7. La Traque

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Knight remettait son épaulette en place, en s'agitant violemment.
« Cette crevure m'a défoncé l'épaule ! » cria-t-il, la voix déformée par la rage.

Il brandit son poing et l'abattit sur le visage de l'homme au sol.

Celui-ci cracha du sang, puis toisa Knight d'un regard froid. Il était vêtu de guenilles et une barbe crasseuse couvrait presque tout son visage. Sa tentative d'embuscade s'était soldée par un échec: il ne s'était pas attendu à ce que sa cible soit protégé par une armure militaire.

Sa jambe était perforée d'un trou rouge. Une masse de chantier traînait au sol.

« On le termine ? demanda Tovar, son fusil encore fumant pointé vers le vagabond.

- Ouais, répondit Knight. Mais j'vais prendre mon temps, fit-il en lui lançant un regard malsain. Il se saisit de la masse avec laquelle le vagabond l'avait attaqué plus tôt.

Pilkins, qui surveillait l'avenue depuis la ruelle, s'approcha.

- On a pas le temps, Knight ! Tu l'achèves maintenant et on bouge ! aboya-t-il de sa voix grave. Il faut qu'on récupère Anders.

Knight maugréa quelque chose dans sa barbe. Son casque intégral donnait à sa voix une résonance inquiétante.

Il rajusta son casque et leva la masse, armant un coup puissant.

- On peut jamais s'amuser avec vous, les gars. » souffla Knight.

L'homme résigné baissa la tête et ferma les yeux, marmonnant de façon inaudible sa dernière prière.
Le coup sec et violent qui s'abattit sur son crâne fit s'envoler quelques oiseaux posés sur un balcon en hauteur.


Lily était arrivée à un carrefour au beau milieu de la ville. Elle profita un instant d'une bonne bouffée d'air frais.

Elle avait pris le temps de piller la planque des Voltigeurs avant de partir, et avait dû choisir avec parcimonie ce qu'elle allait emmener et ce qui était superflu. Cette planque était une véritable mine d'or.

Un chose était sûre, ces gars étaient parés pour l'hiver. En voyant la taille de leurs réserves de nourriture, elle jugea que leur groupe n'était pas très partageur... Dommage pour eux, se dit-elle.

Elle avait pu récupérer un colt .45 dans leur armurerie. Une arme fiable et légère, qui pouvait servir dans n'importe quelle situation.

En plus de cela, elle était tombée sous le charme d'un fusil d'assaut intact qui trônait dans un casier, avec trois chargeurs pleins. Le poids de l'arme sur son épaule lui inspirait confiance, en tout cas bien plus qu'avec son fidèle cran d'arrêt de trois pouces et demi.  Elle voyageait moins léger, certes, mais bien mieux protégée.

Mais la plus exotique de ses trouvailles était la boîte de grenades rangée dans un tiroir: elle s'était autorisée à en prendre quelques unes avant de partir.

Ce genre de découverte était assez rare de nos jours, et Lily était étonnée d'avoir pu se procurer aussi facilement du bon matériel.
Remerciant Dame Chance une bonne dizaine de fois, elle avait repris la route vers les larges rues de Seattle, en prenant soin de garder les clés de la fameuse planque avec elle. Elle avait replacé l'étagère devant la porte pour la cacher, et mémorisé son emplacement. Elle espérait que personne entre temps ne viendrait fureter là-bas.

La pilleuse se massa nerveusement la bosse sur son front, lui rappelant son altercation de la veille avec les deux Voltigeurs. Petit con, se dit-elle. Si tu n'avais pas voulu jouer les héros, tu serais encore en vie aujourd'hui.

Chroniques du monde poussiéreuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant