《 Help me ! 》

33 : bad.

"Ne vous demandez pas pourquoi les gens deviennent fous. Demandez vous pourquoi ils ne le deviennent pas. Devant tout ce qu'on peut perdre en un jour, en un instant.. Demandez vous ce qui fait qu'on tienne le coup.. "  - Grey's Anatomy.

Londres est une des villes les plus visités au monde. Chaque année elle reçoit des millions de touristes et les satisfait avec ses différents monuments connus, ses musées ou encore ses places. Chaque jour, des rires retentissent dans ses rues, des pleurs se font entendrent sur ses places, et certains sourires se tracent dans ses cafés. Chaque mois, il y a trois morts en moyennes, des couples qui se cassent et des nouveaux nés.

Aujourd'hui, dans une villa un peu reculé de la ville c'est la peur qui s'est invitée. Chelsea entre et aperçoit rapidement son frère, son poing droit en sang, les sourcils froncés et le visage rouge. Un trou est formé dans un des murs du salon. Chelsea ferme les yeux, et demande doucement de sa voix frêle et tremblante :

- Calme toi, Louis s'il te plaît. Il la regarde enfin. Elle voit la poitrine de celui-ci bougeant fortement sous son tee-shirt. Elle tremble en s'approchant timidement. Qu'est ce qu'il se passe ?

- Ce qu'il se passe ? Il hurle en retour, sa voix cassé la rendant encore plus portante dans la pièce.

Chelsea aurait preferé retourner dans les bras de Niall et faire comme si il n'y avait rien, comme si Louis était bien. Mais ce n'est pas possible, elle le sait plus que n'importe qui, qu'il n'y a aucun "bouton retour" dans la vie. Elle doit affronter le moment qu'elle a toujours appréhendé. Et même si elle n'est pas prête, c'est maintenant qu'elle va devoir tout assumer, tout subir, tout révéler, s'en prendre plein la tête sans trop flancher pour ne pas être trop faible non plus, puis survivre le temps qu'il faudra.

Son mensonge a duré trois ans, elle n'est plus à une minute près maintenant. Elle s'en fout. Elle a Niall.

- Viens, je vais te nettoyer ça, elle inspire fortement.

- Non. La fermeté de sa voix fait reculer la jeune femme du pas qu'elle avait fait.

Il respire fort, sa poitrine se lève de haut en bas rapidement, ses veines sont ressortis au niveau de son cou. Ses yeux sont rougis, mais Chelsea a l'habitude. Il pleure en étant énervé. C'est stupide de se dire qu'à partir d'un mensonge tout peut dégénérer et rendre des vies différentes, peut-être à tout jamais.

- Louis, s'il te plaît, elle retente plus sûr d'elle cette fois-ci. Laisse moi te nettoyer la main et ensuite on parlera okay ?

Il grogne en réponse mais part tout de même en direction de la salle de bain à l'étage. Ses pas lourds se font entendrent, comme si il y mettait toute sa colère. Chelsea soupire de soulagement en le voyant se diriger vers la pièce. Elle le suit.

Dans la salle de bain, Louis est assis sur le rebord de la baignoire, ses pieds à l'intérieur de celle-ci. Sa tête est posée dans ses mains et il la relève quand sa soeur entre. Le sang coulant de sa main tâche le fond de la baignoire alors que Chelsea, la trousse de secours dans une main, passe à son tour ses deux pieds à l'intérieur. Elle s'assoit en face de Louis. Il la regarde, elle n'ose pas vraiment.

Elle ne sait pas ce qu'il sait vraiment après tout. Niall n'a pas eu le temps de lui dire, vu la vitesse à laquelle elle a couru à l'intérieur. Mais la main de son frère est la preuve que c'est mauvais. Très mauvais.

Elle attrape avec prudence la main ensanglantée du brun qui grogne lorsqu'elle passe un coton avec de l'alcool dessus. C'est ce moment là qu'elle choisit pour relever ses yeux vers lui. Ses prunelles bleus rencontre les siens, il la regarde depuis le début. Elle baisse vite le regard, prétextant devoir s'occuper de sa main blessée.

Le problème avec Louis, et d'ailleurs c'est pareil pour toutes les personnes dans le même cas, c'est qu'il connait parfaitement les faiblesses de sa soeur. Il sait où taper pour que ça blesse et qu'elle s'en souvienne. Il sait quoi dire si il veut que tout dérape.

- Tu n'aurais pas dû taper dans ce foutu mur, elle lance dans un murmure. Je pensais que tu avais arrêté cette mauvaise habitude.

Il ne dit rien. Il se contente de l'observer fixement. Il suit chaqu'un de ses mouvements. Parfois, il grimace. Il ne sait pas raté ; sa main est bien blessée.

- Les mauvaises habitudes sont faites pour refaire surface, il répond finalement. Un peu comme les personnes qu'on aimerait oublier, ceux qu'on aimerait ne plus revoir. Un peu comme avec la cigarette lors d'une soirée entre amis qui refait forcément son chemin vers ta bouche. Ou bien encore l'alcool, dont la bouteille doit passer sous ton nez pour te tenter. Chelsea le regarde, un instant. Ou comme les mensonges, mais ça tu connais, il siffle la regardant dans le blanc des yeux.

Et voilà. La bombe. La claque qu'elle attendait mais qu'elle aurait préféré se prendre physiquement plutôt que émotionnellement. Ses prunelles sont instinctivement tombées au sol et se sont embrumées de petites gouttes d'eaux salées pas prévus au départ pour pleurer. Elle a beau se dire "tu dois être forte", "t'es pas là pour fondre en larmes", ou encore s'insultait mentalement pour se faire réagir, rien ne marche. Ses yeux se remplissent de plus en plus et bientôt elle ne pourra plus en retenir aucune.

Faiblement, elle termine de recouvrir la main de son frère d'un bandage. Et rapidement,  elle passe une puis deux jambes par dessus le rebord de la baignoire et elle quitte la pièce sans relever son regard, sans se risquer à rencontrer ses yeux bleus également qui pourrait la faire fondre en une seconde et laisser les gouttelettes d'eaux présentes dans ses prunelles se déverser.

Son problème, c'est qu'elle n'est pas assez forte devant les personnes qui la connaissent bien. Elle, elle ne sait pas où taper, parce-qu'elle a peur de trop faire mal. Ça a toujours été sa plus grande faiblesse, et cela dans les plus grands moments de sa vie. Que ce soit à l'école quand il faut se défendre, ou bien dans la rue quand on te bouscule un peu trop fortement. Elle, elle renferme ses cris, au lieu de te les balancer à la figure. C'est mauvais, mais elle fait partie de ces personnes timides et faibles en quelques sortes.

Louis respire fortement dès que l'ombre de Chelsea a quitté la pièce. Il respire, inspire puis jure. Silencieusement et dans sa barbe. Il a envie d'hurler mais il se retient. Chelsea a raison, son coup au mur a fait de violents dégâts à sa main.

Il aurait dû vraiment se tenir à arrêter cette chose stupide.

Mais la rechute, il n'y peut rien. On n'y peut rien si parfois on est plus faibles qu'à d'autres moments. Il se relève à l'aide de ses mains et sort de la grande baignoire. Elle est tachée un peu partout de son sang. Il soupire en attrapant le robinet et en rinçant rapidement ces imbécilités. Si il veut réussir à parler avec sa soeur et a avoir des explications il faut qu'il parvienne à tout prix à rester calme.

Et ça, c'est peine perdue mon p'tit gars..

Tout serait tellement plus simple dans la vie, si l'on pouvait comme dans cette baignoire, en une fraction de seconde et en un jet d'eau tout effacer, tout oublier. Mais non, la vie est plus complexe que ça et il faut jouer avec ses règles si on ne veut pas trop l'énerver.

En bas, il retrouve sa soeur entrain de nettoyer le sol où quelques gouttes de son sang jonchés. Ses longs cheveux blonds cache son visage de jeune fille toute frêle. Louis sait pourtant la tête qu'elle tire.

Il sait qu'elle a peur, qu'elle est triste, angoissée, terrorisée, maladroite et peut-être un peu désorientée dans ses pensées -et c'est connu que cela est rare. Il peut parier sa carte banquaire qu'elle retient ses larmes, et que son coeur bat fort, tellement fort que ça la terrorise que plus.

C'est dingue de se dire qu'on peut être énerver contre les personnes que nous aimons le plus, chérissons comme nous pouvons, et en qui nous avons une confiance au delà de "la confiance aveugle".

Ce qui est le plus dingue c'est de s'attaquer à eux aussi violemment, et comme on ne l'a jamais fait pour n'importe qui d'autre..

- On doit parler. Maintenant, il enchaîne sévèrement.