Pour la vérité

Chapitre 2

- July ? Qu'est-ce qu'elle a à voir là-dedans ?

- C'est ta sœur qui m'a tout raconté depuis le début.

- Pourquoi ?

Ethan me fit alors le récit de sa journée où il était allé au lycée le lendemain de notre fête d'anniversaire. Le lendemain du drame, sans savoir ce qu'il s'était passé durant la nuit, il avait été sur notre banc fétiche où nous nous retrouvions tous les jours, tous les neufs. Il me raconta que Megan et Annabeth arrivèrent ensemble, main dans la main – chaque matin, on ne savait pas à quoi s'attendre, s'étaient-elles une fois de plus séparées la veille avant de se rabibocher au bout de quelques heures ? Puis Jay et Théo arrivèrent aussi. Gwen s'impatientait de ne pas voir arriver Kyle, il était en retard, encore. Mais c'était assez habituel.

Ils nous avaient attendus, Matt et moi jusqu'à ce que la cloche retentisse, sonnant le début du premier cours.

- J'ai d'abord cru que vous aviez séché les cours pour vous bécoter en cachette je ne sais où.

Je baissais les yeux, les joues en feu. Ce n'était arrivé que deux fois. Après les vacances passées loin l'un de l'autre, nous séchions les cours de la première journée pour regagner notre cabane.

- Mais je trouvais ça louche, continua-t-il, parce que lorsque tu ne viens pas en cours, généralement tu me préviens. Tu m'envoies toujours au moins un texto.

Pendue à ses lèvres, je hochai la tête pour acquiescer.

- Je suis resté un moment assis avec mon portable à la main à attendre. Les autres étaient partis et comme mon cours était largement entamé, j'ai encore attendu dehors. Je crois que July m'a vu à un moment mais pas moi. Pas avant qu'elle ne s'assoit à côté de moi et qu'elle ne me parle. Elle m'a demandé si ça allait et j'ai posé la même question à ton sujet. Tu ne répondais pas à ton portable, ni aux appels, ni aux messages et je commençait à m'inquiéter. Ta sœur me parlait mais j'ai réellement cru à une blague, vraiment nulle d'ailleurs. Le pont, tout ça, ça me paraissait invraisemblable à moi aussi.

Il soupira et son visage se tordait, revivre ce moment semblait le faire souffrir.

- A l'heure suivante, je suis rentré dans le lycée pour aller à mon prochain cours mais tous les élèves étaient dans le hall en silence. Le proviseur était là et il avait l'air de faire un discours officiel. En cherchant les copains dans la foule, je suis tombé sur Megan et Anna qui pleuraient dans les bras l'une de l'autre. Je ne comprenais rien. Jay a posé la main sur mon épaule avec un truc du genre ''Putain mec...''. Ses yeux brillaient à lui aussi. Puis après en me concentrant sur ce que disait le proviseur, j'ai compris. J'ai compris que ce que m'avait annoncé July était vrai en fait. Après je sais plus, tout est flou...

Je remarquais que sa voix était devenue de plus en plus tremblante, j'étais sur le point de craquer moi aussi. Instinctivement, je pris Ethan dans mes bras et presque aussitôt, il craqua.

Durant tout ce temps, je n'avais absolument pas pensé à ce que pouvaient vivre mes amis, à quel point cette situation devait être dure pour eux aussi finalement.

*

Après m'avoir longtemps harcelée, j'ai accepté de sortir avec Ethan.

C'était la première fois que je remettais un pied dehors et c'était dur.

Je compris très vite que toute la ville était au courant pour Matt. Je me doutais que beaucoup de personne le savait, mais j'étais loin du compte. L'histoire de Matt semblait être taboue, mais pourtant les gens ne pouvaient s'empêcher d'en parler et de murmurer à mon passage.

Mal à l'aise, mes mains devenaient moites et tremblantes.

- Ignore-les, me conseilla Ethan.

- C'est facile pour toi.

- Pourquoi ce ne serait pas dur pour moi aussi ? J'ai perdu mon meilleur ami !

Je pouvais sentir la colère dans sa voix.

- Au lycée, j'ai eu droit à la même chose pendant deux semaines. Sans un seul jour de répit !

- Je suis désolée...

- Ça va, dit-il en semblant s'être calmé.

Nous avions marché un bon moment sans réel but.

Arrivés finalement devant notre lycée,c'est naturellement que nous nous sommes assis sur le fameux banc. Me voyant froncer les sourcils, Ethan m'expliqua

- On est dimanche. 

- Bien-sûr, dis-je décontenancée.

J'avais complètement perdu la notion du temps.

Sortir après tout ces jours restée enfermée dans ma chambre me faisait le plus grand bien. Mes poumons se remplissaient douloureusement comme si ils n'étaient plus habitués à recevoir de l'air frais.

Au bout d'un moment, Ethan reprit la parole.

- Comment comptes-tu t'y prendre alors ?

- Pour faire quoi ?

- Pour en savoir plus sur le...sur Matt.

- Je n'en ai pas la moindre idée pour l'instant, mais m'aideras-tu ?

- Bien-sûr, j'en parlerais aux autres demain.

- Non, m'empressai-je d'ajouter, ne dis rien. Ça restera entre nous si tu veux bien.