Chroniques du monde poussiéreux

10. Rencontre

« Équipe Echo-2 à Central, à vous.

Un grésillement constant s'échappait du talkie-walkie du soldat, suivi d'un bip sonore.

- Ici Echo-2, Central, à vous.

Une voix éraillée se fit finalement entendre.

- Ici Central, Echo-2. Qu'est-ce qu'on peut faire pour vous, les gars ?

-  On a un 21-37 ici.

- Un 21-37 ? C'est quoi, ça ?

- Bordel, Dwight, t'as déjà lu ton manuel avant d'enfiler ton uniforme ? C'est un civil. Un survivant.

- Relax, vieux. Les huiles sont plus là pour nous rappeler à l'ordre, pas besoin de faire du zèle... Il sort d'où, votre bonhomme ?

- C'est un gars du coin, apparemment. Il a morflé, Jared l'a examiné et il a perdu pas mal de sang. Si on le ramène pas, il va clamser ici.  Il a des traces de brûlures, aussi... On pense qu'il vient d'un bâtiment qui a cramé cette nuit, tout près d'ici.

- Tu crois que c'est un gars de Ramón ?

-  Peut-être. Il a un pistolet sur lui, tout plein de munitions, et il est bien équipé : son sac est plein à craquer de bouffe et de flotte.

- Enfin une bonne nouvelle ! Où il a dégoté tout ça ?

- Aucune idée. On va tenter de le ramener. Vu son état, il représente pas vraiment un risque. On l'a désarmé et on va le caler dans le pick-up.

- C'est vous qui voyez. Faites gaffe quand même, Bravo-1 a repéré du mouvement sur le quartier des finances. C'est pas loin de votre position...

- Merde... OK, c'est noté. On rentre direct. Echo-2, terminé. »

Le soldat rangea son talkie-walkie et mit ses lunettes de soleil. Ce dernier, au zénith, bombardait la ville de ses rayons. La chaleur était étouffante.

Il s'approcha de ses hommes.

« Alors, Jared, ça donne quoi ?

Il y avait trois autres soldats. Les deux premiers fumaient une cigarette, pendant que le troisième s'affairait sur un une silhouette au sol.

Jared, le médecin de terrain, portait une casquette et des lunettes. Il laissa son patient et s'approcha du lieutenant.

- Honnêtement, je sais pas trop, David. Il est dans un sale état... Je sais pas s'il survivra au transport.

- De toute façon, si on le laisse là, il va crever.

- C'est toi qui voit, Lieutenant. Je lui ai fait un bandage, j'ai soigné ce que j'ai pu. Ce p'tit salaud s'est envoyé une ampoule de morphine dans le bras avant de tomber dans les vapes.

Jared agita la seringue vide devant lui.

- Regardez-moi ça ! Notre ami est plein de surprises. railla David.

- Ouep. Tu vas le cuisiner pour récupérer des infos sur Ramón ?

- Hé, une occasion comme ça, ça se perd pas. Au pire, on aura toujours besoin de main d'œuvre au camp... Il est toujours endormi ?

- À ce stade-là, c'est de l'hibernation.

- Très bien. Les gars, mettez-le à l'arrière du pick-up, on rentre. »

Les deux soldats en retrait écrasèrent leurs cigarettes et soulevèrent l'homme encore adossé au mur. 

« Ah, David. On a trouvé ça aussi, en le fouillant. Ça peut peut-être t'intéresser. »