Chapitre 25

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La bibliothèque semblait déserte. 

A la fin des cours, j'avais filé incognito pour aller chercher 2 sandwich. La résolution était prise : Aujourd'hui je DOIS passer du temps avec Noemie, s'en est vital. 

Mais il n'y avait personne. D'ordinaire, il y a toujours quelqu'un qui vient manger ici en finissant un devoir ou pour utiliser la connexion internet des ordinateurs.

Noemie n'était pas assise à son bureau, et pourtant elle travaillait, le bazar apparaissant dans son coin de travail en était la preuve. Elle devait donc être dans un rayon ou dans la réserve/archives (car cette petite pièce arrive à faire les 2 à la fois). Je parcourais les rayons aux alentours, avant de me résoudre d'aller dans la réserve (pièce normalement interdite aux élèves). Elle se trouvait dans le fin fond de la bibliothèque, à l'opposé de l'entrée. 

J'avais l'impression de faire trop de bruit, seule dans cette grande salle toute calme. Et pourtant, non loin des romans historiques (bah oui, à force d'aider Noemie à ranger, on connait les rayons), j'entendis des murmures, et un petit rire me parvint aux oreilles. Cependant, je ne reconnus pas la voix de mon amie. 

-On peut pas faire ça, murmura une voix masculine. 

Je ne compris pas la réponse de l'autre personne, mais elle fut prononcée sur un ton aguicheur, que je ne connaissais que trop bien. 

J'arrivais au bout du rayon, me retrouvant soudainement nez à nez avec Jenna, la main posée sur le torse de... Carter. J'eus du mal à ne pas faire attention aux picotements que je ressentais dans les yeux. Le sourire que Carter affichait juste avant mon arrivée s'effaça aussitôt qu'il m'aperçus. Il ouvrit la bouche mais je le devançai:

-On est dans une bibliothèque, les rendez-vous papouilles c'est à l'extérieur du lycée. 

Je ne voulais pas perdre le peu de dignité que j'avais réussi à rassemble en restant planté devant eux comme une idiote. Jenna me regarda passer à coté d'eux avec un regard de félin que Carter ne vit pas. Je continuai d'avancer jusqu'à la réserve, sans me laisser adoucir par les appels de Carter. Je ne me savais pas jalouse, mais je ne voulais pas en savoir plus sur ce qu'il faisait avec elle. 

Je refermai la porte derrière moi, et soupirai un bon coup. 

-Flora ? 

Noemie se tenait à quelques pas de moi, une liasse de papier à la main. Autour d'elle, plusieurs étagères blanches avec des centaines de classeurs rangés les uns à coté des autres. A mes pieds, des dizaines de cartons remplis de livres, certains vieux, d'autres l'air neuf. 

-Flora? Tu vas bien? répéta t-elle en posant ce qu'elle tenait dans la main. 

-Je... Je suis tellement désolée, articulai-je en rougissant. 

Elle s'approcha de moi et me fit asseoir contre la porte. Elle s'installa à ma droite et me demanda de tout lui raconter ce qu'elle avait manqué. Quand j'eus fini mon récit, elle me sourit avec enthousiasme:

-Je ne t'en veux pas, Flo. On est jeune, on fait des erreurs. Mais ne me laisse plus dans l'ignorance: ta vie est bien trop remplie en ce moment pour rater tout ça. 

Elle ponctua sa phrase d'un clin d'œil et un rire m'échappa. Ça faisait du bien de se retrouver. 

-Qu'est ce que je dois faire pour Carter ? lui demandai-je, prise de doute. 

Je me passais la main sur le visage, comme si ça effacerait tout mes conflits. Mon regard se perdit dans la contemplation d'un carton tandis que Noemie parlait:

-Je ne peux pas te dire à qui tu dois faire confiance, je ne peux pas juger à ta place. C'est à toi de choisir s'il en vaut la peine ou pas... Je suis vraiment désolée, mais je ne peux pas te dire quoi faire au risque de faire ton malheur. 

J'approuvais de la tête, consciente qu'elle a raison. 

-Alors ton amitié avec ces filles est déjà terminé ? m'interrogea la bibliothécaire, le regard inquiet. 

Je détournais le regard, la honte m'envahissant. C'est vrai que si c'était fini, je n'avais pas fait long feu à leur coté.

-Je...je sais pas trop. Jenna me déteste, et ça depuis le début, je m'en doutais. Madison, je ne saurais pas dire... Elle a des périodes de gentillesse, comme de méchanceté. C'est dur de comprendre ce qu'elle ressent. Mais Théa, elle, me parle toujours. Elle est vraiment adorable, elle n'est pas fourbe ou mesquine. Donc je ne sais pas trop. Je fais encore à moitié partie de leur groupe disons. Tout ça à cause de Jenna qui ne lâche pas Carter...

Noemie se releva, me tendant la main :

-Résous d'abord ton problème avec Carter. Si Madison et Théa continuent de te parler, Jenna devra s'y faire. Elle finira par t'accepter avec tout ce qui implique, dont ta relation avec Carter. 

Je lui souris, et la serrais dans mes bras. Elle avait vraiment des conseils merveilleux, je m'en voulais de ne pas être une si bonne amie avec elle. 

Elle attrapa la liasse de papier déposé plus tôt. Elle ouvrit la porte, et je jetais un coup d'œil dehors. Plus aucun signe des deux autres. Bien. 

-Je dois te laisser maintenant. Je devais apporter ça à la secrétaire il y a déjà plus de 10 minutes, m'avoua t-elle en riant. 

-Oh, j'avais ramené des sandwichs! m'écriai-je soudainement en les sortant de mon sac. 

Elle m'adressa un grand sourire :

-Tu n'as qu'à m'attendre, j'en ai pour 5 minutes. 

-Au fait, j'adore ton nouveau pantalon! Il moule très bien tes petites fesses! m'écriai-je en riant alors qu'elle s'élançait en courant dans les allées. 

Avant, jamais je n'aurais dis quelque chose du genre. Comme quoi, passer du temps avec nos amis influence notre comportement. 

*******

A la fin de la dernière heure, je fus rejointe par Bastien à mon casier. Il m'adressa un petit sourire qui, malheureusement, me fit chavirer le cœur. Mais à quoi je jouais? Je n'étais pas en couple avec lui, je le connaissais à peine. Et pourtant, il me faisait plus d'effet que mon propre copain, qui m'en faisait déjà pas mal...

-Tu rentres à pied? Je peux te déposer sinon, me proposa t-il alors que je refermai mon casier. 

Je croisais son regard vert, et lui répondis:

-Non, merci. Mon père me récupère. 

Il haussa les épaules, et par dessus, je vis Carter qui s'avançais dans notre direction, depuis l'autre bout du couloir. 

J'adressais un bref sourire à Bastien : 

-Je suis désolée, je dois filer, on se voit plus tard! 

Il se retourna pour voir la cause de ma fuite, mais je n'eus pas le temps de voir sa réaction car j'étais déjà loin, très loin. Je rejoignis la voiture de mon père presque en courant, où mon frère était déjà installé. 

Aujourd'hui, il ne chercha pas mon regard dans le rétroviseur. Ça me blessa, et je sentis les larmes montaient. Je ne supportais pas cette situation. Mon père le savait bien, il ne posa d'ailleurs aucune question pour ne pas nous mettre mal à l'aise. 

Je voulais faire la paix avec. Je passais la main droite par dessus le siège et me mit à caresser ses cheveux à la base de sa nuque. Il avait toujours aimé qu'on caresse ses cheveux, et en particulier à cet endroit. Etant petit, ça l'aidait à s'endormir. Au bout d'un moment, son bras se leva, et sa main vint se poser sur la mienne. Son pouce se mit a décrire des cercles sur le dos de ma main, et je pus enfin soulager la pression qu'exerçait notre dispute sur moi depuis quelques jours. 

Another Me Où les histoires vivent. Découvrez maintenant