Chapitre 17

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-Tes cheveux sont vraiment magnifiques tu sais, me confia Carter en enroulant une de mes mèches autour d'un doigt. 

On était installé sur un canapé en demi-lune blanc, très moelleux, un peu trop même, on s'enfonçait dedans tellement il était moelleux, un vrai nuage. Il avait son ordinateur portable sur ses genoux, tandis que moi j'avais un petit cahier sur lequel je prenais note des informations qui nous seraient utiles. 

On était rentré chez lui juste après notre repas, et j'avais passé un très bon moment avec lui dans ce fast-food. Carter n'était pas seulement beau : il était adorable, charmant et me faisait rire très facilement. Sa maison était énorme, cela n'aurait pas du tant m'étonner. Son père travaillait dans la politique, sa mère était avocate de bonne réputation. Ils rentraient chez eux qu'à des heures tardives pour repartir aussitôt l'aurore venue (bon ok, j'abuse peut-être un peu, mais vous avez saisie l'idée). Il faisait très chaud à l'extérieur, mais la maison de Carter était climatisée, ce qui ne m'empêcha pas de retirer mon gilet quand même. 

Je tournais la tête vers lui : il était tellement proche que cela me troublait

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Je tournais la tête vers lui : il était tellement proche que cela me troublait. Ses yeux contemplaient mes lèvres d'un air songeur et j'observais son doigt qui jouait avec ma mèche blonde. Je devais surement être encore plus rouge que le tapis sous nos pieds. Il releva les yeux vers moi et constata à quel point je m'étais crispé. Il esquissa son sourire en coin qui me retournait l'estomac. Je détournais le regard et dis d'un petit ton timide :

-Merci. Bon, cite moi la fin de la phrase. 

Il rigola comme si j'annonçais la chute d'une énorme blague : 

-A vos ordres, ma commandante. 

"Ma commandante"... Oui j'aimais beaucoup ce surnom aux allures de femme de pouvoirs. Sa voix ferme me dicta la suite de ce que je devais inscrire sur mon brouillon. Il avait une éloquence parfaite.

-Tu trouves ? demanda-il en s'interrompant dans sa lecture. 

Qu'est ce qu'il racontait ? Ça ne faisait pas partie du texte, enfin à ce que je saches. Il aperçut ma mine surprise et ajouta :

-Que j'ai une belle éloquence. Tu le penses vraiment? 

Il souriait d'un air satisfait en disant ça. Quelle idiote je fais! Je ferais mieux de serrer les dents quand je ne parle pas pour éviter de déballer mes pensées à haute voix comme lorsque je suis sous la douche. Enfin bref, rougissement assuré, vous connaissez la coutume maintenant. 

-J'en reviens pas d'avoir dis ça à vois haute, marmonnai-je en me traitant mentalement de tout les noms.

Carter posa sa main sur ma cuisse, un geste qui se voulait rassurant. 

-Du moment que tu me traites pas de con sans t'en rendre compte je m'en fiche tu sais, pas besoin d'être mal. Mon père m'a toujours préparé, depuis mon plus jeune age, a entré dans le monde de la politique. Ça ne m'intéresse pas le moins du monde. Mais, toute ces années durant, j'ai du suivre certains programmes pour me former, et l'élocution est un point sur lequel on insiste beaucoup. Qui voudrait d'un maire, d'un ministre, d'un président qui bégaye à chaque phrase ? me confia Carter le regard perdu dans le vide.

Je ne pus m'empêcher d'éprouver de la compassion pour lui. Un père voulant assurer l'avenir de son enfant, et obtenant en retour qu'un dégoût de son fils pour cet avenir. Je serrais sa main toujours posée sur ma jambe : 

-Si ce n'est pas la politique qui t'intéresse, tu dois lui en parler avant qu'il scelle ton destin. C'est à toi de prendre en main les cartes de ton avenir. 

Il émit un rire sans joie, presque ironique. Il enleva sa main de la mienne, et balaya l'air avec ennuie:

-Il ne m'écoutera pas. Il n'écoute jamais personne. Mais bon, tu n'es pas venu ici pour écouter mes soucis, et puis, je ne dois pas te faire très bonne impression là. Tu dois me prendre pour un pauvre petit garçon triste et délaissé non? 

Je souris d'un air taquin, conquise par le ton que sa voix venait de prendre. Je ne me suis même pas reconnue en prononçant cette phrase:

-Non, je te trouve plutôt sexy et attachant. 

Il haussa les sourcils d'un air faussement surpris et poursuivit en caressant mon épaule dénudé:

-On ferait mieux de s'y remettre si tu veux finir ce devoir...

J'approuvais en songeant aux émotions qui faisaient bataille en moi : je n'avais jamais ressentie de telles choses durant toute ma vie. Suite à ce petit égarement, on termina le texte assez rapidement. Il correspondait tout à fait aux critères exigés par le prof, et le contenu me satisfaisait entièrement : on était obligé d'avoir plus de la moitié comme note. 

-Tu restes un peu avec moi? me proposa Carter alors que le pc s'éteignait. 

Je réfléchis longuement à sa proposition et finalement, je m'autorisais à rester un peu, mais pas trop. Il alluma la télé, et on se calla dans le fond du fauteuil, l'un à coté de l'autre. Il passa son bras autour de mes épaules, et je me raidis totalement. Je ne bougeais plus d'un millimètre, c'est à peine si j'osais respirer. Le programme diffusé était une émission de télé-réalité qu'on s'amusa à commenter, mais je n'arrivais même pas à me concentrer entièrement sur l'écran tellement j'étais focalisé sur la présence de son bras par dessus mes épaules. 

Le vibreur de son téléphone posait sur la table basse retentit, interrompant mon ami dans un de ses commentaires. Il attrapa son portable et resta penché en avant, me masquant la vision du message qu'il venait de recevoir. Non pas que j'étais une fouineuse. Non. Juste curieuse. 

-C'est rien, s'excusa t-il quelques instants après, en revenant près de moi. 

Lorsque je dus m'en aller, il me raccompagna jusqu'à chez moi. Je sortis de la voiture, en le remerciant pour le temps qu'il m'avait accordé aujourd'hui. Il sortit de la voiture à son tour et je me demandais bien ce qu'il lui prenait. 

-Tu n'as pas besoin de me raccompagner jusqu'à la porte tu sais, je connais le chemin, dis-je d'un ton sceptique. 

-Tu es très maligne pour trouver ton chemin, je n'en doute pas, me répondit-il en souriant. 

Il continua à s'avancer et une fois face à moi, il fit quelque chose qui me perturba au plus au point. Non, il ne m'a pas embrassé, pas la peine de vous affoler. Il m'a carrément pris dans ses bras, comme si j'étais un ours en peluche, et m'a murmuré, en caressant mes cheveux : 

-J'ai passé une excellente journée. J'aspire déjà notre prochaine rencontre. 

Et il me planta là, devant chez moi. Je rentrais chez moi à petit pas, me repassant en tête les cinq dernières minutes qui venaient de s'écouler. 

Another Me Où les histoires vivent. Découvrez maintenant