Chapitre 1.

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On me disait que j'avais un grand cœur chaleureux ; pourquoi me poser aujourd'hui cette grande stèle de marbre glaciale.

Reis Mirdita.

Le pasteur tourna la tête dans sa direction comme pour l'inviter à le rejoindre afin de prendre à parole. Ce matin-là, elle n'avait pas fait d'effort en s'habillant. Cela faisait une semaine qu'elle avait renoncé à tous efforts. Elle avait enfilé un pull, ce qui était contradictoire étant donné qu'on était en été. Avec ce pull noir elle avait tant bien que mal enfilé un short. Elle n'avait pas eu l'envie de porter des chaussures à quoi bon ? Elle avait donc juste enfilé des chaussettes noires avec un chat dessiné en blanc.

Elle souleva ses mains posées sur ses genoux pour les porter aux barres de fer. Rien que ce geste lui demandait un effort incroyable. Tous ses membres étaient paralysés à cause des médicaments.

-Eli chérie, tu as besoin d'aide ? demanda sa mère de sa voix beaucoup trop doucereuse.

-Ça va !

Elisabeth ne prit pas la peine de regarder sa mère. Ses mains tremblantes firent rouler le fauteuil jusqu'au pasteur, ce qui ne fût pas une mince affaire puisque les roues peinaient à avancer dans la terre. Après ce moment laborieux, elle s'arrêta aux côtés du pasteur. Son regard azur parsemé d'éclat d'or se posa sur le cercueil. Elisabeth déglutit avec difficulté, se racla la gorge et ouvrit la bouche pour commencer à parler, mais ne dit rien. Elle inspira et ouvrit une seconde fois sa bouche.

-Annah... Annah et moi aurions dû être dans l'avion aujourd'hui. On aurait dû partir ensemble à Los Angeles. Je ne dis pas cela pour attirer votre compassion. Beaucoup d'entre nous, ici, avait des projets avec Annah Stevens... Je ne suis pas triste. Je ne suis pas triste car quand tout cela s'est passé j'étais à ses côtés. On chantait du Coldplay, on était heureuse et je sais qu'elle n'a pas eu le temps d'avoir peur ou d'avoir mal...

Elisabeth marqua une pause. Son regard se dirigea sur Christian et Juliet les parents d'Annah.

-Je ne suis pas fâchée non plus... A quoi cela servirait de déverser sa rage sur quelqu'un ou quelque chose ? Je sais parfaitement que cela ne me l'a fera pas revenir. Alors, alors plutôt que de m'énerver, de ruminer, de dire «si seulement, si seulement ». Plutôt que de faire tout cela, je préfère me rappeler qui elle était. La rendre merveilleuse à vos yeux comme elle l'était aux miens avec ces défauts et ces qualités.

Elisabeth se racla la gorge une seconde fois.

-Annah était de ces personnes qui croit en l'Homme. Elle est arrivée dans ma vie, et a été une vraie leçon pour moi...

Elle lâcha un petit rire.

-Mais Annah n'était pas une sainte. Elle détestait qu'on la dérange le matin, pourtant quand j'avais besoin d'elle Annah était toujours disponible peu importe l'heure. Annah détestait quand les gens étaient trop tactiles avec elle, pourtant elle me faisait des câlins sans rechigner, elle passait sa main dans mes cheveux pour me réconforter quand j'en avais besoin. Annah... Annah détestait quand on se disputait, pourtant en toute objectivité, je dois vous avouer que c'est elle qui était toujours la source de nos querelles.

L'assemblée émis un petit rire à son tour. Après une courte pause Elisabeth reprit son discours.

-Annah n'était pas une sainte, c'était un ange. C'est un ange. Ma meilleure amie est entrée trop tard dans ma vie et en est ressortit trop tôt.

Elisabeth regarda une deuxième fois les parents de son amie. La mère d'Annah avait un léger sourire et des larmes coulaient le long de ses joues rougies par la chaleur de la saison.  Elisabeth retourna tant bien que mal parmi la foule. C'était au tour de Maxxi de parler. Maxxi était le jumeau d'Annah, les parents d'Annah avait choisi de clôturer la cérémonie par le discours du frère.

Elisabeth n'avait pas envie d'écouter Maxxi. Elle savait parfaitement que son discours allait être poignant. Tout le monde allait pleurer ou tout du moins la majorité mais Elisabeth allait faire partie de cette minorité dont les larmes ne déferleraient pas sur ses joues. Non pas que cette situation ne l'affectait pas, bien au contraire. C'était juste qu'elle n'y parvenait pas. Depuis l'accident elle n'avait pas pleurer la moindre fois.

Elisabeth aperçut un jeune homme adossé contre un arbre au contre bas de la butte. L'homme était là depuis le début de la cérémonie. Il avait assisté à toute la cérémonie mais de loin, il ne s'était pas approché. Elisabeth descendit la petite colline et s'arrêta à côté d'un banc qui se trouvait face à l'arbre. Un chemin de graviers séparait Elisabeth et le jeune homme. Elle ne s'avança pas plus près. L'homme dévisagea longuement Elisabeth. La peur semblait le submerger au fur et à mesure qu'il la regardait et son corps semblait se contracter un peu plus chaque seconde.

-Pourquoi tu restes aussi loin ?

-Je n'ai aucunes idées de qui est dans le cercueil...

-Ma meilleure amie Annah... Pourquoi t'es là si tu ne la connais pas !

-Je... J'étais venu voir un ancien ami, dit-il en montrant une pierre qui se trouvait quelques mètres derrière lui.

-Et t'as vu un groupe de gens en deuil et tu t'es dit " Oh ! quel beau spectacle, tiens, je vais rester là pour les regarder..."

Il ne dit rien et la seule chose qu'il fit fût de baisser ses yeux ébène.

-Et le voilà maintenant qui se sent con... Comment tu t'appelles ?

-Blake

-Elisabeth !

Blake baissa les yeux une seconde fois.

-Eli chérie, tu vas bien ?

C'était sa mère, elle s'était plantée au milieu de la butte.

-Oui c'est bon. Je vais à la voiture, pas la peine de venir m'aider. Ma mère...

Blake avait profité qu'Elisabeth ait le dos tourné pour s'en aller en direction de la tombe de son ancien ami.


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Love and these little secrets. [En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant