Chapitre I

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Les sonates de Mozart sont les plus belles, elles sont dures et douces, froides et chaudes, elles renferment tellement d'antithèse qu'elles vous chamboulent au plus profond de votre âme. Mes doigts glissent sur le piano, ils savent comment jouer, ils connaissent le chemin, comme moi ils ressentent la musique. C'est la première chose que l'on apprend, notre instrument est juste une extension de nous-mêmes, la musique provient du tout, pas juste de pianiste, ni de l'instrument, c'est l'ensemble, c'est la liaison de ces deux êtres qui créé la magie de la musique.

Je m'arrête, je retiens mon souffle jusqu'à ce que la dernière note est finie le sien, puis je pousse un soupir de fierté et de satisfaction envers soi-même après avoir finit un morceau. Je ferme les yeux et écoute tout les autres instruments de l'école : saxophone, flûte traversière, guitare, violon et violoncelle. Tout comme les instruments, le nombre de places dans l'école sont restreintes car nous sommes dans la plus prestigieuse école de musique de France, il n'y a que vingt places et pour pouvoir entrer, il nous faut passer un examen très pointu qui requiert une performance juste parfaite, pas le droit à l'erreur. Sur 246 participations, seulement neuf personnes ont été affecté, et je fais parti de ces personnes.

Le château dans lequel nous vivons existe depuis très longtemps, il est magnifique, du genre époque victorienne, avec des grandes fenêtres et une cour de gravier où l'on peut très bien se visualiser des calèches transportant des personnes de la haute société avec des grands chapeaux et de belles robes... Cette époque me fascine et celle de Louis XIV encore plus, je ne saurai dire pourquoi, c'est une fascination que j'ai depuis ma plus tendre enfance, je cesse ma rêverie quand j'entends la cloche retentir : c'est l'heure de manger. Quand elle finit son carillon l'école se plonge soudain dans un silence puissant puis tout à coup on entend des pas descendre l'escalier et nous allons tous manger comme il se doit.

Je m'installe dans le fond de la cantine, dans cet endroit sombre éclairé seulement par une faible lumière que projette le vitrail en forme de cercle. Personne ne vient jamais s'asseoir à ma table, pourtant il y a trois places vides mais tout le monde à sa propre table et ses propres amis. De toute façon, je ne veux pas d'amis, ou plutôt j'aimerai en avoir mais je me le suis interdit. J'en avais une avant que d'intégrer cette école, elle s'appelait Romi, enfin ça c'était son surnom, pour de vrai elle s'appelle Romane mais je n'ai jamais aimé ce prénom donc je l'ai renommé Romi, je me souviens de sa tête comme si c'était hier quand j'ai voulu lui changer son prénom à son insu, j'en rigole encore surtout que ça s'est vite terminé en fou rire car elle non plus n'aimait pas son prénom, depuis nous étions devenu meilleure amie, elle l'est toujours sauf que la mort nous a séparé, à cause de moi... Prise dans mes pensées, je sursaute en entendant un bruit de pas.

Soudain je le vois entré, en retard comme à son habitude mais nous avons eu nous aussi l'habitude. Il me fait toujours ce même effet : une boule commence à se former dans mon ventre, mes mains se mettent à trembler et mes yeux ne peuvent pas se détacher de son corps. J'ai tellement envie de lui parler, mais je ne peux pas, j'ai fais une promesse à ma mère : ne faire confiance à personne, pour tenir cette promesse je ne parle à personne, c'est simple, se faire des amis est égal à accorder sa confiance à quelqu'un et c'est ce moment où ma promesse n'aura plus rien d'une promesse mais d'une trahison.

Dans la cantine, on remarque très vite les clans qui se sont formés dans l'école, les quatre filles se sont installés entre elles à une table, les quatre garçons ont préféré opter pour des duos et moi je suis seule. Nous sommes divisés en quatre clans et personne n'essaie d'aller voir chez l'autre, au tout début, à ma première rentrée, ce n'était pas l'envie qui les en empêcher, ils sont plus d'une fois venus vers moi pour essayer de tisser des liens, mais rien à faire, je suis rester trop longtemps avec ce côté dur et froid, maintenant je suis juste Éléa, la fille qui ne parle à personne.

Je regarde mon assiette, aujourd'hui c'est viande rouge et je suis végétarienne, super. Je vais devoir me contenter de mon fromage et de mon yaourt. Une ombre se plante devant moi, je lève ma tête et soudain j'écarquille les yeux, il se tient là devant moi et toute la cantine s'est tu, comment dire que ça fait trois ans que personne ne vient me parler. Mon coeur bat à cent à l'heure, je l'entends tambouriner dans ma poitrine et je m'étonne que personne ne puisse l'entendre. Après aucune réaction de ma part, il s'asseoit sur la chaise face à moi, il me regarde avec ses yeux presque noirs et me sourit. Il est à peine à un mètre de moi et je crois que je vais tomber de ma chaise ou me faire pipi dessus, ou les deux pour bien rigoler.

- Tu ne manges pas? Me demande-t-il.

J'écarquille les yeux encore une fois, je m'attendais à tous sauf à ça, comme je remarque que tout le monde attend ma réponse avec impatience, je décide de jouer la fille complètement folle. Je me penche vers lui comme pour lui dire un secret puis je lui chuchote :

- Tu peux me voir? Es-tu sûr que je ne suis pas un fantôme ou un extraterrestre qui voudrait te bouffer la cervelle.

J'entends les autres éclater de rire, et lui me regarde d'un air complètement confus.

Je reprend : - Désolée, c'est juste que ça fait longtemps que quelqu'un n'a pas essayé de me parler.

Les rires cessent aussitôt.

- Mais sinon ne t'inquiète pas, je ne vais pas te bouffer la cervelle, je suis végétarienne et c'est pour ça que je ne mange pas et aussi je préfère manger seule donc tu peux partir s'il te plaît?

Il me regarde encore plus confusément, c'est vrai qu'après avoir fais une approche par une blague et tout de suite après se faire rembarrer comme ça, ça doit faire bizarre, et pourtant il ne bouge pas.

- Non je ne vais pas partir, je suis bien ici. Et tu mens, tu déteste manger seule.

J'ouvre la bouche pour protester mais rien ne sort, c'est la première fois que quelqu'un me tient tête, d'habitude les gens me prennent pour une folle et me laisse tranquille, pourquoi il ne fait pas la même chose...? Tout le monde dans la cantine à perdu son souffle, même Jacqueline, la femme qui nous sert à manger. Et je les comprends tellement bien, même moi je n'arrive pas à retrouver mon souffle. Il m'a coupé l'herbe sous le pied, je ne sais vraiment plus quoi dire, d'autant plus que je me suis obligée à ne rien dire à personne même si ça me plairai énormément de lui parler. C'est la première fois que je n'arrive pas à contrôler une situation alors comme une idiote je lance :

- Bien tu peux rester, mais je ne te parlerai pas.

Une gamins vous dîtes ? Oui je sais... Et c'est pathétique.

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Hello my darling !!!
J'espère que tu as aimé ce premier chapitre ;)
Si tu as aimé, n'hésite pas à voter et à mettre un commentaire!
Je suis pressée de pouvoir vous écrire la suite !!!!
Et pardon pour les fautes... Je me relis pas vraiment x)

Xoxo mes bananes !!!

Le Requiem De L'amourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant