Jour 35.

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Cher journal,
jour 35.

Gabriel est venu me chercher en fin d'après-midi parce qu'il avait des choses à faire avant. Il ne m'a pas dit quoi et cela a donc augmenté mon niveau de curiosité.

Peut-être qu'il devait aller voir ses amis. Je ne sais pas. Il ne m'en a encore jamais parlé et je ne l'ai jamais vu avec d'autres personnes que sa mère et sa sœur.

Gabriel m'a invité à rentrer chez lui. J'ai accepté.

On s'est dirigé vers la cuisine et à ma grande surprise, Anna sifflotait en faisant des crêpes. Elle m'a sourit et est venue me serrer dans ses bras. L'effet de contacte me surprenait toujours autant.

Elle m'a proposé un verre de thé frais et nous a laissé repartir quand Gabriel a toussé exagérément derrière moi.

« C'est cool de voir ta mère comme ça. »

Il n'a pas répondu mais s'est contenté de me sourire.

Il m'a demandé si je voulais aller dans sa chambre. J'ai dis que oui.

J'avais vraiment envie d'y retourner.

« Tu connais le chemin (on arrivait en haut des marches). »

J'ai avancé jusque sa porte et il m'a fait un signe de tête pour entrer.

La fenêtre de Gabriel était grande ouverte et sous ce amas de lumière, sa chambre prenait un tout autre aspect.

Chaude et pleine de vie.

Il y avait plein de posters de groupe de musique différents, accrochés sur ses murs. Des bouquins qui traînaient un peu partout. Des fringues aussi. Une odeur de sueur mélangé à un parfum de menthe flottait dans l'air. Son lit n'était pas fait et la journée d'hier m'est revenue en tête.

J'ai observé partout autour de moi, avant de me tourner vers Gabriel en souriant. Il m'a rendu mon sourire, ses fossettes creusant ses joues. J'ai de suite détourné le regard.

Je me suis avancé un peu dans la pièce, effleurant du bout de mes doigts ses livres, étalés sur de grandes étagères.

« L'amour dure trois ans. Les fleurs du mal. Essais pour une malédiction (je lis les titres à voix haute). Alors les poèmes, c'est ton truc ?

Il a rigolé, comme à son habitude.

« En fait, je collectionne les recueils. Je n'en ai même pas lu la moitié. Juste, parfois, j'en ouvre un, sur une page, au hasard et je souligne les phrases qui me plaisent. »

J'en ai attrapé un. Les marges du jour. Et j'ai lu à voix haute, les phrases que Gabriel avait marqué au crayon à papier.

« La vie nous précédait alors de quelques mètres.
Nous avons cru plus tard la dépasser
et il nous faut ici de nouveau l'attendre
comme une petite sœur barbouillée de groseilles. »

C'est qu'après avoir terminé de lire, que je me suis rendue compte de mon erreur.

Je me suis empressé de refermer le bouquin et de le remettre à sa place.

Je me suis tourné vers Gabriel et je crois qu'il était en manque d'oxygène. Et moi aussi.

J'ai dégluti difficilement et je l'ai regardé droit dans le yeux. Il se tenait encore contre la porte refermée et moi à l'autre bout de la pièce.

Après des secondes interminables, il s'est approché de moi doucement. Arrivé devant moi, il a baissé la tête et j'ai senti son souffle chaud sur mon crâne.

De petites gouttes de sueur s'étaient formées sur le haut de sa tête et ses boucles brunes tombaient sur ses yeux.

Et c'est quand il a plongé ses yeux dans les miens, que j'ai su qu'il avait comprit que j'étais au courant.

J'ai tenté un sourire d'excuse, en vain.

Je me doutais que Gabriel n'allait pas m'en vouloir, mais j'avais peur qu'il se mette en colère contre sa mère.

J'ai fermé les yeux le plus fort possible alors qu'on gardait une certaine proximité.

« Je comprends ce que tu ressens. »

Et j'ai encore plus serré mes yeux.

Leo.

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Pleins d'autres surprises vous attendent.

Pour explication : c'est Leo qui dit « Je comprends ce que tu ressens. », car son papa est décédé et donc il compatit le chagrin de Gab.

Merci encore à vous.

Bis bis, luv😊.

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