- N'aie crainte Mady', il est enfermé. Tu sais, ce monde recèle de créatures dont tu ignores beaucoup de choses.
Je serre les dents et les poings. Il me faut feindre la peur, bien que ce ne soit pas très compliqué. J'ai déjà été terrifiée par le loup hybride qui ne se donne en ce moment même pas la peine de me regarder, pour autant, je sens ses orbes azurs fixés sur moi dès que je me retourne vers la bulle suivante. Un oursin aux piques gigantesques reste immobile dans un large bocal de verre, immergé dans une eau impeccable. Je ne me vois pas avec un Wild du monde sous-marin. C'est une énorme contrainte, le transport, le contact. Enfin... Je ne me vois pas appliquer la relation que peut entretenir mes parents avec leurs partenaires avec un tel Wild.
Mes parents ? Je vous en parlerai plus tard...
La dernière pièce ne contient rien, j'adresse un regard à M. Baudic qui hausse les épaules. Mon avenir est là, je n'ai pas vraiment le choix.
- Prends ton temps, me rappelle l'homme.
Je hoche la tête et étrangement, une sensation me prend aux tripes alors que je vagabonde dans mon espace. Est-ce la peur de me retrouver au milieu d'animaux aussi dangereux ou bien la vraie résonance ? Je n'ai pas pu l'identifier et au bout d'à peine 5 minutes les esprits s'échauffent.
J'ai pris pour habitude de me poster devant chaque bulle et de regarder avec patience chacun des occupants. C'est une occasion pour moi d'être curieuse, d'observer les animaux présents plus facilement. De satisfaire ma curiosité de façon égocentrique sans aller dans un parc zoologique. Une pure pensée humaine. L'idée de me retrouver face à la mygale ne m'enchante pas alors que je m'accroupis en face d'elle. Heureusement que le verre nous sépare, mon échine se recouvre d'innombrables picots de chair. La peur. Le dégoût. J'en suis désolée pour elle, les araignées n'ont jamais été mon fort.
A côté, le petit fennec griffe le verre de ses petites pattes, comme pour m'appeler, mais je prends plutôt cela pour un jeu et de la curiosité qu'autre chose. Je me déplace et m'agenouille devant lui, venant titiller la vitre de mon ongle dans un petit tintement cristallin.
Son regard m'assaille soudainement, du jaune et du marron, dans une fresque ronde entourant un orbe noir profond. Ma main se pose sans trop réfléchir à l'emplacement de la petite patte du fennec. Je me sens bizarre, mon estomac gargouille, mon ventre papillonne. Il est trop mignon, adorable, je veux tout à coup le toucher pour de vrai, et son tempérament à venir me voir naturellement m'incite à en faire d'avantages. Son entrain m'excite et m'appelle. Aucun animal n'a jamais fait cela auparavant. L'indécision me prend, suivit d'une vague d'incompréhension mélangée à un sentiment d'inconnu indéchiffrable.
Un grondement se fait entendre derrière moi, me ramenant dans cette soudaine réalité. Je me retourne et lâche du regard le fennec pour trouver Darell en train de faire les cent pas devant sa vitre, me transperçant du regard. Je secoue la tête et serre les dents.
Le marché. Le plan.
Il y a déjà eu plein d'animaux adorables dans ces bulles, pleins que j'aurais voulu avoir comme Wild. Duveteux, avec des yeux mouillés et faisant plier mon tempérament implacable, tant de potentielles moitiés que je me suis plu à prendre dans mes bras tant ils me semblent faits pour cela... Mais qui ne m'a jamais fait ressentir le moindre électrochoc.
Je me rapproche de Darell par l'intermédiaire de la vitre, inutile de me baisser, il s'est relevé de toute sa stature à mon approche et me regarde, une lueur dans son regard me rappelant que nous avons un deal. Je déglutis tout en me permettant de le détailler à la lumière blanche de la grande pièce. Comment ferais-je pour vivre ma vie avec lui ? Il est immense, poilu et effrayant. Ais-je seulement bien réfléchi en acceptant le deal ? Il changerait ma vie, à n'en pas douter.
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Wild
WerewolfDans un monde où l'homme est relié à un animal - Wild - toute sa vie durant. Madyson se révèle ne pas avoir de Wild. Or, dans cette société très stricte, ne pas en avoir est signe de rébellion et de déchéance. A l'aube de son 18ème anniversaire...