Chapitre 28

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Bastien m'emmena dans un parc, où il nous fit nous asseoir dans l'herbe. C'était désert, les enfants étant à l'école et les parents au boulot, il y avait à peine deux-trois vieux. 

Je m'étendis complètement, les yeux vers le ciel, et je sentis Bastien faire de même à ma droite. 

-C'est un lapin, dit-il en me désignant un nuage dans le ciel.

Je ris, je ris en pensant à ce jeune homme, étendu avec moi, qui cherchait la forme des nuages comme un enfant de 7 ans. 

-N'importe quoi, il n'a même pas d'oreilles ton lapin, protestai-je en rigolant toujours. 

Il me donna un coup de coude dans les cotes et je fis une roulade pour m'éloigner de lui. Mon téléphone vibra et je le sortis aussitôt, le nom de mon frère affichait sur l'écran. J'ouvris le message et lus: 

Jordan: Je suis viré du lycée. Carter en a prit plein la figure. Il l'a mérité, tes photos étaient affichés partout dans le bâtiment. On en parle ce soir. 

Bastien, qui s'était rapproché, lut le message par dessus mon épaule et soupira en se passant la main sur le visage.

-Quelle histoire. Dis moi au moins que tes photos étaient fausses. 

Je me retournais vivement vers lui, les sourcils froncés:

-Bien sur qu'elles étaient fausses, idiot! 

-Je me devais de vérifier, s'excusa t-il avec un sourire taquin. Après tout, le corps était absolument su-blime. 

Je rougis comme une pivoine, et je lui envoyai mon poing dans le bras. Il éclata de rire et se rallongea dans l'herbe, le visage paisible:

-Qu'est ce que tu vas faire? 

Mon visage s'assombrit en repensant aux événements de cette matinée. Je ne savais pas comment faire face à cela. 

-Ma réputation est salie. Je ne vois pas ce que je peux faire. 

Bastien se pencha vers moi et attrapa ma main qu'il serra dans la sienne. 

-Ton parfum envahit mon espace vital, ironisai-je, ce qui eu pour effet de le faire rapprocher encore plus. 

Je sentais son souffle effleurer ma joue alors qu'il disait:

-Tu vas y retourner cet après-midi. On va y aller ensemble. Tu vas leur prouver que tu es plus forte que cette misérable peste.

Je tournais le visage vers lui, surprise de ce qu'il proposait. Je fus aussi surprise de la proximité de son visage, et de ses lèvres à quelques centimètres des miennes. Ses yeux me transperçaient, et, perdue dans mes pensées, j'en oubliais de lui répondre. 

Je rougis horriblement lorsqu'il me le fit remarquer et m'empressai de m'éloigner de lui. Je n'étais pas prête à y retourner, c'était beaucoup, beaucoup, BEAUCOUP, trop tôt. Mais il me donna la force de relever la tête, et on resta jusque midi dans ce parc, allongés cote à cote à critiquer les nuages.

******

Lorsque après la pause de midi, je posais un pied à l'intérieur du bâtiment, tous les regards se tournèrent vers moi, et des insultes retentirent sur mon passage. Bastien me tenait fièrement le bras, et il m'entraîna vers nos casiers. Je redécouvris le mien: de nouvelles affiches avaient été collé, et les insultes n'avaient cessé de se multiplier. En marchant jusque la classe, j'aperçus des tonnes de photos sur les murs, et de multiples gribouillis autour de mon corps. 

Les larmes me montèrent aux yeux, et je parcourus le reste du chemin la tête baissée. Je sentais la main de Bastien qui exerçait quelques petites pressions sur mon bras, mais je ne relevais jamais le regard, tellement la honte m'accablait. 

Je ne pus en supporter d'avantage à peine arrivée en classe. Les élèves, dont Carter, Jenna et Madison, étaient rassemblés autour du tableau d'affichage de la salle, et un garçon s'amusait à accrocher un des posters que lui tendait l'adorable Jenna. Mais combien d'exemplaires avait-elle produit ?!

-La traînée est là! s'exclama une fille en gloussant lorsqu'elle m'aperçut. 

Tout le monde me fixa en rigolant, et le rire perçant de Jenna résonna encore plus que les autres. 

-Flora? 

Une main vint se poser sur mon épaule et je reconnus Théa qui venait d'arriver. Elle observait la scène d'un air navrée:

-Flora, ce ne sont que... 

Je n'entendis pas la suite, car je m'enfuis en courant. Je courus, je me fermais au monde pour ne rien entendre, et c'est à bout de souffle que j'arrivais à la bibliothèque.

-NOEMIE! Noemie! hurlai-je à travers tout et en larmes. 

Elle apparut presque aussitôt, alarmée. Elle semblait déjà être au courant, car elle me prit dans ses bras sans poser de questions. 

-C'est pas moi, c'est pas des vrais, c'est Jenna, c'est elle qui a fait ça, je te jure que j'ai pas fais ça, pleurnichai-je dans son sweat bleu marine. 

Elle me caressa le dos comme me l'aurait fais ma mère:

-Je me doute Flo, je me doute. 

Je dus pleurer toute les larmes de mon corps dans son pull. Bastien n'avait pas cherché à me suivre et je ne lui en voulais pas: il devait suivre les cours et pas rater à cause de moi.

Je monopolisais Noemie une bonne heure avant de la laisser se remettre au travail. Je restais cacher là, dans les rangées de livres, à bouquiner, sans me soucier de manquer l'école. Mon amie me reconduisit chez moi à la fin de sa journée, avec une bonne dose de câlins et d'encouragements en guise d'au revoir. 

Quand je fus rentrée, je découvris mes parents et mon frère attablés, l'air grave. Ma mère se leva aussitôt pour me prendre dans ses bras, et j'aperçus les mines colériques de Jordan et papa. Je pleurais encore plus dans les bras de ma mère, j'étais à bout de nerfs. 

-Jordan a été renvoyé, tu dois  le savoir. On va le mettre dans le lycée de la ville d'à coté, déclara mon père alors que je m'asseyais à coté de mon jumeau qui me serra la main. 

-Et je veux que tu y ailles aussi, ajouta ma mère, les larmes aux yeux. Je ne veux pas que tu retournes dans ce lycée d'imbécile. 

Visiblement, cette histoire avait beaucoup touchée ma petite maman aussi... Et c'est un soupir de soulagement qui s'échappa de ma bouche lorsqu'elle me l'annonça. 

-Tant mieux, car je ne veux plus y remettre un pied, avouai-je en essuyant mes larmes. 

Mon père claqua des mains:

-Parfait, la décision est prise, on vous inscrit là bas, tout les deux. 

Je pensais à Noemie, à Bastien. J'étais triste, mais cette histoire resterait gravé dans la mémoire de tous, et je ne pourrais faire face à cela. 

Après quelques autres paroles échangées avec nos parents, Jordan et moi montâmes rejoindre nos chambres respectives. 

-Je sais que ce n'était pas toi sur les photos. Je sais que c'est cette garce et ce vieux con qui ont fait le coup. Tu ne mérites pas ça petite soeur, me dit-il en me serrant dans ses bras. 

Il avait été l'un des premiers à me dire de me méfier d'eux... Désormais, j'écouterais toujours mon jumeau. Je m'écartais brutalement de lui:

-Mais... Et ta copine?? La fille, la petite blonde? Tu ne vas plus la revoir à cause de moi! 

Il éclata de rire face à mon affolement:

-On change juste de lycée, pas de ville. En plus, elle habite à 3 rues d'ici, je pourrais toujours la voir autant. 

Je lui souris, heureuse de l'avoir dans n'importe quelles circonstances avec moi. On allait prendre un nouveau départ, ensemble.   


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