2. Le goût du luxe

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La tour surplombait une bonne partie de la ville.
De là, on avait une vue sur presque la totalité de Dubaï, des rues comme du désert aux abords de la ville.

Une tempête de sable se préparait. Ce n'était pas la première, ni la dernière : ces derniers temps, la ville avait été fouettée encore et encore par des vagues ensablées, recouvrant tout sur leur passage.
Les habitants de l'ancienne Dubaï qui avaient survécu étaient la plupart regroupés dans les rues.
La forêt de buildings les empêchaient de voir la tempête furieuse qui approchait et qui menaçait de les ensevelir.
Personne ne pouvait essuyer une telle tempête. Personne.

Sauf Hazim.

Il finit son verre de vin et s'appuya sur le balcon. Malgré la chaleur étouffante, l'air était bon et agréable à cette hauteur.
Hazim ferma les yeux et prit une profonde inspiration.

Bientôt, tout sera fini.

Le son des coups de feu répétés se réverbéraient le long des immeubles, pour parvenir jusqu'aux oreilles de Hazim. La rue était le théâtre d'une véritable guerre civile, où chaque homme pouvait tuer son prochain pour une bouteille d'eau.
On entendait presque les cris de douleur des blessés provenant de tout en bas.

Hazim se resservit un verre de vin.
Pas mal, cette piquette, se dit Hazim en lisant l'étiquette. Romanée-conti ? 'Connaît pas.

Il termina le fond de bouteille d'un trait puis la lança dans le vide, qui s'en alla rejoindre les combattants des rues.

Bientôt, tout sera fini,  se répéta-t-il.

Une explosion retentit. Elle avait eu lieu dans l'immeuble et était apparemment assez puissante pour faire trembler légèrement celui-ci. Des colonnes de sable et de poussière coulaient littéralement des rebords de l'immeuble, semblables à des chutes d'eau.

La musique du tourne-disque s'arrêta, puis repartit de plus belle.

Alors, il sont presque arrivés ? Déjà ? pensa Hazim.

Il termina son verre et lui réserva le même sort qu'à la bouteille, avant de rentrer dans l'appartement.

Ce dernier était spacieux et luxueux, avec des tapisseries et des tableaux presque partout. Comme si tout l'endroit avait été préservé malgré les bombardements fréquents sur la ville.
Des dizaines de valises, contenant des vêtements et des breloques étaient disposées un peu partout dans la pièce: les précédents occupants n'avaient pas du avoir le temps de tout emmener avec eux.
Plusieurs caisses étaient empilées au fond du salon, faisant face à la porte d'entrée. Ces caisses étaient recouvertes d'une bâche qui, trop petite pour les recouvrir en entier, trahissait la présence de boîtes de conserve et d'eau.
Un butin qui, aujourd'hui, était des plus rares.

Un fusil mitrailleur lourd était installé sur le monticule de caisses, stabilisé par un trépied et chargé avec une bande de munitions provenant d'une caisse posée au sol.

Près du canapé était installé un bureau, sur lequel étaient posés cinq écrans, connectés à une unité centrale, elle même reliée par plusieurs câbles à un boitier électrique sur le mur.

On distinguait des images caméra sur les écrans: Hazim alluma une cigarette et s'approcha.
La première, la deuxième et la quatrième caméras étaient brouillées. La troisième, elle, était braquée sur le couloir menant à la porte de l'appartement. La cinquième, à l'étage du dessous.

Hazim tira une longue bouffée de sa cigarette et observa la caméra 5.

Des ombres s'élevaient des escaliers. Une petite escouade d'une bonne douzaine d'hommes, habillés en haillons, regardaient tous les coins et étaient agités. Ils étaient aussi lourdement armés.

Chroniques du monde poussiéreuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant