Jusqu'à ce que la mort nous sépare...

Chapitre 1: Un nouveau départ

    La journée s'annonçait mauvaise. Une fine pluie tombait depuis la veille et Maa pouvait entendre les petites gouttes s'écraser sur les vitres de sa fenêtre. La jeune fille ouvrit lentement les yeux. Il faisait encore nuit mais elle savait que l'aube n'allait pas tarder à poindre et c'est à ce moment là que commencerait sa première journée dans son nouveau lycée. A cette pensée, elle se tourna une nouvelle fois dans son lit pour tenter de se rendormir mais l'angoisse de la journée à venir la tenait fermement éveillée.

    Elle resta longuement dans le noir à chasser les mauvaises pensées qui l'accaparaient. Elle connaissait bien cette angoisse, c'était la même qu'elle avait ressentit avant de rentrer en seconde dans le même lycée que sa mère l'année dernière. La jeune fille ressentait toujours la même peur lorsqu'elle devait rencontrer de nouveaux visages : la peur du jugement. Qu'on la juge sans la connaitre, simplement en se fiant à son apparence. Elle n'était pas particulièrement effrayante mais malheureusement pour elle, Maa avait hérité des cheveux blancs comme neige de sa mère qui lui valaient toutes les moqueries du monde depuis la primaire à la seconde tout du moins.

    Les minutes ou les heures s'écoulèrent lentement tandis que la jeune fille perdait le fil du temps en remuant ses souvenirs. Elle tassa son oreiller afin qu'il soit plus confortable, elle se remémorait l'humiliation devant chaque assemblée d'élèves et de parents, les regards insistants quand on apprenait que c'était naturel et toutes les personnes qui se méfiaient d'elle au premier abord. Pourquoi les gens réagissaient-ils toujours ainsi ? Elle n'était pourtant pas un monstre, tout du moins c'est ce qu'elle espérait. Maa savait qu'elle avait toujours été un peu solitaire et la disparition de sa mère n'avait en rien arrangé les choses. Elle avait l'impression que personne ne pouvait la comprendre. Machinalement, elle se tourna vers son réveil. Il allait sonner dans dix minutes.

    En effet l'aube apparaissait déjà, le temps était passé plus vite que la jeune fille ne le pensait. Doucement, elle sortit de son lit et ouvrit sa fenêtre. L'odeur de la végétation humide pénétra lentement dans sa chambre. Elle escalada le rebord de la fenêtre et posa un pied sur les tuiles froides juste en dessous.  Maa inspira profondément l'air du matin puis avança en prenant garde de ne pas glisser. Elle fit quelques pas et s'installa contre le mur de la cheminée. 

    Dehors, la pluie avait cessé sans qu'elle s'en rende compte et le soleil levant se reflétait dans chaque goutte tombée. Le toit de sa maison était un de ses endroits préféré, surtout le matin. Elle pouvait voir la nature se réveiller sans que personne ne la dérange. Elle fut parcourut par un léger frisson, l'été n'allait pas tarder à laisser place à l'automne et Maa verrait la forêt se teinter de jaune et de rouge.

    Le son mélodieux de son réveil la ramena dans sa chambre où elle commença par s'habiller puis se coiffer. La jeune fille se regarda longuement dans le miroir, elle c'était habillée le plus discrètement possible et avait remit son précieux collier qui ne la quittait d'habitude jamais, à son cou. Ces yeux gris sombres ressortaient légèrement grâce à ses cheveux blancs qu'elle avait ramené en une couette haute, ce qui d'après son père, lui donnait beaucoup de charme. Elle balaya cette pensée absurde de la main et sortit doucement afin de ne déranger personne.

    Le couloir était encore sombre, lorsqu'elle descendit silencieusement les escaliers pour se rendre à la cuisine d'où elle sentait déjà la bonne odeur des tartines grillés que son père devait être en train de préparer. Les marches grincèrent à son passage, trahissant ainsi sa présence dans la maison. Quand Maa entra dans la cuisine, le soleil éclairait timidement la table au centre de la pièce. Christophe se tenait face au grille-pain, une tasse de café à la main. Lorsqu'il l'entendit, il se retourna et sourit à sa fille.

-  Alors ? Bien dormi ma chérie ?  demanda Christophe en approchant sa tasse de ses lèvres.

- Bonjour papa, oui ça va, lui mentit-elle.