

Chroniques du monde poussiéreuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant