Lexa entra silencieusement dans la chambre de Costia. Cette dernière allait encore plus mal. Elle était encore plus faible, encore plus pâle. La Commandante s'assit sur le lit, et caressa la joue brûlante de la jeune femme. « Tu seras bientôt guérie, je te le promets. » murmura-t-elle, confiante. Anya lui avait tout dit, lui avait donné des preuves. Elle n'avait plus qu'à ramener l'antidote.
La jeune femme se releva. Elle dé-clipsa sa cape et la posa sur un fauteuil. Soulevant les couvertures aux côtés de la guerrière, elle s'y glissa, et les rabattit sur son corps. Elle se cala confortablement, passant un bras autour du ventre de Costia, posa sa tête sur son épaule et s'endormit ainsi.
Au matin, en se réveillant, elle déposa un baiser dans le cou de Costia, comme si elles étaient réellement ensemble, puis se leva et partit, la laissant aux soins des guérisseurs de retour.
Quand Anya la vit arriver dans la salle du trône, elle haussa un sourcil surpris : « Tu as l'air... reposée.
-J'ai bien dormi. » sourit Lexa. Anya sourit, puis Lexa s'assit sur son trône et lui fit signe qu'elle l'écoutait. « Bien. Nous n'avons aucune idée de qui a pu les empoisonner, et celui qui l'a fait doit être loin. Mais nous savons que c'est la Nation des Glaces. Leur motif reste un mystère.
-Comment sauver Costia ?
-La Nation des Glaces a un poison favori.
-Oui. C'est vrai. Dis aux guérisseurs de confectionner l'antidote et de le lui administrer. »
Ce n'était pas un mystère. La Nation des Glaces était arrogante. Ils aimaient signer leurs meurtres. Et c'était ce qui sauverait Costia.
« Alors comme ça, c'est à la grande Commandante Lexa que je dois la vie ? »
La voix était ironique, sarcastique et douce, réconfortante. Lexa se retourna, un grand sourire aux lèvres. Costia se tenait juste derrière elle, les bras croisés. Elle était encore un peu pâle, ses traits encore un peu tirés, mais elle avait récupéré son expression maligne et ses yeux pétillants. Elle s'était remise à une vitesse incroyable. A peine trois jours et elle marchait, et venait la taquiner avec son grade. « Je dois t'appeler Heda tout le temps ? Oh, pardon, Votre Altesse... » fit-elle en s'inclinant. Lexa éclata de rire, et répliqua avec une courbette : « Vos excuses sont acceptées, dame Costia.
-Ah non, pas de ça !
-Tu l'as cherché ! »
Costia tira la langue à Lexa. Puis celle-ci resta stupéfaite quand elle se précipita sur elle pour l'enlacer avec force. Elle finit par resserrer ses bras autour du corps svelte de la jeune femme, qui murmura : « Merci.
-Je ne t'aurai pas laissé mourir. » répliqua avec ferveur Lexa. Costia finit par se dégager de son étreinte, et la rougeur sur ses joues n'était pas due à la chaleur. Elle alla s'asseoir dans un fauteuil des appartements de Lexa, et lui adressa un coup d'œil guilleret : « Commandante, hein ?
-Réjouis-toi, ce n'est pas toi qui a été choisie...
-Mais je m'en réjouis, crois-moi ! Alors, je fais quoi moi ? J'ai besoin de m'occuper, je m'ennuie sérieusement.
-Tu me conseilles.
-Hm ?
-Anya est la Chef des Armées. Je veux que tu restes près de moi.
-Lexa, je suis guérie !
-Je sais. Mais je veux t'avoir à mes côtés.
-La seule chose que je te demande de toute ma vie, tu me la refuses ?!
-Oui.
-Mais pourquoi ?!
-Parce que je ne supporterais pas de t'avoir loin de moi !
-Un jour ou l'autre il faudra que tu t'habitues à ce que je ne sois plus là.
-Qu'est-ce que tu veux dire ?
-Que je... Qu'on...
-Costia, il est hors de question que je te perde !
-Mais tu ne me perdras pas ! Je veux juste que... Tu connais la Nation des Glaces ! On est en guerre avec eux depuis... combien de temps déjà ? Longtemps, même avant notre naissance. Tant qu'on sera en guerre, toi comme moi on risque de se faire empoisonner – encore pour moi – ou trancher la gorge dans notre sommeil !
-Raison de plus pour te garder avec moi.
-Parce que tu crois que ça les empêchera de me tuer ?!
-Non. Mais je serais avec toi jusqu'au bout.
-Lexa, qu'est-ce que tu- »
Lexa en eut assez. Elle interrompit Costia, qui s'était levée, s'approchant d'elle en gesticulant au fur et à mesure de la discussion. Elle l'interrompit de la seule façon qui lui vint à l'esprit, de la pire ou de la meilleure, mais de telle façon à ce qu'elle comprenne. En deux pas, elle fut sur Costia, prenant son visage entre ses mains et l'embrassant avec force.
Costia resta stoïque quelques millièmes de secondes, le temps de comprendre, d'y croire. Elle était amoureuse de Lexa depuis toujours. Depuis qu'elle avait commencé à s'intéresser aux garçons, puis aux filles quand elle s'était rendue compte que les garçons n'étaient pas pour elle. De toutes les personnes qu'elle avait rencontrées, il n'y en avait jamais eu qu'une qui avait vraiment fait battre son cœur. Lexa. Elle avait été trop timide pour le lui dire, alors elle avait essayé de s'éloigner d'elle en la traitant comme une... comme une... comme une merde, c'était le mot, et au final ça n'avait servi à rien. Elle avait essayé de l'oublier, et avait échoué. Quand elles étaient revenues, quand elles s'étaient revues après quatre ans de séparation, Costia avait à nouveau ressenti cette émotion, cette poigne qui tordait son cœur quand elle la voyait, et elle avait été à nouveau subjuguée par Lexa. Parce qu'elle était magnifique, intelligente, forte. Parce qu'elle l'est toujours.
Costia n'hésita même pas. Elle répondit avec ardeur au baiser de Lexa, posant ses mains sur ses hanches. C'était ce dont elle avait toujours rêvé et là... Et là, Lexa lui avouait texto qu'elle l'aimait.
Les lèvres des deux jeunes femmes se décrochèrent enfin, et elles se regardèrent, haletantes. Elles virent la peur dans le regard de l'autre, la peur que l'autre lui dise que ce baiser ne signifiait rien. Costia brisa le silence en murmurant : « Je t'aime. » Sa voix recelait cette peur, mais aussi cette fierté indomptable qui faisait d'elle ce que Lexa aimait. « Je t'aime. » répondit la brunette, rassurée et rassurante. Costia sourit, et tendit le cou pour l'embrasser à nouveau. Elles passèrent la nuit à s'embrasser, échanger des mots doux, profiter de leur bonheur, jusqu'à ce que Costia s'endorme, blottie dans les bras de Lexa, qui ne tarda pas à la suivre dans le sommeil, chuchotant une dernière fois : « Je t'aime, Costia. »