Chapitre 8

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Nous restâmes sans parler, ni bouger pendant un petit moment.

Que faire de cette information ?

- On la dénonce ? suggéra ma sœur.

- A quoi ça nous mène ?

Je m'assis sur le banc, l'esprit embrumé par tant de questions qui demeuraient sans réponse.

- Non mais tu rigoles ? s'emporta-t-elle. On a la preuve sous les yeux que c'est elle qui a tué Matt !

- Ça ne veut rien dire July.

- Bon, je m'en charge, finit-elle par dire en refermant le casier, après avoir tout remit à sa place.

- Tu laisses tout ça là ?

- Oui, on va lui tendre un piège, elle ne sait pas ce qui lui attend crois-moi.

- Tu m'expliques ?

- Dans la voiture, aller viens.

Elle me prit la main et m'entraîna à sa suite dans les couloirs. J'étais soulagée de faire le trajet de retour, ce gymnase avait une ambiance oppressante et effrayante de nuit.

Le chemin jusqu'à la maison se fit en silence. A vrai dire, je ne savais pas quoi dire, je me posais bien trop de question. Annabeth aurait-elle pu faire ça pour un simple poste de capitaine ? Ça me semblait absurde. Mais après tout, je ne la connaissais pas et je ne savais pas de quoi elle était capable pour obtenir ce qu'elle voulait.

July ralentit la vitesse de la voiture en arrivant dans notre rue. Nous devions être les plus discrètes possibles.

La lumière du salon était allumée, nous étions fichues.

Ma sœur jura.

- Je suis sûre que c'est papa, il ne dort plus beaucoup ces temps-ci.

Je n'avais absolument pas remarqué.

Mes problèmes m'avaient complètement fait oublier mon entourage. Autant mes amis que ma famille. Je culpabilisais un peu. Sans doute que ses insomnies étaient liées au décès de Matt et à tout ce qui s'en était suivi.

- On va passer par derrière, renchérit July.

- Tu as l'air d'avoir fait le mur de nombreuses fois avant ça, la taquinais-je.

- Je suis démasquée !

Elle souriait malicieusement.

Lorsque j'essayais d'ouvrir la porte derrière la maison qui menait au jardin,j'informais immédiatement que nous allions nous faire tuer par nos parents car la porte était fermée à clé.

- Mais non t'inquiètes pas, me rassura-t-elle.

Elle se dirigea vers le lierre qui grimpait le long de la maison et s'y agrippa. Je la regardais grimper jusqu'à la fenêtre de sa chambre avec une telle aisance, j'étais épatée et convaincue que je n'arriverais pas à en faire de même.

Je comprenais mieux maintenant pourquoi elle n'avait jamais accepté que mon père se débarrasse de cette foutue plante grimpante. 

Arrivée dans sa chambre,elle passa la tête par la fenêtre.

- A ton tour ! Tu vas voir, c'est beaucoup plus facile que ça n'en a l'air.

- Bien-sûr, soufflai-je.

J'hésitais un petit moment avant de finalement me lancer. Elle se fichait de moi en disant que c'était facile ? Je manquais de tomber à plusieurs reprises.

Le cœur battant à tout rompre, j'arrivais enfin à sa hauteur.

- Je ne referais plus jamais ça, la prévins-je.


*


Le lendemain, durant la journée de cours, j'évitais tout le monde. Et apparemment, ils m'évitaient tous également.

Depuis plusieurs jours, j'avais l'impression de ne plus voir mes amis. Je passais mes journées entières avec ma sœur.  

Cette dernière me rejoignit justement alors que je récupérais l'un de mes bouquins dans mon casier.

- J'ai hâte de voir la tête d'Anna ! s'exclama-t-elle.

- De quoi tu parles ?

- J'ai passé un coup de fil au coach, m'expliqua-t-elle.

Je refermais mon casier et je la regardais, abasourdie.

- Tu as fais quoi ?

- Oui et au cas où, j'ai aussi appelée la police.

- Qu'est-ce que ça leur importe ?

- J'ai peut-être évoqué une sorte de trafic qui se déroule dans le lycée.

A peine eut-elle finit sa phrase que le proviseur ainsi que le coach, accompagnés de deux policiers arrivèrent dans le couloir. Le proviseur annonça à tout le monde qu'une fouille allait être effectuée et donc que nous devions tous nous éloignés de nos casiers.

- On devrait aller au gymnase pour être au cœur de l'action, suggéra July.

Je ne pus m'empêcher de rire légèrement. Si Annabeth était effectivement liée de près ou de loin à ce qui était arrivé à Matt, elle méritait ce qui allait se passer.

Nous nous dirigions le plus discrètement possible vers le bout du couloir pour rejoindre la piscine donc lorsque j'aperçus Jayden, pratiquement caché derrière une porte.

Lui qui était constamment souriant et plein d'énergie ne semblait pas lui-même.Son teint était blême et je pouvais voir d'où j'étais, de la sueur perler sur son front.

- Vas-y, je te rejoins tout de suite, proposai-je à ma sœur.

Elle haussa les épaules et s'en alla.

Je me rapprochais de mon ami, qui devenait de plus en plus pâle.

- Jay, tu vas bien ? demandai-je inquiète.

Il sursauta à ma question, comme si il ne m'avait pas vue jusqu'à présent. Son regard avait du mal à rester fixe et ses yeux étaient cernés.

- Je suis fichu, souffla-t-il de manière presque inaudible, ils vont la trouver.

- Tu n'as pas de soucis à te faire, dis-je en me rapprochant de lui.

Il eut un mouvement de recul, effrayé tandis que ses yeux s'embuaient de larmes.

- Pardon Cat... Je suis tellement désolé...

- Je ne comprends pas Jayden.

- Je ne savais pas ce qui allait se passer, je te le promets.

- Attends, ralentis, je ne comprends vraiment pas ce que tu racontes.

- Quand il m'a demandé de l'emmener au pont Margaret, continua-t-il en parlant toujours aussi vite, il m'a aussi dit qu'il avait un rendez-vous. J'étais loin d'imaginer qu'il allait se suicider... Je regrette tellement...

Je compris enfin de quoi il parlait. Il était en train de m'avouer que c'était lui qui avait accompagné Matt ce fameux soir.  

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