Jour 42.

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Cher journal,
jour 42 (et 6 jours sans voir Gabriel).

« Je commençais à croire que tu étais mort (Gab venait à peine de m'ouvrir la porte). »

Je lui ai tendu ses livres avec un sourire. On ne s'était pas vu une seule fois depuis le jour du lac, et on ne s'était envoyé aucuns messages depuis.

Et je crois qu'après ces six jours d'isolement, ça me faisait vraiment du bien de le revoir.

« Je comprends mieux. »

« J'avais besoin d'un peu de temps pour tout comprendre. C'est pas vraiment le genre de bouquin que je lis d'habitude. Tu vois ? »

Il a rigolé.

« Une cigarette (j'ai proposé) ? »

« Avec plaisir. Tu prends ton vélo ? »

Et on s'est rendu au lac.

Alors que Gabriel toussait encore un peu, j'arrivais petit à petit à me refaire à la fumée de clope dans les poumons.

Toujours avec une atmosphère calme, je le dévisageais à travers les rayons du soleil. Silence. C'était bien ce que je préférais avec lui.

Il faisait beau encore. C'était un très bel été.

Les cours reprenaient tout juste dans dix-huit jours, et je n'avais qu'une envie, rester aux vacances d'été de mes dix-sept ans pour toujours.

Alors que j'étais entrain de terminer notre deuxième cigarette de nos jours passés ensemble, Gabriel s'est levé et a ôté son tee-shirt.

« Qu'est-ce que tu fous ? »

« Ça se voit pas ? »

Sur le moment, j'ai pas vraiment comprit... Jusqu'à ce qu'il enlève son short.

« Déconnes pas mec (j'ai dit). Elle doit être gelée. »

J'ai détourné les yeux pour ne pas qu'il croit que je l'observe et... Il a sauté, m'éclaboussant au passage. Je me suis levé d'un seul coup, en criant.

« NON MAIS TU TE FOUS DE MA GUEULE OU QUOI ? »

Gabriel était mort de rire, se tenant les reins sous la flotte.

« Elle est bonne, tu devrais venir ! »

« Jamais de la vie ! »

« M'obliges pas à venir te chercher Leo ! »

J'ai rigolé.

« C'est ça ouais (j'ai marmonné entre mes dents. »

Alors que je m'adossais contre l'arbre, Gabriel s'est enfoncé sous l'eau, laissant apparaître seulement son ombre.

« Gab (je me suis approché de l'eau) ? Gabriel ? Arrête de simuler ! Joue pas au con ! OH GABRIEL ? »

Aucune réaction. Alors à mon tour j'ai enlevé mes fringues et j'ai plongé et bien sûr, l'eau était glacée et Gabriel a sorti sa tête de l'eau, complètement essoufflé.

« NON MAIS T'ES TARÉ PUTAIN ! »

Je me suis approché de lui alors qui reprenait son souffle.

« C'était le seul moyen de te faire venir alors... »

« NON MAIS PUTAIN ÇA ME FAIT PAS RIRE MOI. »

Il a posé sa main sur sa bouche pour ne pas s'esclaffer.

« BOUFFON (je lui lançais de l'eau). »

Le soleil donnait une peau jaune à Gabriel et l'eau dégoulinait de ses boucles. Ses yeux verts étaient remplis de malice et sur le coup, j'aurai voulu lui ressembler. Il était bien foutu et devait plaire aux filles.

Il m'a regardé un sourire aux lèvres, j'ai détourné le regard.

« Je gèle (j'ai dis). »

Et je crois que je mentais, car l'eau fraîche me faisait vraiment du bien par cette chaleur d'août mais je crois que c'était la proximité entre nous et le peu de vêtements que nous portions, qui me foutait réellement mal à l'aise. Alors j'ai fixé mes pieds à travers l'eau.

J'ai senti du mouvement autour de moi, Gabriel se rapprochait.

Inspiration.

« Mets ton corps sous l'eau jusque ton cou, tu auras déjà moins froid. »

Expiration.

Il a posé ses mains sur chacune de mes épaules et m'a fait descendre dans l'eau.

Inspiration.

Alors que seule, ma tête ressortait, Gabriel n'avait pas bougé ses paumes.

Expiration.

J'ai dégluti difficilement.

Inspiration.

Il a remonté une de ses mains à mon visage, pour virer une mèche de mes cheveux châtain qui me retombait sur le front en arrière.

Apnée.

« Voilà, ça devrait aller maintenant (il a murmuré). »

On était sur un terrain glissant et trèèèèèès dangereux (que aucun de nous n'avait envie de franchir, je crois). Alors, Gabriel s'est retiré et est allé nager un peu plus loin, ça m'a un peu soulagé même si j'ai été incapable de bouger jusqu'à ce qu'on sorte.

Après ça, je me suis dépêché de me rhabiller, alors que mon caleçon était encore trempé et que mon short allait en avoir la trace. Gabriel, lui, est resté quelques minutes de plus au soleil avant de se rhabiller à son tour. Il n'avait mit que son short, restant torse nu et me foutant encore plus mal à l'aise, jusqu'à ce qu'on décide de partir et qu'il remette son tee-shirt.

Sur le retour, ni lui ni moi n'avons ouvert la bouche, mais je crois que c'était mieux ainsi.

Leo.

La maison d'en faceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant